Semis de printemps : quelles solutions pour remplacer les orges de printemps non semées ?
Après les semis d’automne perturbés par les fortes pluies, la sortie d’hiver et les premiers semis de printemps sont, eux aussi, entravés par les mauvaises conditions météo. Quelles solutions s’offrent aux agriculteurs qui n’ont pas pu semer leurs orges de printemps à temps ?
Après les semis d’automne perturbés par les fortes pluies, la sortie d’hiver et les premiers semis de printemps sont, eux aussi, entravés par les mauvaises conditions météo. Quelles solutions s’offrent aux agriculteurs qui n’ont pas pu semer leurs orges de printemps à temps ?
Les semis de printemps avancent péniblement. Le stress commence sérieusement à monter chez les agriculteurs qui n’ont pas pu semer leur orge de printemps. La situation est d’autant plus critique pour ceux qui ont connu des difficultés pour effectuer leurs semis à l’automne et qui comptait justement sur cette culture pour se rattraper. Le temps passe et on est en train de dépasser la date limite dans la plupart des régions. « La prise de risque semble trop importante en orge de printemps : on conseillera plutôt de basculer vers d’autres cultures de printemps type maïs », indique Arvalis dans un communiqué daté du 28 mars.
Si l’on souhaite vraiment se lancer, à ses risques et périls, « il est conseillé d’attendre un ressuyage correct du sol plutôt que de vouloir semer à tout prix : une orge mal implantée sera beaucoup plus sensible aux accidents climatiques ».
Des cultures de remplacements pour les semis de printemps en fonction des secteurs
En fonction des secteurs, les reports vont se faire principalement vers le maïs, parfois le tournesol, le soja ou le sorgho lorsque ces cultures sont possibles. Des possibilités existent aussi en blé dur de printemps avec des interrogations sur la disponibilité des semences. « Pour certaines cultures comme le tournesol, une des difficultés est la préparation du sol, indique Constance Richard, responsable agronomique de la coopérative Lorca (Moselle, Meurthe-et-Moselle). Il faut pouvoir intervenir dans de bonnes conditions, l’enjeu est de prévenir les risques de mauvais enracinement. »
Pour le maïs, qu’il s’agisse de maïs grain ou fourrages pour certaines régions, il faudra si besoin adapter la variété en choisissant un indice de précocité adapté. « Dans le Gers, pour des maïs précoces, c’est déjà trop tard », indique Lucile Pérès, conseillère agricole indépendante. Dans ce secteur, les couverts de légumineuses qui ont pu être implantés à l’automne seront conservés sur certaines parcelles, une partie sera sans doute laissée en jachère et seules les terres avec un bon potentiel accueilleront du maïs ou du sorgho.
C’est sans doute le bon moment d’effectuer des calculs technico-économiques en fonction du potentiel de ses parcelles pour prendre la décision. « C’est la dimension économique qui doit avoir le mot de la fin », considère Lucile Pérès.
Les cultures en place dans un état très hétérogène
Il est difficile de tirer un bilan global de l’état des cultures implantées en France tant les situations sont hétérogènes d’un territoire à l’autre et même d’une parcelle à l’autre. La date de semis mais surtout le type de sols font la différence. « Cette année, les sols plus superficiels qui ressuient plus facilement s’en sortent plutôt mieux que les sols hydromorphes », constate Delphine Bouttet, ingénieur régionale Arvalis en Île-de-France.
Il est un peu tôt pour donner une estimation exacte du recul des surfaces de céréales. En fin d’année, l’Association générale des producteurs de blé (AGPB) estimait la diminution à 500 000 ha (-10 %) mais les disparités sont importantes d’une région à l’autre. « Dans le Gers, le recul est de 10 à 15 % dans les sols qui ressuient correctement, mais dans les secteurs plus sablo-argileux (boulbène), le recul va atteindre près de 60 % », avance Lucile Pérès.
Dans l’Est, sur le secteur de la coopérative Lorca, la situation est différente. Les semis d’automne ont pu être effectués en totalité même si des problèmes de désherbage (vulpin) sont observés dans certaines parcelles. « Un tiers des parcelles ont pu suivre le programme de désherbage classique, un tiers où le désherbage a été partiel avec un seul passage à l’automne et un tiers qui n’a pas pu être désherbé avant l’hiver », explique Constance Richard. Les rattrapages en sortie d’hiver ont été nombreux. Seul avantage de ces pluies : cela semble avoir favorisé l’efficacité des apports d’azote sur blé.
« Pour la suite, tout va dépendre du climat, notamment en fin de cycle », souligne Charlotte Boutroy, ingénieure régionale Arvalis dans les Hauts-de-France. Un coup de sec sur des cultures mal implantées risquerait en effet de pénaliser fortement le rendement final.