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Un choix restreint de variétés en blé dur

Si Anvergur domine la sole de blé dur française, quelques autres variétés séduisent pour leur profil équilibré.

Les variétés de blé dur n'ont pas le même comportement face aux aléas et aux maladies.
© C. Gloria

Le choix d’une variété de blé dur combine trois facteurs : productivité, résistance face aux maladies et critères qualitatifs. Quelles variétés cultiver pour tirer son épingle du jeu ? « Comme pour d’autres espèces, il ne faut pas se contenter uniquement des résultats de rendement. La valorisation d’une variété, ainsi que le coût de la protection contre les maladies et la verse sont deux facteurs essentiels à prendre en compte », rappelle Delphine Audigeos, ingénieur en charge de l’évaluation des variétés chez Arvalis.

Trois variétés se partagent aujourd’hui l’essentiel du marché : Anvergur, RGT Voilur et Miradoux. « La relève est un peu compliquée car il faut allier tous les critères. Souvent, un défaut de résistance aux maladies ou un défaut de qualité fait qu’une nouvelle variété ne trouve jamais sa place », remarque Delphine Audigeos. Un gain de rendement peut vite être neutralisé par un taux de mitadinage, une teneur en DON (mycotoxine) ou un niveau de moucheture trop élevé.

Une variété sensible à la verse à éviter en sols très profonds

Inscrite en 2013, Anvergur est aujourd’hui la variété de référence dans toutes les régions et tous les types de sol. Cette hégémonie se justifie par son très bon potentiel. « C’est la variété la plus productive sur les cinq dernières années, en sol profond comme en sol superficiel. Elle a la particularité d’associer de bons résultats en rendement à une bonne qualité technologique. Sa tolérance globale aux maladies est bonne, à l’exception de la rouille brune et de la fusariose des épis. Anvergur est en outre sensible à la verse », commente Delphine Audigeos. Ce dernier défaut peut pénaliser les rendements en sols très profonds ou en situation irriguée.

Dans ces situations, RGT Voilur est à privilégier, en raison de sa bonne tenue de tige et de sa robustesse vis-à-vis de la moucheture. En 2018, RGT Voilur s’affiche en tête du classement des essais Arvalis : 105-106 % de la moyenne des essais Sud-Est – Sud-Ouest et 102 % en Centre-Île-de-France. RGT Voilur affiche un très bon comportement face aux maladies du feuillage, en particulier face à la rouille brune, la rouille jaune mais aussi face à la septoriose. Sur le plan technologique, elle est peu sensible à la moucheture et conserve un bon niveau de mitadinage. RGT Voilur est un bel exemple de compromis entre productivité, qualité et tolérance aux maladies.

Quoique distancée en productivité et en résistance aux maladies par de nouvelles variétés, Miradoux reste la référence en transformation, de par ses très bons critères technologiques. Peu sensible à la moucheture et au mitadinage, ses poids spécifiques et sa teneur en jaune sont rarement égalés.

Moins cultivées à l’échelle nationale, Nobilis et Relief sont des variétés plus récentes. Elles présentent des profils de résistance aux maladies assez intéressants ainsi qu’une bonne productivité. En 2018, Relief a réalisé d’excellents rendements, dans le Sud-Ouest, le Centre-Île-de-France et l’Ouest Atlantique (110 à 102 % de la moyenne). Leurs caractéristiques variétales autorisent un programme fongicide allégé : ces deux variétés sont assez peu sensibles à la rouille brune, à la rouille jaune et à la septoriose.

Attention aux contournements de résistances

« La durabilité des résistances aux maladies n’est pas garantie, précise Delphine Audigeos. Les contournements sont assez fréquents, en particulier avec les maladies simples comme les rouilles, dont les races évoluent rapidement. » Un renouvellement variétal rapide s’avérerait utile et précieux mais la filière française ne compte désormais que deux programmes de sélection, ceux de RAGT Semences et de Florimond-Desprez. « Des projets de recherche sont en cours, pilotés par le GIE blé dur*, émanation de la filière », précise Delphine Audigeos, qui évoque une dynamique de recherche persistante. « Actuellement, le GIE est impliqué dans un porjet sur la résistance de la rouille jaune et dans un projet de test de qualité pastière. D'autres travaux pourraient permettre de casser la relation négative qui existe entre le rendement et la teneur en protéines d’une variété. Baptisé GPDur, ce projet conduit par Arvalis associe RAGT Semences, Syngenta et l'Inra. » Pour le blé dur comme pour le blé tendre, plus le rendement d’une variété est élevé, plus sa teneur en protéines a tendance à être faible. A quand un blé alliant rendement et teneur en protéines ?

Ouest Océan : trois variétés dominent

Dans la zone de production qu’Arvalis nomme Ouest Océan, comprenant la Charente, la Charente-Maritime, les Deux-Sèvres, le Maine-et-Loire et la Vienne, trois variétés dominent la sole : Anvergur, Relief et Miradoux. « À elle seule, Anvergur représente la moitié de la sole, commente Jean-Louis Moynier, ingénieur régional Arvalis. Sur notre bassin de production, le blé dur se cultive quasiment en monovariété, observe-t-il. Depuis trois ou quatre ans, c’est Anvergur qui est choisi mais auparavant, c’était Miradoux. Cette dernière reste cultivée. Elle est appréciée pour ses critères qualitatifs intéressants. RGT Voilur occupe également une place significative sans toutefois s'imposer. Quant à Relief, elle pèche en qualité mais présente une bonne régularité de rendement. » Ce trio Anvergur, Relief et Miradoux devrait rester le même quelques années encore. Une nouvelle variété, RGT Monbecur, est bien testée cette année mais elle ne suscite guère d’enthousiasme. « Avec l’arrêt des programmes blé dur de Syngenta et Limagrain, seuls deux programmes de sélection perdurent en France, ce qui limite l’offre variétale adaptée au contexte Ouest Océan », déplore Jean-Louis Moynier.

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