David Vincent
Trois stratégies confortées par des campagnes difficiles
Entre agriculture de précision, conservation des sols et bio, Vincent David, Philippe Houdan et François Mellon vous ont fait partager leurs questionnements stratégiques sur deux campagnes. Si les rendements n’ont pas toujours été au rendez-vous, ils se sentent techniquement à l’aise dans leurs choix et confortés dans leurs orientations respectives, bien adaptées à leurs fermes.
Dernier épisode en compagnie de Vincent David, le fan de précision, Philippe Houdan, adepte de l’agriculture de conservation, et François Mellon, 100 % bio. Comme beaucoup d’autres, les trois fermes ont tangué en 2016, même si elles ont réussi à traverser l’orage. Elles se retrouvent en 2017 avec des résultats mitigés. Si François Mellon le picard s’en sort comme jamais, l’audois David Vincent ne peut pas en dire autant, pas plus que le bourguignon Philippe Houdan, qui ne fait guère mieux qu’en 2016. Quoi qu’il en soit, tous trois sortent de ces deux années atypiques confortés dans leurs choix.
Une vraie envie de se frotter au monde extérieur
Pour David Vincent, le salut passera par davantage de modulation. L’agriculteur rêve de pouvoir un jour ajuster ses doses de fongicides à la pression maladie. Encore faudrait-il que les systèmes de pulvérisation permettent une telle finesse… Philippe Houdan poursuit sa quête d’une agriculture « naturelle », « durable ». Moins de phytos, moins d’engrais minéraux, plus de préparations de plante, plus de couverts… La logique est bien installée sur la ferme. En bio et fier de l’être, François Mellon estime désormais maîtriser à peu près sa rotation et ses itinéraires techniques. Il s’intéresse plus que jamais à la transformation et à la valorisation de ses produits auprès du consommateur. Il n’est pas le seul. Philippe Houdan a aussi cette ambition d’ouvrir un magasin de producteurs. Pas simple toutefois : prendre le risque financier, s’entendre avec ses voisins, c’est un autre métier. Dans les trois cas, les agriculteurs ont cette envie de se frotter au monde extérieur, d’expliquer ce qu’ils font, de faire reconnaître leur travail. Pour David Vincent, cela ne se traduit ni par de la transformation à la ferme ni par de la vente directe, mais par le souhait d’échanger avec d’autres professionnels sous forme de conférences, par exemple. S’ils sont prêts à sortir des frontières de leur ferme, les trois agriculteurs ont un autre point commun : ils sont bien déterminés à garder leur indépendance et leur libre arbitre dans leurs choix techniques et stratégiques.
En savoir plus
Retrouver les articles déjà parus sur nos trois agriculteurs ainsi que des compléments d’informations sur notre site internet grandes-cultures.reussir.fr
220 ha
11 cultures, 110 ha de céréales à paille
43 q/ha en blé dur (moyenne 2016), 64 q/ha en orge d’hiver, 45 q/ha en blé tendre, 32 q/ha en féverole, 18 q/ha en pois
334 euros/ha de charges opérationnelles sur un blé dur de pois, 320 euros/ha de charges de structure dont 200 euros/ha pour la mécanisation
Projets : investir dans un capteur NDVIA, trouver un système qui permette de moduler les doses de phytos efficacement en intraparcellaire, louer davantage son matériel, réflexion sur le développement d’une activité de consultant en gestion
375 ha
8 cultures en 2016
47 q/ha en blé tendre d’hiver, 41 q/ha en orge d’hiver, 42,5 q/ha en orge de printemps, 30 q/ha en pois (hiver et printemps), 25 q/ha en blé tendre de printemps, 8 q/ha en féverole d’hiver (2 ha), 8,75 q/ha en lentilles
160 euros/ha de charges opérationnelles en blé tendre en 2016/2017, dont 44 euros/ha de désherbage, 111 euros/ha d’engrais, 5 euros/ha de semences
Projets : continuer à réduire les charges tout en augmentant les débits des chantiers, réensemencer en 2017 de 35 ha de colza associé à un mélange de trèfles et lotiers, réflechir à l’introduction de pommes de terre dans l’assolement dans la perspective de l’ouverture d’un magasin de producteurs
125 ha
110 ha de grandes cultures et 3 ha de rhubarbe en bio, 12 ha de vergers en conventionnel
53 q/ha en blé tendre d’hiver et 57 q/ha en semences, 50 q/ha en blé tendre de printemps, 63 q/ha en orge de printemps semences, 48 q/ha en triticale, 23 q/ha de pois et 21 q/ha d’orge d’hiver en mélange
360 euros la tonne pour un blé d’hiver avec taux de gluten dans les normes
Projets : monter un magasin de produits fermiers (toujours en négociation avec les autres producteurs), mettre fin à ses engagements professionnels (chambre d’agriculture) pour développer les circuits courts, introduire du seigle avant la luzerne pour nettoyer les parcelles et refaire le stock d’azote