Penser « collectivement » la fin des quotas sucre
Un rapport sur la filière sucre commandé par le ministère de l’Agriculture pointe la nécessité d’inclure davantage les utilisateurs de sucre dans les réflexions de la filière.
Il faudra jouer « collectif ». C’est l’un des points clés mis en avant par les auteurs du rapport « quelle ambition pour la filière betterave-sucre française dans la perspective de la fin des quotas européens ? », commandé par le ministre de l’Agriculture en janvier 2015 et livré fin septembre. « L’approche collective des enjeux de l’après-quota sera déterminante pour maximiser sur le long terme la création de valeur ajoutée sur la filière betterave-sucre française », indiquent les auteurs, Serge Lhermitte, délégué ministériel aux entreprises agroalimentaires, et Thierry Berlizot, membre du CGAAER (1).
Créer une relation avec les utilisateurs
Concrètement, cela signifie en particulier impliquer davantage les utilisateurs de sucre dans la filière. Les auteurs conseillent aux fabricants de renforcer leurs liens avec ces derniers, qu’il s’agisse de petites industries françaises ou de groupes présents à l’international. L’idée : qu’une relation solide avec leurs clients les aide à sécuriser leurs débouchés une fois la concurrence ouverte. Selon les auteurs, cela passe par exemple par l’établissement d’un diagnostic partagé à la fois par les planteurs, les fabricants et les utilisateurs de sucre pour faire le point sur les enjeux industriels et commerciaux. Ils proposent aussi au syndicat des fabricants de sucre (SNFS) de réfléchir avec les utilisateurs à un cadre contractuel, qui aurait entre autres le mérite "d’offrir une meilleure visibilité au planteur dans sa relation contractuelle avec le fabricant de sucre qu’il livre". Dans ce même esprit, il leur semble nécessaire d’inclure plus fortement les utilisateurs dans le conseil spécialisé de FranceAgriMer. À l’issue de cette publication, le ministre de l’agriculture "a demandé que l’ensemble des parties prenantes soient consultées dans les prochaines semaines pour retenir et mettre en œuvre les actions jugées prioritaires".
(1) Conseil général de l’alimentation, de l’agriculture et des espaces ruraux
Faire évoluer l’interprofession
Pour les auteurs du rapport, l’interprofession doit réfléchir à son rôle dans la détermination de la rémunération de la betterave aux producteurs. Pour eux, celle-ci « devrait relever demain des discussions contractuelles entre les entreprises et leurs planteurs ». Ils estiment que l’industriel devra acheter l’intégralité de la betterave, y compris la pulpe, qu’il pourra donc valoriser lui-même. Le futur accord interprofessionnel doit selon eux définir une base contractuelle type, se limitant à des points « arrêtés comme incontournables par l’interprofession », tels que les primes de livraison ou certains paramètres techniques.