Une prime à la casse sur les vieux pulvérisateurs qui ne fait pas l'unanimité
Dans son rapport publié mi-avril, la mission d'information sur les phytos a proposé une prime qui permettrait d'éliminer les vieux pulvé... Une idée qui ne met pas tout le monde d'accord.
« Instaurer une prime à la casse pour le remplacement du matériel de pulvérisation des produits phytopharmaceutiques ayant 25 ans d’âge. » Cette proposition a été particulièrement mise en avant par Gérard Menuet, un des députés rapporteurs de la mission d'information commune sur l'utilisation des produits phytosanitaires. Elle repose sur « un constat unanime de l’obsolescence » de ce type de matériel agricole et une analyse de Dominique Potier, député, qui juge que la moyenne d’âge du matériel utilisé se situe entre 20 et 25 ans. La réalité est probablement plus nuancée. « La moyenne d’âge se situe aux alentours de 14 ans selon notre base de données qui repose sur près de 170 000 pulvérisateurs(1) », estime Vincent Polvêche, directeur du GIP Pulvé qui est chargé de coordonner le contrôle technique des pulvérisateurs. Pour le spécialiste, l'intérêt de la mesure est à prouver. « Ce n’est pas l’âge du pulvérisateur qui fait le risque, précise-t-il. Lors des contrôles, nous avons pu noter du matériel 'ancien' très bien entretenu et opérationnel et du matériel récent qui nécessitait des contre-visites parce qu’il comportait des défauts majeurs à réparer. Nous contrôlons 25 000 pulvérisateurs par an. Plutôt qu’une prime à la casse, il vaudrait mieux instituer un accompagnement des agriculteurs à l’utilisation et au réglage des différents éléments du pulvérisateur au travers de formations. C’est comme cela que l’on résoudra le plus de problèmes car la majeure partie des accidents de pulvérisation sont dus à de mauvais comportements. »
Un montant de la prime trop faible
Du côté d’Axema, union des industriels de l’agroéquipement, la prime à la casse n’apparaît pas satisfaisante non plus. Mais pour d’autres raisons. « Le montant de 50 millions d’euros par an pendant cinq ans avancé par les députés pour cette prime nous paraît insuffisant au regard du besoin, communique l'organisation. Pour Axema, il faut renouveler la moitié du parc de pulvérisateurs d’une valeur totale estimée à 7 milliards d’euros. » D’autre part, le critère d’âge apparaît trop restrictif aux yeux du syndicat qui travaille sur une classification des machines en fonction de leurs performances environnementales. À suivre.
(1) Sur un total de 240 000 pulvérisateurs environ existant en France