La production porcine du Massif central est diversifiée, mais doit être consolidée
L’élevage de porcs dans le Massif central est très majoritairement associé à des ateliers d'herbivores. Cette mixité présente des avantages. Mais des changements se dessinent à court terme.
L’élevage de porcs dans le Massif central est très majoritairement associé à des ateliers d'herbivores. Cette mixité présente des avantages. Mais des changements se dessinent à court terme.
La dynamique porcine du Massif central ne dépend pas seulement des systèmes porcins spécialisés ou de grande taille ; les exploitations mixtes porcs-bovins viande, notamment les engraisseurs porcins, jouent un rôle important. Deux tendances émergent : la recherche de valorisation, en particulier par la transformation à la ferme, et de sécurisation du revenu, par des contrats d’intégration.
En effet, dans le Massif central, territoire de moyenne montagne à dominante prairiale, la production porcine s’est historiquement développée dans des exploitations herbivores. Aujourd’hui, les exploitations porcines restent très majoritairement mixtes, associant porcins et bovins. La production porcine a fortement baissé entre les recensements de 2000 et 2010 : la région a perdu 71 % de ses élevages et 24 % de ses effectifs de porcs ; elle produit aujourd’hui 4,4 % des porcs du pays. Malgré la faible densité de porcs, la filière porcine joue un rôle pour le maintien d’outils d’abattage et de transformation et l’identité culturelle. 82 % des porcs charcutiers produits dans le Massif central y sont abattus.
Des porcs et des bovins
En 2018, le Massif central comptait 1 613 sites porcins, parmi lesquels 1 250 ont produit plus de 10 porcs et 1,035 million de porcs charcutiers au total (99,5 % du total). Ils sont surtout situés dans trois zones : le sud-ouest du Massif (Aveyron, Lot, Cantal, Corrèze), l’est (Haute-Loire, Loire, Rhône) et le nord (Allier, Creuse, Puy de Dôme). 70 % sont situés en zone de montagne surtout en bordure du massif.
63 % des élevages n’ont pas de truies (France : 55 %) et produisent 54 % des porcs (France : 39 %). Trois quarts des porcelets engraissés par ces élevages sans truies proviennent d’élevages situés aussi dans le Massif central : 39 % d’Auvergne-Rhône-Alpes, 21 % d’Occitanie, 13 % de Nouvelle-Aquitaine. Avec 1 320 porcs charcutiers produits par atelier naisseur engraisseur et 714 porcs charcutiers produits par engraisseur, les élevages du Massif central sont deux fois plus petits que la moyenne nationale.
Parmi les 266 élevages porcins ayant répondu à l’enquête postale, trois quarts ont aussi un atelier herbivore, principalement allaitant. Ces exploitations mixtes comptent, selon les types, entre 63 et 72 vaches, 105 et 115 truies (pour celles en ayant), 90 et 110 ha de SAU, avec des forts écarts autour de ces moyennes. Une majorité (61 %) des exploitations mixtes n’assure pas le naissage des porcelets, au contraire des exploitations spécialisées en porc (60 % ont des truies). Les exploitations du Massif central sont souvent impliquées dans des démarches qualité (46 % en signes d’identification de qualité et d’origine) et dans la transformation à la ferme (20 %).
Le revenu, premier intérêt du porc
La création de l’atelier porcin a été motivée par un foncier limitant pour 70 % des éleveurs enquêtés en ferme et/ou le souhait d’augmenter ou diversifier le revenu (35 %). Le revenu est d’ailleurs le premier intérêt cité du porc dans les exploitations mixtes (63 %), devant la production d’effluents (40 %), la valorisation des surfaces, cultures ou bâtiments (27 %) et le travail (complément d’emploi, intérêt). Les limites citées du porc sont le montant des investissements (48 %), les conditions de marché (38 %), le temps de travail et les compétences nécessaires (33 %). Ces résultats sont cohérents avec la vision des 14 acteurs de terrain enquêtés qui soulignent deux risques : la déprise porcine, qui pourrait s’accentuer avec les difficultés de transmission (outils petits et vétustes, candidats peu nombreux) et le recul du naissage, par manque de rentabilité et de main-d’œuvre.
Perspectives contrastées
La moitié des répondants à l’enquête postale a plus de 53 ans et 38 % des exploitations ont un associé de moins de 40 ans. La part des moins de 40 ans est plus élevée parmi les élevages sans truies, en cohérence avec le recul des installations avec naissage observée dans les enquêtes de terrain. Ce recul semble voué à perdurer : les éleveurs mixtes avec truies qui envisagent de réduire ou arrêter l’atelier porcin sont plus nombreux que ceux envisageant de le développer. Les perspectives des six types d’exploitation identifiés sont contrastées. Malgré sa taille plus grande et la présence de salariés, le modèle bovin lait avec truies semble le plus fragile, avec des risques de glissement de la production laitière vers la viande et d’arrêt des truies, voire de l’atelier porcin. Mais les systèmes porcs-bovins viande présentent aussi des fragilités : peu de formes sociétaires, collectifs de travail souvent réduits, bâtiments à rénover…
À retenir :
Partenaires
Le programme de recherche Aporthe est financé par le Commissariat général à l’égalité des territoires du Massif central analyse les caractéristiques et conditions de maintien du porc dans ce territoire peu dense. Le volet économique du projet Aporthe s’est achevé par la réalisation d’ateliers participatifs dans les trois principales zones de production pour échanger sur les constats, dessiner les futurs possibles des élevages de porcs et identifier les actions à conduire, et par la modélisation de la performance économique et environnementale des systèmes mixtes.
Repères
Méthodologie utilisée