Variétés : du maïs en sec qui esquive le stress climatique de l’été
Les semenciers proposent des variétés précoces de maïs capables de se contenter d’un peu d’eau. La floraison se passe avant le coup de chaud de l’été et les récoltes ont lieu dès septembre.
Les semenciers proposent des variétés précoces de maïs capables de se contenter d’un peu d’eau. La floraison se passe avant le coup de chaud de l’été et les récoltes ont lieu dès septembre.
Le maïs s’adapte à toutes les situations, même celles sans irrigation sur des terres à bas potentiel. « Il existe des secteurs du Poitou-Charentes ou de l’est toulousain où il est difficile de trouver une rentabilité avec le blé ou le tournesol. Pour répondre à ce contexte tout en sécurisant une marge, il est possible de produire du maïs. Nous proposons le service Sem’Expert dry qui consiste à apporter des variétés adaptées et la conduite qui va avec, présente Sébastien Moureau, chef produit et marché maïs chez Pioneer France. Chez l’agriculteur, en caractérisant ses parcelles, nous fixons un objectif de rendement réaliste et déterminons une marge à atteindre avec un pilotage de la culture qui minimisera les charges. »
Sur une gamme de maïs très précoce à précoce qui compte 25 hybrides chez Pioneer France, la stratégie repose sur trois variétés grains labellisées Sem’Expert dry : P8521, P8721 et PR38V31. « Ces variétés sont adaptées à des semis précoces (dès février dans le sud) pour produire une floraison le plus tôt possible en esquivant les stress thermiques et hydriques de l’été. Puis, ces maïs sont récoltables aux normes avant la mi-septembre, sans frais de séchage », décrit Sébastien Moureau.
Tolérance à la fois au froid, à la chaleur et au manque d’eau
« Nous avons un gros réseau d’essais pour sortir ce type de variétés combinant la tolérance à trois stress : le froid à l’implantation, la chaleur autour de la floraison et les conditions limitantes en eau », ajoute Sébastien Moureau. Les trois maïs magiques de Pioneer sont capables de s’implanter dans des sols froids avec une bonne vigueur à l’émergence. Ils présentent une durée de cycle courte permettant d’obtenir des grains secs très tôt.
« Avec ce séchage sur pied, l’amidon est de meilleure qualité et la récolte précoce réduit fortement les risques de mycotoxines dans les grains. » Bien-sûr, cette stratégie revient à renoncer à de hauts rendements qui seraient possibles avec des variétés plus tardives, mais quand la pluviométrie est au rendez-vous. L’objectif reste la marge.
D’autres semenciers que Pioneer proposent ce type d’offre variétale. RAGT Semences présente une gamme de variétés estampillées Stressless dry. « Il s’agit d’une dizaine de variétés très précoces à demi-précoces où l’on recherche l’esquive, présente Samuel Dubois, chef de marché hybrides France chez ce semencier. Semées tôt, elles montrent une bonne vigueur de départ et qualité d’implantation. La densité de semis est inférieure de 10 000 à 15 000 grains à l’hectare à une variété équivalente en conditions non limitantes. Et le cycle plus court permet d’esquiver les hautes températures de l’été et d’éviter le stress à floraison, celle-ci étant avancée à fin juin-début juillet. »
Le maïs, une solution pour diversifier son assolement en contexte limitant
Selon les semenciers, ces variétés permettent d’introduire le maïs dans des secteurs où il ne s’en faisait pas à côté des blés et du tournesol. Ces maïs sont présentés comme une solution pour pallier les impasses techniques de certaines espèces en zone intermédiaire comme le colza. Spécialiste maïs chez Arvalis, Thomas Joly met en avant quelques précautions à prendre. « Pour implanter un maïs relativement tôt, attention au gel. Celui-ci peut être impactant jusqu’à 6-8 feuilles, stade où le maïs initie le nombre de rangs sur l’épi. D’autre part, cette espèce ne se développe qu’à des températures supérieures à 6 °C. Enfin, il faut un sol avec un minimum de réserve utile. En dessous de 100 mm de RU, il ne faut pas tenter le diable. » Ce sont malheureusement des situations qui ne sont pas rares en zone intermédiaire.
