Aller au contenu principal

Guerre Russie-Ukraine : flambée historique des cours des céréales

Hausse spectaculaire de 40 €/t sur euronext du prix en blé et en colza, le blé en limit up à Chicago... Les marchés mondiaux des céréales se sont embrasés avec l'entrée en guerre de la Russie contre l'Ukraine.

Le colza et le blé sur Euronext ont pris près de 40 €/t, dépassant en cours de journée 830 €/t pour le premier et 340 €/t pour le second.
Le colza et le blé sur Euronext ont pris près de 40 €/t, dépassant en cours de journée 830 €/t pour le premier et 340 €/t pour le second.
© Réussir/Euronext

La déflagration provoquée par l’agression russe en Ukraine le 24 février n’est pas que diplomatique. Dès les premières heures du conflit, les marchés des céréales s’enflammaient dans le monde. A Chicago, le blé était en « limit up », c’est-à-dire la hausse maximale autorisée. L’étalon mondial du blé atteignait ainsi son plus haut niveau depuis 2012.

Euronext n’était pas en reste : le marché européen est sorti de ses gonds, la cotation blé meunier Mars 2022 décollant en cours de journée de plus de 40 euros pour dépasser 340 €/t, du jamais vu. Sur les échéances plus lointaines, la hausse était plus « modérée », avec une progression toutefois de 16 à 20 €/t sur les échéances s’étalant entre septembre 2022 et mai 2023. Même scénario pour le colza, qui engrangeait lui aussi près de 40 €/t dans la journée sur Euronext. La cotation Mai 2022 a atteint 835 €/t en cours de journée, avant de retomber autour de 775 €/t.

Si les marchés se sont affolés, c'est qu'il s'agit d'un choc entre deux titans mondiaux du grain. Les exportations combinées de la Russie et de l’Ukraine représentent un tiers des flux mondiaux de blé tendre et d’orge. La Russie est notamment un fournisseur très important de blé meunier, tandis que le blé ukrainien est souvent l’origine la moins chère du marché, notamment pour des débouchés d’alimentation animale.

Les deux géants de la mer Noire sont incontournables pour l’approvisionnement en céréales des pays d’Afrique du Nord, à commencer par l’Egypte, débouché sur lequel ils occupent une position hégémonique. Leur part de marché est également importante sur le Maroc que sur plusieurs pays d’Afrique subsaharienne, où les blés russes et ukrainiens ont su s’imposer ces dernières années. Ces deux origines ont également fortement pénétré le marché asiatique, tant sur le débouché de l'alimentation humaine que celui de l'alimentation animale, en raison d’une bonne compétitivité. Ils sont ainsi devenus des concurrents sérieux pour l’Australie, fournisseur historique en blé de l’Asie.

Les oléagineux sont aussi concernés : la Russie et l'Ukraine exportent les trois quarts des échanges mondiaux d'huile de tournesol. De quoi assécher le marché mondial si le conflit met à mal les flux en provenance de ces deux pays, ce qui se répercuterait sur le prix du colza.

 

 
Les blés russes et ukrainiens ont développé une forte suprématie sur le débouché égyptien, et se sont imposés au Maroc.
Les blés russes et ukrainiens ont développé une forte suprématie sur le débouché égyptien, et se sont imposés au Maroc. © Réussir/Douanes

 

Les inconnues sont désormais nombreuses. Le port de Marioupol est stratégique pour l’Ukraine, puisque c’est un grand terminal céréalier. De même, le contrôle de la mer d’Azov est un élément déterminant pour la maîtrise des flux de matières premières agricoles de ces deux pays.

Le marché va scruter l’impact des manœuvres en cours sur la logistique et le fonctionnement des terminaux portuaires. Le fret maritime devrait également être affecté. Sur son compte twitter, le cabinet d’analyse UkrAgroConsult indiquait le 24 février qu’aucun dégât n’était rapporté sur les terminaux céréaliers ukrainiens.

Pour aller plus loin

Les plus lus

<em class="placeholder">Mathieu Beaudouin est agriculteur à Évry-Grégy-sur-Yerre, en Seine-et-Marne.</em>
Mauvaises récoltes 2024 : « On rogne sur notre rémunération et sur l’entretien du matériel, faute de trésorerie suffisante »
Mathieu Beaudouin est agriculteur à Évry-Grégy-sur-Yerre, en Seine-et-Marne. Il témoigne de ses difficultés depuis un an liées…
<em class="placeholder">Moisson du Colza dans les plaines cerealieres de la Marne. Agriculteur moissonnant sa parcelle de Colza avec une moissonneuse bateuse Claas 740 Lexion.  Livraison du Colza a ...</em>
Prix du blé et du colza 2024 : quand vendre votre récolte ?

En 2024, l’embellie du prix du colza depuis quelques semaines offre quelques opportunités aux producteurs de grandes cultures…

<em class="placeholder">Bord de champ inondé après un excès de pluie en bordure d&#039;un champ de céréales. Avril 2024 dans le nord de l&#039;Eure-et-Loir</em>
Difficultés de trésorerie : quelles sont les mesures existantes pour faire face ?

Les mauvaises récoltes pèsent sur les trésoreries. Des mesures ont été annoncées par l’État alors que la MSA, les banques et…

<em class="placeholder">Parcelle en jahère.</em>
Jachères de plus de 5 ans : comment les garder en terres arables en 2025 ?

La question de la requalification des jachères de plus de 5 ans en prairies permanentes restait en suspens après les…

Pierre Devaire, agriculteur en Charente, dans une parcelle.p
Récoltes 2024 : « une campagne traumatisante » pour les céréaliers du Poitou-Charentes

L’heure est au bilan chez les producteurs de céréales, au terme d’une campagne 2024 qui fut difficile du début à la fin. Les…

<em class="placeholder">Destruction d&#039;un couvert de moutarde au déchaumeur.</em>
Couverts d’interculture : quand faut-il les détruire ?
Plusieurs critères sont à prendre en compte pour détruire son couvert d’interculture à la bonne période, en entrée ou en sortie d…
Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 90€/an
Liste à puce
Accédez à tous les articles du site Grandes Cultures
Consultez les revues Réussir Grandes Cultures au format numérique sur tous les supports
Ne manquez aucune information grâce à la newsletter Grandes Cultures