Aller au contenu principal

La besnoitiose, une maladie émergente

Face à un cas de besnoitiose, il faut éliminer au plus vite l’animal porteur pour éviter la propagation de la maladie. Plus la prise en charge est rapide, moins elle sera « douloureuse ».

« Tant que tu es là, tu peux jeter un œil à la mamelle de cette vache ? Elle est bizarre. » Effectivement, cette vache présente une peau épaissie, craquelée par endroits, sèche. En y regardant de plus près, la peau sur l’encolure n’est pas très souple non plus. « Ce n’est que la peau, après tout, est-ce si grave que ça ? »

Les causes possibles sont peu nombreuses :

- les parasites externes = poux/gales : une observation rapprochée permet d’écarter la présence de poux (souvent présents à côté de la queue). Un prélèvement cutané (raclage) permet d’être complètement certain que ce diagnostic n’est pas le bon. Le contexte n’est pas très favorable aux poux/gales car cette vache est la seule touchée et ne se gratte pas.

- carence en zinc : la peau se dépile mais ne s’épaissit pas forcément. Un bilan oligo permettrait de trancher.

- la besnoitiose : c’est l’hypothèse principale.

La besnoitiose est due à un petit parasite, Besnoitia besnoiti, de la même famille que celui responsable de la coccidiose. Il se transmet entre bovins par l’intervention d’insectes piqueurs (taons, certaines mouches) ou de l’homme (aiguille servant à piquer plusieurs animaux successifs).

La maladie se découpe en trois stades, mais tous ne sont pas toujours visibles sur les animaux atteints. La première phase est celle de l’hyperthermie : le bovin est fiévreux, avec un écoulement nasal et oculaire, une crainte de la lumière. Les signes sont peu spécifiques et peuvent vite être confondus avec une grippe, une FCO, un coryza gangréneux, une ehrlichiose, une photosensibilisation… La fièvre va disparaître et laisser place à des œdèmes au niveau des paupières, de la mamelle, des testicules, du fanon notamment. L’animal a parfois une démarche raide, douloureuse. C’est la phase 2.

Les œdèmes vont finir par se résorber, et plusieurs semaines après la contamination, les troubles cutanés apparaîtront en phase 3 : perte de poils, épaississement cutané, crevasses… On parle de peau d’éléphant. Des kystes sont présents dans les tissus cutanés et sous cutanés, et sont visibles parfois au niveau de la sclère (blanc de l’œil). Ces modifications cutanées s’accompagnent d’une perte d’état, d’une stérilité pour les taureaux, d’une chute de production laitière. Tout cela pouvant aller jusqu’à la mort.

Pas de traitement ni de vaccin

Que faire ? Cette maladie laisse l’éleveur plutôt désarmé : il n’y a pas de traitement, les antibiotiques type sulfamides à forte dose doivent être administrés en phase fébrile, et ne font que limiter les symptômes. L’animal va rester porteur du parasite et source de contamination pour le troupeau. La prévention n’est pas simple non plus. Aucun vaccin n’existe, la lutte contre les insectes piqueurs et l’hygiène lors des injections sont importantes mais non suffisantes. Il ne reste qu’à éliminer le plus vite possible les porteurs pour limiter la propagation.

La proportion d’animaux atteints est très variable au sein d’un troupeau, allant d’un animal seulement dans les régions où la maladie émerge, à une quasi-totalité du troupeau dans les zones endémiques comme les Alpes et les Pyrénées notamment. Plus la prise en charge est rapide, moins elle sera « douloureuse ». Les GDS jouent un rôle précieux et proposent dans certains départements un dépistage d’anticorps anti-Besnoitia en routine sur le lait de tank, une aide pour des sérologies en élevage allaitant pendant la prophylaxie, une aide à l’élimination des animaux séropositifs et/ou atteints cliniquement. Les animaux atteints sont consommables et doivent être abattus le plus rapidement possible pour limiter la propagation du parasite.

Une maladie qui s’achète !

En dehors des zones d’endémies, l’arrivée de la maladie est le plus souvent due à un animal acheté, porteur, introduit en zone indemne. La besnoitiose fait donc partie des maladies non réglementées importantes à dépister à l’achat, comme la néosporose ou la paratuberculose.

Lire aussi: "Faites des contrôles besnoitiose à l'achat"

À retenir

La détection se fait :

- sur le lait de tank

- par sérologie après plusieurs semaines d’évolution, sur les + 6 mois

- par PCR en phase aiguë sur le sang ou en phase chronique sur la peau

Les plus lus

<em class="placeholder">Nathalie et Michel Daguer, éleveurs en Mayenne avec leurs vaches</em>
Pâturage hivernal : « Nous ne voyons que des bénéfices dans notre élevage en bio et en monotraite en Mayenne »

Le Gaec du Ballon en Mayenne, en bio et en monotraite, profite de conditions pédoclimatiques privilégiées pour pâturer en…

<em class="placeholder">Daniel Rondeau (à gauche) est beaucoup plus serein depuis qu’il s’est réassocié avec Amaury Bourgeois et Raymond Papin (absent sur la photo). </em>
« Je me suis réassocié avec deux voisins, après avoir délégué l'alimentation et les cultures en Vendée »

Le Gaec Les 3 B, en Vendée, s’est constitué le 1er avril 2024. Daniel Rondeau s’est de nouveau associé, après…

<em class="placeholder">guillaume rivet, éleveur dans les deux-sèvres</em>
Organisation du travail : « Nous avons robotisé la traite pour anticiper le départ à la retraite de mon père dans les Deux-Sèvres »

Le Gaec Privalait, dans les Deux-Sèvres, tourne entre mère et fils depuis bientôt deux ans. La robotisation de la traite, en…

<em class="placeholder">« L’herbe pâturée est la plus économique car, plus il y a de stock, plus les charges de mécanisation augmentent », soulignent Sébastien Le Goff et Julie Sylvestre.</em>
Diagnostic de système fourrager : « Nous avons prouvé la résilience de notre élevage face aux aléas climatiques dans le sud du Morbihan »

Au Gaec de Coët Cado, dans le Morbihan, pour s’assurer de la résilience de leur système fourrager aux aléas, les associés ont…

Carte de la zone régulée FCO3, en date du 19 décembre 2024.
FCO 3 : fin décembre, la maladie continue de progresser

À date de jeudi 19 décembre 2024, le ministère de l'Agriculture annonce 8 846 cas de fièvre catarrhale ovine sérotype 3.…

<em class="placeholder">Brice Minot, Vincent Colas et Cyrille Minot, trois des quatre associés du Gaec des forges, en Côte-d&#039;Or</em>
Élevage laitier : « Nous cherchons de la productivité et de l’autonomie pour rentabiliser nos installations en Côte-d’Or »

Au Gaec des forges, en Côte-d’Or, les associés ont robotisé pour mieux organiser le travail. La recherche d’un bon prix du…

Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 90€/an
Liste à puce
Accédez à tous les articles du site Réussir lait
Profitez de l’ensemble des cotations de la filière Réussir lait
Consultez les revues Réussir lait au format numérique, sur tous les supports
Ne manquez aucune information grâce aux newsletters de la filière laitière