Neutralité carbone : « le rôle de l’agriculture et de l’alimentation est crucial », selon l’Ademe (étude)
Une étude de l’agence conclut que l'objectif de neutralité pour les émissions de gaz à effet de serre impose d’activer des leviers agricoles, nécessairement combinés avec des changements de régimes alimentaires.
Une étude de l’agence conclut que l'objectif de neutralité pour les émissions de gaz à effet de serre impose d’activer des leviers agricoles, nécessairement combinés avec des changements de régimes alimentaires.
On ne pourra pas atteindre la neutralité carbone en France sans la contribution du secteur agricole et alimentaire, ont souligné les experts de l’Ademe lors d’une conférence au Salon de l’agriculture, le 1er mars. C’est l’une des conclusions de l’étude « Transition(s) 2050 » pilotée par l’agence, et qui visait à comparer différentes trajectoires avec des options économiques, techniques et de société très contrastées pour atteindre la neutralité carbone. Cette dernière correspond à l’équilibre entre les flux annuels d’émission et d’absorption des gaz à effet de serre (GES).
L’alimentation, en y incluant l’agriculture, pèse pour un quart des émissions de GES des citoyens français, à niveau quasiment égal avec le transport et le logement. Et dans cette partie liée à l’alimentation, l’impact agricole est majoritaire (67 %).
« Le rôle de la bioéconomie, qui inclut la production de biomasse pour des usages alimentaires, énergétiques et pour l’élaboration de produits biosourcés, est crucial dans l’atteinte d’une neutralité carbone, a affirmé Jérôme Mousset, directeur Bioéconomie et Énergies renouvelables de l’Ademe. On ne pourra donc pas y parvenir sans activer des leviers dans ce secteur. »
L’étude repose sur la construction de différents modèles alimentaires pour répondre aux besoins de la population et de modèles agricoles en cohérence avec ces derniers, jouant sur des niveaux d’intensification différents. Dans la contribution de la bioéconomie à la transition écologique, les résultats ont mis en évidence un potentiel important pour :
- la baisse des émissions de GES pour l’agriculture et l’alimentation en France
- l’augmentation de biomasse pour usage non alimentaire
- le stockage de carbone dans les sols et les forêts
Selon l’Ademe, seuls deux scénarios sur les 4 testés permettent d’atteindre l’objectif de diminution par deux des émissions de GES par rapport aux années 1990, notamment grâce à plus de stockage via une augmentation de la surface des forêts permise par une diminution des surfaces alimentaires. Il s’agit des scénarios privilégiant la sobriété dans la consommation, avec des changements importants de comportements.
Dans ces deux scénarios, les leviers pour l’agriculture et l'alimentation sont notamment :
- l’augmentation de la part des légumineuses (au champ et dans l’alimentation),
- l’agroforesterie,
- l’agroécologie (bas niveau d’intrants),
- baisse de la consommation de viande.
Les deux autres scénarios testés ne permettent pas d’atteindre la neutralité carbone. L’un repose principalement sur le développement d’énergies vertes et de solution technologiques (véhicules électriques, méthanisation, industrie très décarbonée, accroissement du numérique et de l’intelligence artificielle pour gagner en efficacité…). L’autre fait le pari des technologies de stockage et de la poursuite de la mondialisation des échanges (transport des personnes et des biens, notamment alimentaires).
Selon Jérôme Mousset, ces conclusions confortent le résultat d’autres études. Pour le spécialiste de l’Ademe, « il faut un nouveau contrat social entre agriculture et société. Ce ne pourra pas être seulement l’affaire des agriculteurs, mais aussi des consommateurs et des filières. »