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Ravageur : surveillez la sésamie du maïs !

Fortes attaques dans les zones de présence historique, remontée vers le Nord… La sésamie a fait parler d’elle en 2020, et nécessite une vigilance accrue ce printemps.

La perforation à la base des tiges de maïs en fin d'été est un signe caractéristique de la présence de sésamie, qui peut coûter cher au rendement. © Arvalis
La perforation à la base des tiges de maïs en fin d'été est un signe caractéristique de la présence de sésamie, qui peut coûter cher au rendement.
© Arvalis

L’année 2020 a été faste pour la sésamie, qui en a profité pour conquérir de nouvelles régions. Les premiers dégâts du ravageur ont été observés en Bretagne (sud de l’Ille-et-Vilaine et Morbihan). « Des papillons étaient trouvés dans les pièges depuis 2-3 ans, indique Michel Moquet, d’Arvalis. En 2020, il y a eu des dégâts vers le 10 juin puis à la récolte sur plusieurs exploitations. Cela ne justifie pas encore de plan d’action, mais nous renforcerons les messages de vigilance. »

Dans les Pays de la Loire, au-delà de la Vendée où la sésamie est présente depuis longtemps, des dégâts sont constatés depuis quelques années en Maine-et-Loire, Loire-Atlantique, Sarthe et plus récemment Mayenne. « Le papillon est désormais présent de façon récurrente au nord comme au sud de la Loire, indique Anne-Monique Bodilis, d’Arvalis. En 2020, il y a eu localement des attaques importantes et précoces. » Une progression du ravageur a aussi été notée au sud du Centre Val-de-Loire, dans la Vienne et les Deux-Sèvres.

Dans le Sud-Ouest, fief historique de la sésamie, la fréquence et l’intensité des attaques ont été exceptionnellement élevées. « Une attaque de première génération peut anéantir le rendement de la culture dans le rond concerné, explique Jean-Baptiste Thibord, d’Arvalis. En 2020, de tels ronds étaient nombreux. » Dans les parcelles concernées, le résultat a été catastrophique pour le rendement.

« L’intensité et les zones géographiques touchées par les attaques de sésamie varient selon les conditions hivernales, rappelle l’ingénieur Arvalis. Les larves hibernent dans les cannes et le sol et sont sensibles au froid. Historiquement, la sésamie est présente au sud de Bordeaux, mais les hivers doux avec peu de températures négatives, comme ces trois dernières années, favorisent la survie des larves. Cela permet la remontée du ravageur vers le nord, jusqu’à ce qu’un hiver froid réduise les populations. »

Les conditions de 2020 ont été très favorables à la sésamie. Les conditions de récolte difficiles en 2019 n’ont pas toujours permis de broyer les résidus, mesure essentielle pour détruire les larves. Les pluies sont arrivées après la phase d’hibernation, et n’ont donc pas pénalisé les larves. Enfin, le printemps et l’été chauds ont favorisé les vols précoces et l’apparition d’une deuxième et d’une troisième génération. La protection insecticide n’a pas été ajustée au risque élevé.

Surveillance accrue dans les zones touchées en 2020

« Dans les secteurs où il y a eu de la sésamie en 2020, une surveillance accrue est nécessaire ce printemps, prévient Jean-Baptiste Thibord. La question est de savoir si l’hiver 2020-21 un peu plus froid, notamment en fin d’hiver, permettra de réduire significativement les populations. » La lutte passe par la gestion des résidus de récolte. Ceux-ci abritent les larves pendant l’hiver et facilitent leur survie en les protégeant du froid, de la pluie, des oiseaux, des baculovirus et des champignons.

« Il faut bien déchaumer, broyer finement les cannes et les collets et les enfouir, insiste Anne-Monique Bodilis. Un broyeur sous bec est insuffisant. Le mieux est d’utiliser un broyeur à axe horizontal, qui reprend les tiges écrasées par la moissonneuse et affine le travail. Un travail superficiel du sol permet aussi de détruire les cannes. » Réalisées à l’échelle d’un bassin, ces mesures prophylactiques, plus efficaces que la lutte individuelle, permettraient d’atteindre 80 à 90 % d’efficacité.

Une protection insecticide ciblée sur la première génération est aussi possible. Trois types d’insecticides sont utilisables : les pyréthrinoïdes (Karaté Zéon…), le Mezalid (spinosad) et le Coragen. « Les essais montrent une efficacité intéressante des pyréthrinoïdes, indique Jean-Baptiste Thibord. Le Coragen, la référence contre la pyrale, a une certaine efficacité contre la sésamie, mais inférieure à celle des pyréthrinoïdes. L’efficacité du spinosad est intermédiaire, assez intéressante à la fois contre sésamie et pyrale. L’important est de connaître sa cible pour choisir et positionner la protection. »

Une seule application de Coragen est autorisée, deux pour les pyréthrinoïdes. Cela permet de fractionner la protection, une stratégie utile car le vol de première génération de la sésamie est assez étalé. La protection contre la deuxième génération implique une intervention par enjambeur et est principalement réservée aux maïs spéciaux. « Aujourd’hui, seules 15 % des surfaces de maïs en France reçoivent une protection insecticide contre la pyrale et/ou la sésamie », note Jean-Baptiste Thibord.

Des résultats encourageants en lutte biologique

Les trichogrammes sont inefficaces contre la sésamie, mais d’autres pistes de biocontrôle sont étudiées. Le programme Cotebio (CNRS-Arvalis) se penche notamment sur l’utilisation de Cotesia typhae, hyménoptère parasitoïde de la sésamie, avec des résultats encourageants. La piste génétique est explorée dans le cadre du programme Phenofore, qui évalue le comportement des différentes lignées de maïs face à la pyrale et la sésamie.

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