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Luzerne - 2023, année de reprise sur fond de volatilité des marchés agricoles

La campagne en luzerne est plutôt satisfaisante et la filière continue de se structurer, notamment en créant quatre organisations de producteurs. 

De gauche à droite : Yann Martinet et Eric Masset, respectivement directeur et président de La Coopération agricole – Luzerne de France, Pierre Bégoc, directeur de Desialis, et Honoré Labanca, responsable R&D de La Coopération agricole – Luzerne de France.
© Thierry Michel

La Coopération agricole – Luzerne de France a fait le bilan de la campagne 2023, mardi 5 mars 2024 à Paris, et a esquissé quelques grandes lignes de travail pour 2024. Les représentants de la filière se félicitent aussi que la France ait été choisie pour l’organisation du Congrès mondial de la luzerne pendant la première quinzaine de novembre 2025. 

Hausse de la production française

Côté chiffres, cela donne 67 000 ha récoltées à destination de la déshydratation en 2023 (-4,3 % versus 2022), une « déprise liée à la situation internationale dégradée et aux mauvaises conditions d’implantations de 2022 », selon Eric Masset, président de La Coopération agricole – Luzerne de France, et 830 000 t produites, en augmentation de 10 % d'un an sur l'autre (chiffres provisoires). Les rendements ont eux progressé de 12,4 tonnes de matière sèche à l’hectare. 

Une sole attendue en progression en 2024

La Coopération agricole – Luzerne de France attend un rebond des surfaces plantées pour 2024, de 2,5 à 3 % (estimation sur la base de bonnes implantations). « En raison de la bonne tenue des prix payés aux producteurs et d’une baisse des cours des céréales, la luzerne a bénéficié à nouveau d’une bonne attractivité pour les planteurs » mais attention, « les coûts de production restent élevés, d’autant que les conditions météorologiques ont été humides ». Et la filière concerne 6 500 fermes, 1 500 emplois dans les territoires et 24 usines.

Lire aussi : "Campagne luzerne 2022"

A l’échelle de l’Europe, l’Espagne détient 32 % de parts de marché en 2023 (-7 % versus 2022) devant l’Italie (27 %, - 2 %) en 2023. La France arrive en troisième position avec 28 % (+5 %). Les Etats-Unis, également un acteur majeur de la production mondiale, a réalisé une très belle campagne commerciale, en particulier avec la Chine.

Une campagne commerciale compliquée

En 2023, sur fonds de cotations des blés qui n’ont cessé de perdre du terrain, d’une Russie ultra présente et compétitive en termes d’exportations sur les marchés de céréales, d’une année plus que correcte en termes de pousses des prairies ou encore de fabricants d’aliments pour animaux en plein doute (coût élevé des matières premières poussant les éleveurs à l’« auto-fourrage »), le marché de la luzerne a confirmé, s’il en ait besoin, qu’un marché de matières premières « ne connaît pas de certitudes, qu’il n’est pas figé et qu’il peut toujours surprendre », commente Pierre Bégoc, directeur de Desialis, un des principaux acteurs de la commercialisation de la luzerne déshydratée française.

Un élément, en particulier, a perturbé le marché de la luzerne en Europe : les toutes premières annonces de production espagnole annonçaient, en mai 2023, un fort recul ; mais ce chiffre a été fortement révisé ensuite (notamment en septembre 2023), replaçant sur le marché près de 300 000 t de marchandise.

Le Moyen-Orient, un débouché limité 

Le segment de marché du Moyen-Orient, débouché important pour la luzerne européenne et française, a aussi été délicat à gérer : les utilisateurs locaux ont largement privilégié une approche prix bas au détriment de la performance des produits. En parallèle, des subventions qui étaient accordées aux achats de fourrages pour les petits éleveurs aux Emirats arabes unis ont été réduites.

Perspectives 2024

Pour La Coopération agricole – Luzerne de France, l’année en cours présente quasiment autant de facteurs haussiers (la géopolitique, la demande en produits à forte valeur ajoutée…) que baissiers (volatilité des marchés de matières premières, poursuite de la baisse des cheptels, baisse du segment de la bio…). Restent aussi toutes les incertitudes autour du niveau du prix du pétrole.

Structuration en organisations de producteurs

Côté filière, les efforts vont se poursuivre pour améliorer encore la décarbonation de la filière, déjà très avancée. Mais surtout, elle se structure en organisations de producteurs (OP) pour accéder à des fonds européens contribuant au développement durable et à la résilience de la filière. Trois ont déjà été créées. La plus récente concerne la région Champagne-Ardenne avec un décret paru au Journal officiel (JO) en décembre 2023. Elle a rejoint Déshy Ouest pour la Bretagne et UCDV du Vexin pour la Normandie. Une quatrième, Déshy 21 pour la Bourgogne, attend un arrêté de parution au JO.

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