Filière oléoprotéagineux
« Sofiprotéol est un outil de développement de la filière » estime son président
Filière oléoprotéagineux
Sofiprotéol, établissement financier de la filière française des oléoprotéagineux, fête ses vingt ans. Xavier Beulin, son président, nous rappelle ses missions.
Pouvez-vous rappeler quel est l´objet de Sofiprotéol et dans quelles circonstances il est né ?
Xavier Beulin - Sofiprotéol est l´établissement financier de la filière française des huiles et protéines végétales. Il accompagne le développement des oléoprotéagineux en France. Sofiprotéol a pour mission, dans un esprit constant d´innovation, de promouvoir, dans la durée, la mise en marché et la transformation des productions et de développer de nouveaux débouchés afin d´assurer une meilleure compétitivité à la filière.
Sofiprotéol est né en 1983 à une période où la production française d´oléagineux se développait. La première opération a été le rachat des usines de tritutation du CNTA(1) qui était alors en faillite. Il s´agissait d´assurer des débouchés aux graines françaises en prenant pied dans la transformation.
Tout ceci s´est fait, en collaboration avec des organismes stockeurs comme In Vivo, Champagne Céréales, Epis Centre et Soufflet, grâce à la participation de tous les producteurs puisque les ressources de Sofiprotéol viennent de cotisations interprofessionnelles.
Quels ont été les grands dossiers d´intervention de Sofiprotéol ?
X. B. - Le premier domaine d´intervention a donc été la trituration. La première tâche a été de rénover l´outil industriel qui était dispersé, obsolète... et de le rationaliser. Puis très vite Sofiprotéol s´est intéressé à d´autres débouchés comme l´alimentation animale en participant là aussi à la restructuration du secteur et à l´émergence d´entreprises solides. Puis ce fut la recherche de nouveaux débouchés et l´arrivée du Diester en 1993.
Sofiprotéol s´est impliqué très tôt dans le domaine des semences. Plus récemment, devant l´impact grandissant des biotechnologies sur la sélection, Sofiprotéol a tenu à apporter son concours à la création de Biogemma.
Avec le Diester, vous avez créé une nouvelle filière...
X. B. - Dans le domaine des biocarburants, la filière oléoprotéagineuse a en effet été innovante et aujourd´hui le Diester est un débouché important pour les graines oléagineuses. Une véritable filière s´est mise en place, de la production de graines à la trituration et à l´estérification. Des usines spécifiques ont été construites avec la participation financière des organismes stockeurs.
Quelles sont les particularités des interventions de Sofiprotéol ?
X.B. - J´en vois deux. D´abord les partenariats, ensuite le souci permanent d´oeuvrer pour toute la filière.
Dès l´origine, Jean-Claude Sabin, alors président de Sofiprotéol et ses collaborateurs de l´époque, ont su délimiter les différents métiers de la filière (production de graines, trituration...). Et dès lors, la philosophie de Sofiprotéol a été « à chacun son métier ; à nous agriculteurs de produire des graines, investissons dans la transformation et allons chercher des partenaires dont c´est le métier ». C´est ainsi que les usines de trituration ont été confiées en location-gérance à Bunge. Depuis la situation a évolué. Récemment Bunge a racheté Cereol qui possédait des unités de raffinage et de conditionnement et notamment la marque Lesieur. Les producteurs, à travers Sofiprotéol et ses partenaires, sont présents de la graine à l´huile vendue sous la marque Lesieur.
Pour le Diester, nous travaillons avec les constructeurs automobiles, principalement PSA, avec les pétroliers, Total, qui ont le savoir-faire en matière de moteurs et de carburant...
Quels projets pour demain ?
X. B. - Je crois que les directives récentes de Bruxelles ouvrent des perspectives intéressantes aux biocarburants et qu´il y a donc place pour de nouveaux développements pour le Diester. Encore faut-il que les pouvoirs publics français prennent rapidement les bonnes décisions, en matière de défiscalisation, pour que nous puissions franchir une nouvelle étape.
L´effort de recherche de nouveaux débouchés et d´investissements dans les outils industriels nécessaires va devoir être poursuivi. Des activités comme la trituration, l´estérification... demandent des capitaux importants et génèrent des marges assez faibles. Cela ne peut donc intéresser des investisseurs extérieurs comme les fonds de pensions qui sont à la recherche d´une forte rentabilité immédiate ! C´est dommage.
(1) Comptoir national technique agricole.