Twitter pour toucher un maximum de gens en local
Au travers de ce qu’il fait et vit sur sa ferme, Cyrille Champenois utilise le réseau Twitter pour expliquer son métier à sa communauté. Pour beaucoup, ce sont des habitants de son département, les Ardennes.
Au travers de ce qu’il fait et vit sur sa ferme, Cyrille Champenois utilise le réseau Twitter pour expliquer son métier à sa communauté. Pour beaucoup, ce sont des habitants de son département, les Ardennes.
Non, Cyrille Champenois n’est pas tombé dans la marmite des réseaux sociaux tout petit. Le déclic a eu lieu en 2013, lors de la formation « Atouts jeunes » proposée par sa coopérative Vivescia. « Tous les intervenants nous demandaient si nous étions sur Twitter, explique l’agriculteur ardennais de 36 ans. Or, depuis que je m’étais installé en 2011, j’étais surtout sur les forums, pas sur Twitter. » En cours de formation, Cyrille Champenois ouvre donc un compte. D’abord pour voir, ensuite pour intervenir. « Les forums, c’est très bien, mais on reste entre agriculteurs, en vase clos, dans la technique, précise-t-il. En twittant sur mon exploitation, je me suis aperçu que beaucoup de gens étaient intéressés, pas seulement du monde agricole. » Pour l’agriculteur, le réseau lui permet avant tout de toucher les habitants de son département, les Ardennes, et en particulier les journalistes locaux. « Ils ont du mal à entrer en contact avec le monde agricole, précise-t-il. Quand je raconte ce que je fais, ils cherchent à savoir s’ils peuvent en faire un sujet. Quand un article est publié, le fait d’être passé dans le journal local, ça rend les choses plus faciles : dans les champs, les gens peuvent m’identifier et venir plus facilement me poser des questions. »
« Même ma mère a besoin d’explications ! »
Expliquer son métier est pour Cyrille Champenois impératif. « Même ma mère se pose des questions et a besoin d’explications !, décrit-il. J’ai changé les façons culturales de la ferme, en passant au semis simplifié ou au bas volume. Elle veut savoir pourquoi je me lève à trois heures du matin pour traiter. Ce que je fais avec ma mère, il faut que je le fasse avec plus de monde. Twitter m’y aide. » La description de son quotidien, où se mêlent à l’occasion humour, lorsqu’il évoque sa moiss’-batt’ « Mémère », et émotions, constitue l’essence de ses tweets. Cyrille Champenois utilise également le réseau pour poser des questions à des spécialistes. « Pas mal de gens pensent que l’on est sûr de nous, estime-t-il. C’est important que le grand public se rende compte qu’un agriculteur n’est pas expert en tout, qu’il peut avoir des doutes.»
@Fragritwittos pour donner plus de visibilité au monde agricole
En twitto averti, l’agriculteur est comme beaucoup confronté aux nombreuses polémiques qui agitent le réseau. « Au début, je n’osais pas trop réagir, et puis je me suis lancé, décrit-il. Aujourd’hui, je me suis mis un peu plus en retrait. » Entre temps, il a monté l’association France Agri Twittos, pour fédérer une « communauté agricole connectée », autour d’une envie de partager le métier, le secteur. « Le compte de l’association @Fragritwittos a vite pris de l’importance, note l’exploitant. Nous sommes visibles, au-delà de la sphère locale ou agricole. » En tant que président de la jeune association créée en novembre, l'agriculteur cherche à rester le plus positif possible, ce qui ne l'empêche pas de réagir, toujours en s'appuyant sur son expérience à la ferme. Pour lui, les professionnels doivent contribuer à placer le curseur entre le vrai et le faux…. Même si c’est compliqué : « Sur Twitter, avec les messages courts, on a tendance à être très catégorique », signale-t-il.
L’activité de Cyrille Champenois sur les réseaux sociaux se limite à Twitter, son compte Facebook restant « personnel et familial ». Elle est relativement chronophage. «J’y passe tous les jours une à plusieurs heures », avoue-t-il. Reste que tout ce travail en virtuel le sert aussi dans le monde « réel ». Comme il le souligne, « faire de la communication positive sur le réseau m’aide à mieux répondre aux questions ou aux réflexions de mes voisins ».
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Les trois conseils de Cyrille Champenois
1 « N’ayez pas peur d’ouvrir un compte sur Twitter : c’est utile, beaucoup de gens sont curieux de savoir ce que vous faites, comment vous travaillez.»
2 « Si vous avez des réticences, n’hésitez pas à aller taper aux portes des chambres d’agriculture ou des organisations agricoles : elles proposent souvent des formations. S'il n’y en a pas, demandez-en. »
3 « Les mots simples sont les plus entendus et les mieux compris. Un bon tweet contient un message clair et une photo parlante, en cohérence avec le texte, qui doit rester court. »
Une petite exploitation ardennaise
110 ha en limons argileux à limons profonds, à Saulces-Monclin : 50 ha de blé, 25 ha de colza, 12 ha d’orge, 23 ha de maïs
92 q/ha de rendement en blé en 2017, 85 q/ha en moyenne quinquennale