" Il faut améliorer la rentabilité de nos méteils "
Le Gaec Pogevia, dans l'Ain, cultive deux types de méteil à ensiler, pour améliorer l'autonomie protéique, et pour développer un sol plus riche et structuré.
Le Gaec Pogevia, dans l'Ain, cultive deux types de méteil à ensiler, pour améliorer l'autonomie protéique, et pour développer un sol plus riche et structuré.
" Au printemps, le pâturage tournant dynamique est notre levier pour réduire et même supprimer le correcteur azoté d'avril à fin juin. Pour le reste de l'année, notre objectif est une ration de base composée à 30 % de maïs ensilage et à 70 % d'ensilage de méteil et d'ensilage d'herbe ", plante Pascal Blanc, un des associés du Gaec Pogevia, dans le sud de l'Ain.
Mais depuis que le Gaec a commencé le méteil, en 2014-2015, le climat n'a jamais été favorable : des années 2015, 2017 et 2018 sèches et un printemps pourri en 2016. " Cela fait deux-trois ans que l'on n'a pas de repousse d'herbe à l'automne. La part de maïs dans la ration hivernale est donc plus élevée qu'escomptée, de l'ordre de 50 %. " Le coût alimentaire est donc plus élevé (120 €/1 000 l) qu'escompté (100 €/1 000 l).
L'année 2019 se présente mieux. " Nous n'avons pas encore les résultats, mais la récolte du méteil d'hiver semble belle et les premières coupes d'herbe sont prometteuses. Il ne reste plus qu'à réussir le méteil d'été ", espère l'éleveur.
Améliorer le taux de levée du méteil d'hiver
" Pour baisser le tourteau de soja à moins d'un kilo par vache, il faut améliorer le rendement de nos méteils, en conservant une MAT supérieure à 18 % ", indique Pascal Blanc. Le rendement du méteil d'hiver ne décolle pas des 4 t MS/ha. " Nous avons systématiquement des rendements inférieurs à nos voisins, qui parviennent à sortir 6 à 7 t MS/ha. " Les sols du Gaec sont limoneux battants, hydromorphes mais drainés, à moins bon potentiel.
Mais Pascal Blanc évoque une autre explication. " Nous faisons du semis direct depuis trois ans. Nous avons démarré par les céréales à paille. Nous commençons à passer au maïs en strip-till. Et le méteil est semé en direct. Nos sols sont en train d'évoluer. Nous avons encore des taux de levée insuffisants de nos méteils (environ 70 % pour la féverole, vesce, pois), mais nous sommes confiants. D'ici deux ans, nos sols nous le rendront. "
Le trèfle squarrosum et le RGH pour sécuriser
Le méteil d'hiver se compose de 10 kg d'avoine, 40 kg de pois fourrager Arkta, 40 kg de féverole Diva, 25 kg de vesce Gravesca. Le mélange a légèrement évolué depuis le commencement. " Nous mettons moins d'avoine pour maximiser la valeur protéique ; moins de féverole et plus de vesce. Dans certaines parcelles, nous avons mis 8 kg de trèfle squarrosum. Dans ce cas, nous mettons moins des autres espèces, pour rester autour de 115 kg/ha en dose de semis totale. " Satisfait de ce trèfle, le Gaec pense en mettre dans toutes les parcelles cet automne. " Il sécurise le mélange, en rendement et en MAT. "
Dans d'autres parcelles, le Gaec met 6 kg de ray-grass hybride. " Jusqu'à présent, nous n'avons pas subi de forte gelée, mais si cela arrive, le RGH résistera mieux que les légumineuses. L'autre intérêt est que le RGH améliore la valeur énergétique de l'ensilage, en récolte précoce. "
Faucher plutôt trop tôt que trop tard
Le Gaec sème en une fois, entre le 10 et le 20 octobre, à 23 cm d'écartement, et à 2-3 cm de profondeur. " Le semoir en Cuma (pour semer en direct les céréales) a deux compartiments : nous mettons le trèfle dans l'un et le reste du mélange dans l'autre, mais tout est semé sur le même rang. " Le taux de levée du trèfle est de moins de 50 %, ce qui pose la question de le semer dans un deuxième temps en surface.