À quel niveau de charge opérationnelle doit-on s’attendre avec ce type de maïs ? Sébastien Moureau l’estime aux alentours de 380 euros/hectare. « Il ne faut pas lésiner sur le désherbage mais la fertilisation sera raisonnée avec, par exemple, entre 100 et 120 unités d’azote pour un maïs à 60-70 q/ha comme objectif de rendement. » Le coût du poste semences peut être réduit avec une densité de semis abaissée. Selon Thomas Joly, « pour un maïs payé à 140 euros la tonne, il faudra au minimum un objectif de rendement de 6-7 tonnes/ha pour être rentable en comptant toutes les charges ».
Avis d’exploitant - Mathieu Formosa, 140 hectares à Puydaniel, en Haute-Garonne
« Deux maïs Stressless dry pour allonger ma rotation »
« Je ne dispose pas d’irrigation. J’ai choisi d’inclure 30 hectares de maïs à la place de tournesol dans mon assolement pour allonger ma rotation. La culture de maïs apporte en outre des herbicides me permettant de mieux contrôler les adventices de mes parcelles sur la succession des cultures. Elle permet également une meilleure répartition du temps de travail entre les cultures. J’ai choisi des variétés Stressless dry de RAGT adaptées aux situations non irriguées, sur des terres dont le potentiel se situe entre 70 et 120 q/ha.
J’ai recours à deux hybrides. Je réserve RGT Lipexx, variété très précoce d’indice 280, aux terres aux plus faibles potentiels (70-90 q/ha). Je la sème dès la fin février à début mars à faible densité, 85 000 à 88 000 pieds à l’hectare. Le but est d’arriver à la floraison en juin-juillet avant les sécheresses de l’été. Sur des terres à plus haut potentiel, je sème à la mi-mars une seconde variété Stressless dry, RGT Hexxagone, d’indice 390. Avec ces maïs, l’un des objectifs est de ne pas y consacrer trop de charges. Les apports d’azote se limitent ainsi à 140-180 unités. Les autres interventions (désherbage, insecticide) sont classiques.
La récolte survient à 15 % d’humidité autour de la mi-septembre, avec zéro frais de séchage. Il m’est alors possible de semer un blé derrière. Les charges opérationnelles s’élèvent aux alentours de 300 euros à l’hectare dont près de la moitié pour les semences (1). 2019 a été une année très sèche avec des rendements faibles : 75 q/ha en moyenne sur les deux variétés pour un maïs payé 155 euros la tonne. En 2018, RGT Lipexx avait produit 87 q/ha et RGT Hexxagone, 105 q/ha. »
Avis d’exploitant - Alain Farina, 190 hectares à Leyritz-Moncassin dans le Lot-et-Garonne
« Du maïs dry à la place du tournesol »
« Une partie de l’exploitation n’est pas irrigable. Sur des parcelles isolées en sec (8-10 hectares), je sème aux alentours du 15 mars du maïs Sem’Expert dry de Pioneer (variété PR38V31). J’ai recherché cette culture d’été en rotation avec celles d’hiver que sont le blé et le colza. Ce maïs a pris la place du tournesol sur lequel je rencontre trop de problèmes de ravageurs à la levée. Avec ce type de maïs, la floraison se déroule vers le 10-15 juin avant, théoriquement, les gros coups de chaleur.
Je le récolte aux alentours du 20 septembre, à 15-16 % d’humidité. La conduite de ce maïs dry diffère de mes autres maïs sur la densité de semis (75 000 grains/ha au lieu de 85 000 à 89 000), sur l’apport d’azote allégé (120 à 150 unités) et sur l’absence de traitement antipyrale ainsi que de séchage. Les charges sont donc moins élevées : 495 euros de l’hectare (1). Le rendement de ce maïs se situe en moyenne entre 60 et 80 q/ha. Mais, avec un été pluvieux il y a quatre ans, j’ai atteint 125 q/ha. Il y a deux ans en revanche, la production n’a été que de 60 q/ha à cause de la forte sécheresse.
En 2019, j’ai produit 76,5 q/ha d’un maïs qui est toujours en stock en attendant d’avoir des prix rémunérateurs satisfaisants. La société Pioneer nous accompagne bien avec leurs services pour optimiser la culture du maïs, notamment sur le déclenchement des semis. Et elle prend en charge le ressemis en cas d’aléa climatique. »