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Acides aminés - Avril se positionne pour reprendre Metex

Comme attendu, le groupe Avril annonce avoir déposé une offre de reprise de l’usine Metex d’Amiens, d’une partie des activités commerciales et de la R&D de l'entreprise.

Jean-Philippe Puig, directeur général du groupe Avril.
© Groupe Avril

Lundi 3 juin, le groupe Avril a déposé auprès des administrateurs judiciaires une offre de reprise de l’activité de l’usine d’Amiens de Metex NØØvistago. En redressement judiciaire depuis le 20 mars 2024, le site fabrique des acides aminés par fermentation, la lysine constituant ses plus gros volumes. 

Lire aussi : "Lysine : lancement d'une procédure antidumping, à la suite de la plainte de Metex"

L’offre porte aussi sur des activités METabolic EXplorer (Metex) : la R&D indispensable à l'exploitation du site d'Amiens, dont certaines activités situées à Saint-Beauzire (Puy-de-Dôme), ainsi que sur les activités commerciales basées à Paris. « Au total 304 emplois sont concernés par l’offre de reprise d’Avril », détaille l’entreprise. L’offre est portée par le groupe Avril avec le fonds d’investissement Sociétés de projets industriels (SPI), géré par Bpifrance, pour le compte de l’Etat dans le cadre de France 2030. La région Hauts-de-France et Amiens Métropole sont également partenaire. 

Maash également en lice pour la reprise de Metex

Dans le cadre de la procédure de redressement judiciaire, les administrateurs judiciaires avaient, par deux fois, décidé de proroger la date limite de dépôt des offres de reprise. Le dépôt de l’offre du groupe Avril, en discussion depuis plusieurs jours sous l’égide du Comité interministériel de restructuration industrielle, était conditionné à l’intervention, à ses côtés, d’un ou de plusieurs partenaires publics. La date d’audience d’examen de l’offre de reprise du groupe Avril par le Tribunal de commerce de Paris devrait être connue dans les prochains jours.

La décision concernant Maash devrait intervenir le 25 juin prochain.

Le 3 avril, le Tribunal de commerce de Paris a aussi examiné l’offre de reprise de la société Maash (start-up belge produisant des mycoprotéines par fermentation) en plan de cession des activités de Metex NØØvistago ainsi que la conversion en redressement judiciaire ouverte au bénéfice de cette société qui en résulterait. Actuellement au stade pilote, Maash cherche à lever des fonds pour investir dans un outil de fermentation en France ou en Belgique. La décision concernant Maash devrait intervenir le 25 juin prochain.

Metex, victime de la chute du prix de la lysine chinoise

Le site d’Amiens est le dernier site européen de production d’acides aminés de fermentation, comme la lysine, dont les productions animales constituent le principal débouché. Son incorporation dans les aliments pour animaux s’accompagne de la réduction des incorporations de soja au profit de protéines végétales locales (colza, tournesol…). 

L’utilisation de 100 000 t de lysine correspond à une économie de 3 Mt de soja.

Elle contribue également à la décarbonation des élevages et, plus généralement, la réduction de l’impact environnemental de l’élevage par l’alimentation de précision. L’utilisation de 100 000 t de lysine correspond à une économie de 3 Mt de soja. 

Mais la production française a pris de plein fouet la forte réduction des prix de la lysine chinoise, contre laquelle la Commission européenne vient d’ailleurs d’ouvrir une enquête antidumping, le 23 mai dernier.

Une reprise de Metex par le groupe Avril sous conditions

L’offre du groupe Avril est celle qui bénéficie du plus fort soutien de la part des actuels dirigeants de Metex. Cependant, « cette offre reste soumise à la réalisation d’un certain nombre de conditions sur lesquelles Avril va poursuivre son travail dans les prochaines semaines avec les autres parties prenante », précise toutefois l'entreprise. Ce sera ensuite au Tribunal de commerce de Paris de statuer sur cette offre. L’opération reste par ailleurs conditionnées à la finalisation des procédures de dérogation ou d’autorisation des autorités de concurrence compétentes. 

« Une activité essentielle à la souveraineté française et européenne, notamment pour les filières animales », affirme Jean-Philippe Puig.

Le groupe Avril est optimiste quant à l'aboutissement du projet. « Nous sommes confiants dans la qualité de notre offre et dans notre capacité collective, avec les autres acteurs engagés, à lever les conditions suspensives. C’est un projet industriel solide que nous proposons en vue de relever un défi ambitieux, au service de l’intérêt général du secteur. Si ce projet était retenu, nous voulons construire, avec les salariés et l’ensemble des parties prenantes à nos côtés, un avenir durable pour cette activité essentielle à la souveraineté française et européenne, notamment pour les filières animales », a affirmé Jean-Philippe Puig, directeur général du groupe Avril.

Benjamin Gonzalez, président-directeur général de Metex a, de son côté, tenu à remercier le groupe Avril  et tous les acteurs qui se sont mobilisés en vue de la concrétisation de cette offre, tant au niveau de l’Etat que de la région : « Cette offre à laquelle l’Etat s’est associé via le fonds SPI avec le soutien des Hauts-de-France et d’Amiens Métropole devrait permettre, si elle est retenue, la préservation d’un grand nombre d’emplois au sein du groupe. Elle devrait également assurer un avenir durable pour les filières animales et végétales, essentielles à la souveraineté française et européenne ». Et Rudolph Hidalgo, directeur général adjoint de Metex, de renchérir : « Nous sommes heureux d’avoir été entendus sur l’importance de Metex pour la souveraineté française et européenne. L’offre d’Avril est assurément une bonne nouvelle. Nous restons mobilisés car nous devons travailler à résoudre des conditions suspensives avec toutes les parties prenantes ».

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