Cette année, la fauche a été déclenchée très tôt, le 10-12 mai. " Le pois n'était pas encore en fleur, mais il y avait une fenêtre météo. On ne voulait pas prendre le risque de perdre en qualité, ni prendre le risque de semer trop tard le maïs et de le pénaliser. "
Le Gaec fauche à plat, au moins à 10 cm de haut. Si la fenêtre météo s'avère trop courte ou que le fourrage a du mal à sécher, le Gaec passe la faneuse dans l'après-midi, à 500 tr/min et à 5-6 km/h. Le fanage entraîne une perte, mais le Gaec " préfère être sûr d'atteindre 30 % de matière sèche, et un séchage homogène du fourrage, pour assurer sa conservation ". Le lendemain soir, le fourrage est andainé. " On andaine assez haut pour éviter d'emmener de la terre. Nous n'avons jamais eu de pénalité butyrique. " Et le troisième jour a lieu l'ensilage. Le Gaec met systématiquement un conservateur (bactéries lactiques homofermentaires).
Un essai de fertilisation 100 % lisier
Au début, le Gaec amenait 30 unités d'ammonitrate ou d'azote souffré. " Cette année, nous avons apporté un engrais avec azote (30 U) et potasse. J'ai aussi réalisé un essai en n'amenant que du lisier (20 m3) en février ; c'est possible en semis direct. Je n'ai pas noté de différence entre les parcelles avec ou sans fertilisation minérale. Il est possible qu'il n'y ait pas besoin d'en amener. "
Chiffres clés
Réduire le coût de la semence
Faire ses semences fermières n’est pas chose aisée. Le Gaec cherche à maîtriser les différents postes de charges.
Le Gaec de Pogevia travaille avec des semences fermières. " Ce n'est pas évident et c'est du boulot. Pour notre surface, il faut y consacrer 1,50 hectare, passer un fongicide, récolter les grains, faire le comptage, trier. " L'an passé, le Gaec a acheté un peu de semence pour rééquilibrer le mélange. " Il y avait 22 % d'impuretés dans notre mélange fermier et des grains ont été attaqués par la bruche (ver de mouche). Environ 140 kg/ha ont été semés, soit environ 110 kg de grains qui avaient une chance de lever. " Pascal Blanc ne note pas de différence de rendement entre l'époque où il utilisait des semences certifiées et aujourd'hui.
Tirer parti des bénéfices agronomiques
Le Gaec souhaite encore réduire le coût de revient de ses méteils, en améliorant la qualité des graines fermières pour obtenir de meilleurs taux de levée. " Si le coût baisse, nous pourrons augmenter un peu la densité de semis, pour espérer un meilleur rendement. "
Le méteil apporte des bénéfices agronomiques - le travail du sol et son enrichissement par les racines et nodosités - qu'il faut exploiter pour compenser le coût d'implantation. C'est tout le sens de l'orientation vers le semis direct du Gaec.
Enfin, Rémi Berthet, de Acsel conseil élevage, a estimé le coût de revient du méteil à environ 600 €/ha au Gaec Pogevia (suivant les exploitations, le coût varie de 580 à 700 €/ha). "Ils réussissent à maîtriser le coût de récolte grâce au matériel en Cuma. Et la fertilisation minérale est ajustée au minimum grâce aux apports de lisier. "
Un essai de semis de méteil d'été dans le blé
Le Gaec sème un méteil d'été après une orge ou un blé. Le mélange comporte pois, vesce, avoine brésilienne, des trèfles. " Quand ce méteil est réussi, il donne 2 à 3 t MS/ha et il est ensilé pour les vaches. Mais plusieurs années de suite, la levée a été très mauvaise à cause des conditions très sèches de l'été. L'an dernier, on l'a fait pâturer aux génisses et on a enrubanné le peu qu'il y avait pour les génisses. Cette année, nous testons le semis de trèfle violet et d'Alexandrie - c'est ce qu'il y a de disponible - en direct dans du blé. Le semis a été réalisé en avril. Le trèfle a levé, il est présent, et nous verrons par la suite s'il résiste mieux au stress hydrique. "