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La dynamique ovine à l’œuvre dans l’Aube

Le congrès de la Fédération nationale ovine se tiendra dans l’Aube les 12 et 13 septembre. Cinquième département ovin par son cheptel de la région Grand Est, l’Aube n’en présente pas moins une diversité de systèmes. Toujours adossées à une activité grandes cultures, les troupes ovines sont conduites selon tous les goûts : investissement minimum, sélection, vente directe ou valorisation des terres moins fertiles, chacun y trouve son compte. Les 56 éleveurs ovins du département ont au moins un point commun : la passion du mouton et la volonté de bien faire, de mettre autant de technicité dans leur élevage que dans leurs champs.

Moutons au pré
Les ovins sont toujours sur des exploitations de grandes cutlures dans l'Aube. Ces deux activités sont complémentaires.
© B. Morel

« L’élevage ovin dans l’Aube, c’est du sérieux ! », s’exclame Jean-Roch Lemoine, président de la section ovine du département. C’est à lui et ses compatriotes aubois qu’a échu l’honneur d’organiser le congrès 2024 de la Fédération nationale ovine, les 12 et 13 septembre à Troyes.

Graphique : Les trois secteurs agricoles de l'Aube ©FDO10
La préfecture de l’Aube va se mettre aux couleurs ovines durant deux jours, afin de montrer « que l’élevage de moutons, il y en a partout en France, adapté au milieu. Nos systèmes ovins-grandes cultures sont reproductibles dans d’autres régions, poursuit l’éleveur aubois. Notre handicap naturel, c’est de ne pas en avoir ! Il faut arriver à faire sa place au milieu des grandes cultures, c’est une bataille quotidienne ! »

Un département scindé en trois terroirs

Champ de pavot et éoliennes
Tout pousse en Champagne crayeuse, le sol retient l'eau et les nutriments et les restitue aux plantes. Ici un champ de pavot. © B. Morel
L’Aube bénéficie de terres propices à de nombreuses cultures. La plaine champenoise, au nord, est caractérisée par un sol crayeux qui se comporte comme une éponge : sans apport, il n’a pas d’intérêt, mais avec l’irrigation et la fertilisation, c’est le jackpot. Le sol retient l’eau et les éléments nutritifs et les restitue à l’optimal aux plantes.

Lire aussi : Toute l’actualité ovine 2022 au Congrès de la FNO

Champ de chanvre
L'Aube compte deux cultures spécifiques : le chanvre et le chou à choucroute. © B. Morel
Les cultures phare de ce terroir sont les céréales, la pomme de terre, la betterave sucrière, le chanvre et la luzerne pour la déshydratation. Dans le quart sud-est du département, c’est le Barrois. Ici, les champs immenses laissent la place aux vignes du champagne.

La Champagne humide, elle, prend place dans la diagonale nord-est au sud-ouest, incluant Troyes. Secteur historiquement riche avec des carrières et des mines, et touristique aujourd’hui avec les lacs et forêts, c’est aujourd’hui la zone d’élevages, petit à petit grignotée par les grandes cultures. La zone d’élevage concentre plutôt les bovins viande et lait, avec notamment l’AOP fromagère Chaource.

Des élevages ovins adossés aux grandes cultures

« Les ovins se répartissent un peu partout dans le département et sont toujours adossés aux grandes cultures, comme atelier complémentaire. Par contre, la conduite du troupeau peut être totalement différente d’une exploitation à l’autre, même si au final nous élevons principalement des agneaux de bergerie », souligne Jean-Roch, qui élève 1 990 brebis.

La complémentarité ovins-grandes cultures prend tout son sens dans l’Aube. Certains éleveurs de la génération précédente se sont placés en précurseurs pour le retour des brebis dans les champs. Petit à petit, l’idée fait son chemin et de plus en plus de cultivateurs sautent le pas, soit en créant eux-mêmes un atelier ovin, soit un donnant accès à leurs surfaces aux troupeaux du voisinage.

Un changement dans les mentalités

Pour Jean-Roch Lemoine, le grand défi à venir est celui de l’arrivée du loup dans le département. « Un individu a été aperçu dans le Sud, pour l’instant il y a peu d’attaques, sauf sur un élevage qui les concentre toutes », se désole le président de la section ovine. Certains éleveurs ont déjà pris le pli et se sont équipés de grillage, voire de chiens de protection des troupeaux.

Jean-Roch Lemoine
Jean-Roch Lemoine, éleveur de 1 990 brebis dans le nord de l'Aude et président de la section ovine départementale. © B. Morel
Autre sujet, lui aussi partagé au niveau national, le renouvellement des générations. Si la production ovine de l’Aube peut compter sur des reprises d’exploitations familiales, elle voit aussi les mentalités évoluer. « Les jeunes installés ont plus facilement l’envie de vendre eux-mêmes, de passer par la vente directe. On voit d’autres réflexions autour du système d’exploitation, une vision moins productiviste, une plus grande prise en compte de l’environnement dans les pratiques », analyse Jean-Roch Lemoine. L’agrivoltaïsme représente pour lui un levier qui va inciter les jeunes à s’installer, allouant un revenu intéressant tout en permettant d’exercer correctement le métier d’éleveur.

À la découverte des différents élevages ovins de l’Aube

La section ovine de l’Aube a prévu quatre visites d’exploitation lors du Congrès de la Fédération nationale ovine. « Nous avons choisi quatre systèmes différents, avec des profils d’éleveur jeunes et passionnés, qui ont chacun leur vision de l’agriculture », décrit Jean-Roch Lemoine.

À Ossey-les-Trois-Maisons, Guillaume Maman mise sur les grandes cultures, son activité principale et sur la complémentarité avec le troupeau ovin, lequel est conduit avec un minimum d’investissement.

À dix kilomètres de là, son cousin, Victor Maman s’est réorienté professionnellement après une première expérience dans les ressources humaines. Il a inscrit son troupeau de brebis Île-de-France en sélection.

À Pel-et-Der, dans l’est du département, Maxime Taupin est installé avec ses parents sur une exploitation très diversifiée qui mise sur la vente directe. 1 100 brebis, des génisses, des cailles de chair, une boucherie, tout cela demande beaucoup d’organisation.

Dans le Sud, à Saint-Usage, Romain Harmand s’est installé hors cadre familial et conduit ses brebis sur des terres à faible potentiel.

Après les visites ovines, les participants pourront découvrir l’agro-industrie locale. « Nous voulions faire découvrir la richesse de notre patrimoine, et sortir un peu des moutons », sourit Jean-Roch Lemoine. Ainsi, vous pourrez au choix visiter la plus grande chanvrière de France, déguster du champagne dans une cave, découvrir la fabrication de la choucroute ou revenir aux étapes de transformation de la luzerne déshydratée.

Chiffres clés

L’exploitation de Jean-Roch Lemoine

1 990 brebis, dont 1 200 romanes et 700 moutons vendéens

90 ha en culture de vente

70 ha de pâturage

22 ha de luzerne pour l’enrubannage et le foin sec

35 ha d’escourgeon

4 UMO

3 périodes d’agnelages : août-septembre ; novembre-décembre et mi-février à mi-mai

2 000 agneaux vendus par an, à la coopérative Sicarev et à l’Agneau de l’Aube

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