Maïs : des problèmes de disponibilité à prévoir en semences en 2021
L’année 2020 a été nettement déficitaire en production de semences de maïs. Les stocks de semences sont bas et les revenus ont été décevants pour les producteurs. Les semis 2021 risquent d’être délicats…
L’année 2020 a été nettement déficitaire en production de semences de maïs. Les stocks de semences sont bas et les revenus ont été décevants pour les producteurs. Les semis 2021 risquent d’être délicats…
« Du jamais vu dans le réseau français : le plan de production n’a été atteint qu’à 86 % en semences de maïs en France. C’est un niveau historiquement bas, a souligné Pierre Pagès, président de la FNPSMS (Fédération nationale des producteurs de semences de maïs et sorgho) lors de l’assemblée générale de la structure, le 26 novembre. La trésorerie des agriculteurs producteurs est pénalisée. Le niveau de stock de semences de maïs est bas. On va arriver sur le marché pour les prochains semis avec des problèmes de disponibilité. »
En France, une surface de 80 400 hectares a été consacrée à la production de semences de maïs en 2020 (800 hectares en sorgho), en hausse de 17 % par rapport à 2019. Cette surface a également augmenté dans l’Union européenne avec 173 000 hectares. Mais que ce soit en France ou dans l’ensemble de l’UE, la production a été nettement en deçà des objectifs, en grande partie à cause de la météo. Avec une production déjà déficitaire en 2019 et des demandes fortes pour les semis en 2020, les stocks de semences ont fondu.
« Mais il n’y aura pas une reconduction en 2021 des surfaces élevées de maïs de 2020, estime Xavier Thévenot, représentant des semenciers (UFS) au sein de la FNPSMS. Avec les semis de blés et orges cet automne et ceux prévus pour ce printemps, on table sur une progression de 800 000 hectares des céréales à paille. » Pas sûr que cette baisse programmée du maïs suffira à réduire les tensions sur les semences.
Grogne chez les agriculteurs producteurs de semences
La France reste le premier pays exportateur de semences de maïs avec une reconnaissance du haut niveau de technicité de ses producteurs. « Nous sommes très engagés dans la compétitivité de la filière mais il faut un retour économique sur la production et on ne le voit pas depuis trois ans, alerte Pierre Vincens, président de l’AGPM Semences. Même en 2019 avec 100 % de l’objectif de production, le compte n’y était pas pour les producteurs. »
Depuis quelques années, le sujet de la rémunération est latent au sein de la filière. « Pour la troisième fois, les rendements sont décevants pour les producteurs », reconnaît Xavier Thévenot. « Cela fait trois ans que ce sujet de la rémunération est posé et que l’on essaie de retrouver le moyen de remettre plus de sérénité, signifie Pierre Pagès. En plus du climat pas favorable à la production, la baisse des prix du maïs de consommation a impacté le revenu même s’il est reparti à la hausse ensuite. »
Hausse des surfaces nécessaire, mais avec quels producteurs ?
Pierre Vincens perçoit un désengagement des agriculteurs multiplicateurs. « On voit un réseau de producteurs qui s’étiole par endroits à cause de leur découragement à investir sur des productions décevantes. Souvent, ce sont les agriculteurs les plus dynamiques qui abandonnent. Dans certaines zones, le réseau perd en dynamisme. »
Pour la campagne à venir, il n’y aura pas d’autre choix que de mettre en place les moyens d’augmenter la production de semences. À commencer par la surface « qui pourrait être d’au moins 90 000 hectares », annonce Pierre Pagès. « On aura du mal à trouver des agriculteurs pour cette surface », prévient déjà Pierre Vincens.