Interdiction UE des emballages plastique : quelles exemptions veut faire valoir la pomme de terre française ?
Le règlement européen prévoit l’interdiction en 2030 des emballages plastique pour les unités de vente de moins de 1,5 kg. Ce sont pourtant les conditionnements les plus plébiscités par les consommateurs aujourd’hui. Les Etats membres peuvent mettre en place des exceptions. Le CNIPT compte bien défendre deux segments bien particuliers.
Le règlement européen prévoit l’interdiction en 2030 des emballages plastique pour les unités de vente de moins de 1,5 kg. Ce sont pourtant les conditionnements les plus plébiscités par les consommateurs aujourd’hui. Les Etats membres peuvent mettre en place des exceptions. Le CNIPT compte bien défendre deux segments bien particuliers.
Le Conseil de l’Union européenne a formellement adopté le règlement européen relatif aux emballages et aux déchets d'emballages(1) le 16 décembre 2024 dernier(2). Les nouvelles règles fixent notamment des restrictions sur les emballages en plastique (filets, sacs, plateaux, conteneurs) à usage unique pour les fruits et légumes et pommes de terre frais préemballés de moins de 1,5 kg.
Rappelons qu’au niveau français, le décret d’application du 20 juin 2023 sur les emballages plastique des fruits et légumes de la loi Agec a finalement été annulé le 8 novembre 2024 par le Conseil d’Etat.
Avec cette avancée au niveau européen, la réglementation française va enfin pouvoir fixer un cadre clair, espèrent les opérateurs.
(1) Le PPWR, ou règlement européen sur les emballages et les déchets d'emballages, prévoit, en autres, l’interdiction des emballages plastique à usage unique pour les fruits et légumes non transformés à partir du 1er janvier 2030.
(2) L'adoption formelle par le Conseil marque la dernière étape de la procédure législative ordinaire. Après publication au Journal officiel de l'UE, le règlement entre en vigueur et s’appliquera 18 mois après.
Le règlement européen permet des exemptions nationales, que va demander le CNIPT pour la France ?
Comme le prévoit le PPWR, les Etats membres peuvent mettre en place des dérogations à cette restriction d’emballage.
En France, la filière de la pomme de terre en frais a annoncé tout de go vouloir une exemption pour ses pommes de terre primeur et pour les sachets micro-ondables. « La filière française veut absolument protéger la pomme de terre de primeur et le segment micro-ondables, afin qu’ils conservent leur conditionnement de moins de 1,5 kg », rappelle Florence Rossillion, directrice générale du CNIPT, lors de l’assemblée générale de l’interprofession le 7 janvier.
« Dans le cas des sachets de pommes de terre micro-ondables, qui ont une potentiel de croissance de consommation notamment auprès des jeunes, il ne s’agit pas d’un emballage mais d’un moyen de cuisson. Et dans le cas des primeurs, les emballages plastiques contiennent un filtre afin de ralentir le verdissement des tubercules, qui les rend toxique. Ce sont ces arguments que l’on fait valoir et qu’on continuera de faire aux pouvoirs publics », explique-t-elle.
Le CNIPT précise que ces deux segments sont une spécificité française que l’on ne retrouve pas ou peu sur les autres marchés européens.
Les petits conditionnements de moins de 1,5 kg sont pourtant les plus demandés par les consommateurs
Papier kraft ou carton certifiés FSC, emballages recyclables… La filière rappelle qu’elle s’est engagée dès les premiers temps pour réduire son empreinte plastique tout en garantissant la qualité et la conservation optimale du produit. « La filière ne s’est jamais opposée à l’interdiction des emballages plastique, elle demande seulement un délai suffisant pour s’adapter », rappelle Florence Rossillion.
Et ce alors même que les unités de ventes concernant les volumes inférieurs à 1,5 kg sont de plus en plus plébiscitées par les consommateurs dans un contexte d’inflation (achat de la plus juste quantité et pas de gaspillage).
Selon les derniers chiffres de consommation transmis par le CNIPT, la campagne 2023-2024 a observé un record* des dépenses des ménages (+6,3 % sur un an) avec un prix consommateur moyen en hausse de +9,9 %(3) comparé à la campagne précédente mais un fort recul des achats en volumes, à -4,2 %.
L’inflation a aussi impacté les comportements des consommateurs dans leurs choix des formats, les plus petits conditionnements ayant été favorisés au dépens des filets 2,5 kg :
- progression sur un an de +20,4 % du taux de présence des conditionnements de 1 à 2 kg et de +15,6 % de celui des conditionnements de moins de 1 kg ;
- et recul du taux de présence du format filet de 2,5 kg de -25,3 %.
* hors période Covid
(3) Pourtant, avec un prix consommateur moyen de 1,43 €/kg lors de la campagne 2023-2024, la pomme de terre reste « bien en dessous du niveau de l’inflation alimentaire », rappelle la directrice du CNIPT Florence Rossillion, arguant de l’accessibilité de la pomme de terre.