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Piloter l’irrigation au plus près des besoins grâce aux outils d’aide à la décision

Les outils d’aide à la décision sont particulièrement précieux pour piloter l’irrigation et s’adapter au mieux aux besoins des cultures, tout en tenant compte de la réserve utile en eau.

Des outils comme les stations météorologiques et les capteurs servent à piloter l’irrigation.
© Réussir SAS

Économiser des tours d’eau, optimiser l’irrigation, gérer la ressource en eau… Les effets du changement climatique sur l’agriculture, ainsi que les attentes sociétales, viennent bouleverser ou conforter la nécessité de raisonner l’irrigation. Quand irriguer, à quel rythme, quel volume apporter ? Autant de questionnements pour lesquels le recours à des outils d’aide à la décision (OAD) peut être particulièrement précieux.

Des travaux, menés par l’Inrae, comparant les économies d’eau réalisées grâce au passage à un système d’irrigation localisée à celles liées à une gestion de l’irrigation au travers de sondes d’état hydrique du sol vont en faveur de ces dernières en cas d’année sèche. « Les économies d’eau obtenues avec les systèmes d’irrigation localisée sont fortement dépendantes des conditions climatiques, contrairement à celles obtenues avec les sondes », présente Claire Serra Wittling, chercheuse à l’Institut national de recherche en sciences et technologies pour l’environnement et l’agriculture (Irstea).

Piloter l’irrigation : avec quels OAD ?

Si l’intérêt de l’utilisation de sondes a été scientifiquement démontré quand il s’agit d’économies d’eau, faut-il pour autant investir dans ce type de matériel ou recourir à d’autres OAD ? Et comment choisir celui qui sera le plus adapté à ses besoins ? « Aujourd’hui, pour l’irrigation des grandes cultures, on recense deux grandes familles d’outils pour piloter l’irrigation : les sondes utilisées à la parcelle et les OAD de bilan hydrique », explique Romain Dufer, conseiller spécialisé en irrigation à la chambre d’agriculture du Loiret.

Les données mesurées par les sondes tensiométriques ou capacitives, en fonction du type de sol, ont pour vocation de croiser les informations relatives à l’état hydrique du sol, à la consommation de la culture et aux données climatiques. Par exemple, chez Weenat, les sondes capacitives affichent différents niveaux : saturation, confort, vigilance ou stress. Leur utilisation permettrait d’économiser un à deux tours d’eau.

Des économies de l’ordre de 20 €/ha

Pour les OAD en ligne, basées sur le bilan hydrique, l’idée est de trouver un équilibre entre les besoins quotidiens de la culture en eau (en fonction du stade et des conditions climatiques) et la ressource en eau disponible (stock d’eau dans le sol, précipitations ou irrigation) en prenant en compte les pertes éventuelles (ruissellement ou drainage).

L’outil Irré-Lis développé par Arvalis promet ainsi « d’économiser entre 20 et 60 millimètres d’eau sans baisse de rendement », par rapport à une irrigation antérieure systématique. L’organisme avance des économies de temps mais aussi d’argent de l’ordre de 20 €/ha.

Net-irrig, développé en premier lieu par la chambre d’agriculture du Loiret et en cours de déploiement à l’échelle nationale, promet « d’économiser jusqu’à 30 % de ressource en eau sans compter les économies d’énergie » et augmenterait « jusqu’à 20 % la production agricole ». En année humide, sur maïs, deux à trois tours d’eau seraient en moyenne économisés. En année sèche, piloter l’irrigation avec Net-irrig rime surtout avec amélioration de l’efficience de l’irrigation.

Sondes ou bilan hydrique ?

Alors quel outil choisir, en grandes cultures, entre sondes et bilan hydrique ? « Les deux sont très performants indépendamment, et il est possible de les combiner pour peaufiner le calcul du bilan hydrique avec les données d’une sonde », explique Romain Dufer. Mais en grandes cultures, je connais peu de personnes qui utilisent les deux. »

Tout dépend également de l’assolement de l’exploitation agricole. « En céréales, il n’y a pas besoin d’un degré de précision aussi important que celui apporté par les sondes, contrairement aux légumes de plein champ qui sont plus sensibles au stress hydrique », estime le conseiller.

Utilisation, coût, disponibilité, sont d’autres paramètres à prendre en compte. Ainsi, certains organismes comme les chambres d’agriculture développent leur propre outil, ou s’abonnent à d’autres. Tout dépend donc du territoire dans lequel se situe l’exploitation agricole.

Des OAD en constante adaptation

Certains outils ne prennent pas en compte toutes les cultures, d’où l’intérêt de bien se renseigner en amont sur les fonctionnalités proposées. « Irré-Lis est référencé pour les pommes de terre et les céréales, Irribet pour les betteraves. L’outil Net-irrig, qui couvre ces mêmes cultures et bien d'autres, a cette année adopté une nouvelle carrosserie grâce au travail de la start-up Seabex, et son déploiement est en cours sur une quarantaine de départements du Nord au Sud », détaille Romain Dufer.

Face à la multiplicité des outils d’aide à la décision en irrigation, un recensement est en cours et devrait permettre de faire un choix éclairé. Les enjeux d’une utilisation la plus efficace possible de l’eau sont importants pour les agriculteurs. Les OAD peuvent être un gage de bonnes pratiques lors des discussions avec les pouvoirs publics pour préserver l’irrigation dans le cadre des arrêtés sécheresse.

Capacitives ou tensiométriques : des sondes différentes

Les sondes tensiométriques (Watermark), moins onéreuses que les sondes capacitives, apportent des mesures correspondant à la disponibilité de l’eau pour la plante, qui vont permettre d’appréhender la force exercée par la racine pour extraire l’eau au profit de la culture.

La plus grande précision des sondes capacitives est un atout, mais une pose délicate est à prévoir. Elles mesurent l’humidité et la température du sol, et parfois même sa salinité.

Faire face au montant de l’investissement

Face aux coûts que représente l’investissement en outils pour piloter l’irrigation, certains agriculteurs optent pour la mutualisation, notamment en ce qui concerne les sondes, par exemple via les Cuma. Les capteurs Weenat, permettant d’accéder aux données météorologiques classiques, coûtent 500 €. Et il est nécessaire de débourser 1 000 € pour une solution complète de mesures de la quantité d’eau du sol. À cela, un abonnement de 14 €/mois pour accéder à l’application en ligne est à prévoir. En ce qui concerne les OAD bilan hydrique, l’abonnement annuel pour plusieurs parcelles est à partir de 250 € pour Net-irrig.

Face aux enjeux de l’adaptation au changement climatique, le gouvernement a débloqué une nouvelle enveloppe financière dédiée au soutien à l’investissement pour certains équipements, notamment pour le pilotage de l’irrigation. Les aides, de 20 à 40 % du montant de l’investissement, sont attribuées au fil de l’eau, jusqu’à épuisement de l’enveloppe, sur demande déposée sur le site de FranceAgrimer.

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