Prix du lait : rififi entre Lactalis et l’Unell
Ne parvenant pas à trouver un accord avec Lactalis sur le prix du lait de juillet et août, l’association d'OP Unell a déclenché la clause de sauvegarde prévu au contrat. Les prises de paroles publiques des deux parties attestent de tensions importantes mais pas irréconciliables.
Ne parvenant pas à trouver un accord avec Lactalis sur le prix du lait de juillet et août, l’association d'OP Unell a déclenché la clause de sauvegarde prévu au contrat. Les prises de paroles publiques des deux parties attestent de tensions importantes mais pas irréconciliables.
Ils avaient pourtant trouvé un accord en octobre 2022, à la suite d’une médiation. Mais l’histoire se répète. Cette année, ce n’est pas Lactalis qui a activé la clause de sauvegarde prévu dans le contrat-cadre mais l’association d'OP Unell pour « décalage du prix du lait proposé vis-à-vis du marché français », explique à Réussir Lait, son président Yohann Serreau. Retour sur une crise en deux temps.
Des ajustements importants à la formule de prix
A l’époque, certains syndicalistes assuraient que « l’on avait tordu le bras à Lactalis » qui de peur de passer devant le comité de règlement des différends commerciaux agricoles avait fait des concessions aux producteurs. Le géant du lait n’avait alors pas manqué de se targuer d’un prix élevé par rapport à ces concurrents. Pourtant, la correction apportée à la formule de prix avait été de -13 €/1000 litres en moyenne sur l’année. Certains mois, cet ajustement a grimpé à - 31 euros.
Un rabotage en 2022
Explication : les cours du beurre-poudre, dont la proportion est importante dans la formule de prix entre l’Unel et Lactalis, avait tiré les prix à la hausse. La laiterie avait alors obtenu de l’Unell un rabotage « exceptionnel ». « D’habitude, les ajustements sont plus de l’ordre de deux, trois euros ».
Cette année retournement de situation, le beurre-poudre diminue et le prix calculé par la formule de prix aussi. La formule contractuelle entre Lactalis et l’Unell définit un prix du lait à 401€/ 1000 l sur juillet et août.
Alors l’Unell demande à Lactalis de limiter la baisse du prix du lait comme la hausse a été limitée l’année dernière.
Pas d'accord sur l'ajustement à la hausse
« Lactalis a proposé à l’organisation de producteurs Unell une valorisation de 15 € supplémentaire », explique le groupe dans un communiqué du 10 juillet ajoutant que « le marché beurre-poudre international subit, en effet, une forte érosion des prix, qui ont été pratiquement divisés par deux en un an. »
Une proposition non satisfaisante pour les producteurs regroupés au sein de l’Unell. « Nous demandions 435 euros en prix de base 38 32, pour rattraper le retard depuis le début de l’année », indique Yohann Serreau. L’association d'OP s’est retrouvée devant une fin de non-recevoir d’où le déclenchement de la clause de sauvegarde. Le prix du lait du mois de juillet et août sera donc égal à la moyenne des trois derniers mois, soit 425,67€ /1000 l (prix de base 38-32). « Nous ne pouvons pas faire des ajustements que quand cela arrange Lactalis. »
Les discussions continuent
Les discussions vont reprendre dès la semaine du 17 juillet. Lactalis affirme dans son communiqué : « être déterminé à poursuivre les discussions afin de trouver un accord satisfaisant pour l’ensemble des parties ». Si le président de l’Unell ne ferme pas l’idée, si nécessaire, de porter l’affaire en justice, il espère également « trouver une solution avant ».
Les conclusions du contentieux entre Savencia et Sunlait pour non-respect de la formule de prix contractuelle dont l’audience en appel est prévue pour le 19 septembre, changeront peut-être la donne ou à l’inverse, l’envie de préserver une bonne entente.