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Alimentation animale : comment formuler des éco-aliments ?

Intégrer des critères environnementaux dans la matrice de formulation permet de construire son propre référentiel et de réaliser des simulations. Mais les professionnels suivent les surcoûts et les risques de déstabilisation de certains marchés en cas de substitutions massives de certaines matières premières.

Anne Paul, spécialiste de la formulation en charge de l’environnement chez CCPA, a présenté en avant première, la manière dont les normes environnementales peuvent être intégrées dans la formulation des aliments lors de la session Aftaa sur les matières premières, le 21 mars (Nantes).
© Yanne Boloh

La nutrition animale prend sa part pour réduire l’empreinte carbone de l’élevage et répondre aux objectifs de la stratégie bas carbone visant -48 % d’ici 2050. Les syndicats professionnels ont notamment formé un groupe de travail (GT), le GT Carbone, qui met en place un guide méthodologique actuellement en test sur le terrain. Il sera diffusé fin juin 2024. Anne Paul, spécialiste de la formulation en charge de l’environnement chez CCPA présentait en avant première, la manière dont les normes environnementales peuvent être intégrées dans la formulation des aliments lors de la session sur les matières premières de l'Aftaa (Association française des techniciens de l'alimentation animale), le 21 mars à Nantes. L’une des clés de la réussite repose entre les mains des filières : pour que ces efforts soient valorisés, elles devront en effet les prendre en compte et dépasser les valeurs « génériques » actuellement appliquées dans leurs outils de mesure de l’empreinte environnementale des élevages (type Cap2ER). 

Des valeurs de références à affiner

Pour débuter dans la démarche, le formulateur doit disposer de valeurs de référence. En l’absence de réalisation d’une analyse de cycle de vie en propre, il utilise les bases de données d’intérêt pour le secteur : d’une part, Ecoalim (issu d’AgriBaLyse) dont la dernière version date de 2023 avec environ 90 matières premières référencées (200 déclinaisons au total) ; d’autre part, celle du Global Feed LCA institute (16 indicateurs d’impact pour 960 références, les principaux produits utilisés en Europe, aux Etats-Unis et au Canada), intéressante pour les matières premières importées. 

« Nous avons besoin d’affiner [les données] notamment pour les prémix et les additifs », souligne Anne Paul. « Pour renseigner les valeurs dans nos matrices de formulation, nous devons connaître l’origine des matières première et ajouter si besoin un impact lié au transport, définir des approximations pour les produits absents des bases de données, sans oublier de conserver une traçabilité de la valeur utilisée ». 

De multiples paramètres à intégrer

Elle souligne qu’avant de chercher à optimiser les formules d'aliments selon le critère GES (gaz à effet de serre), il est important d’évaluer la variabilité dans le temps et sur les impacts de l’optimisation d’un critère sur l’éventuelle dégradation d’autres critères : moins d’acidification et d’eutrophisation mais plus d’occupation des terres pour produire ces matières premières, par exemple. 

Il faut ensuite aller plus loin car toute évolution des formulations peut avoir des conséquences plus globales sur les performances des animaux (croissance, production de lait ou d’œufs mais aussi santé) et sur les quantités ingérées (indice de consommation, temps d’élevage), donc sur les volumes d’achat des matières premières agricoles et les coûts plus largement que la seule formulation.

« Plusieurs stratégies alimentaires sont possibles pour réduire l’impact environnemental de l’élevage », souligne Anne Paul. Il est possible de jouer sur le choix des matières premières, les niveaux nutritionnels, l’ajout d’ingrédients fonctionnels bénéfiques, l’amélioration de la santé digestive et du bien-être des animaux… Mais attention, aller trop loin peut aussi conduire à une déstabilisation d’un marché. 

Lire aussi : "Alimentation animale - Le bien-être animal ne révolutionne pas la consommation de grains"

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