Macron veut aller vers des prix établis selon les coûts de production de l'agriculteur
Ramener de la valeur ajoutée à l’amont des filières, qui vont devoir se restructurer pour mieux satisfaire les consommateurs : voilà deux axes forts donnés par Emmanuel Macron le 11 octobre, à Rungis, lors du discours qu'il a prononcé à mi-parcours des Etats généraux de l'alimentation.
Le constat est sévère. « Collectivement, dans toutes les régions et toutes les filières, nous avons protégé des choix absurdes. Et nous les avons protégés parce que nous n’arrivions pas à régler le problème du prix et des équilibres économiques », a expliqué le président de la République, le 11 octobre à Rungis, lors de son discours sur les États généraux de l’alimentation. Emmanuel Macron est bien décidé à renverser la vapeur, notamment en appuyant la construction des prix sur les coûts de production des agriculteurs, non plus sur les souhaits de l’aval. Comment ? grâce à la contractualisation pluriannuelle sur 3 à 5 ans, à des organisations de producteurs plus nombreuses et plus fortes, à la mise en place d’indicateurs par filières mais aussi au relèvement du seuil de revente à perte, sujet largement débattu lors du premier chantier des états généraux. En contrepartie, Emmanuel Macron veut que les acteurs se responsabilisent et répondent aux nouvelles exigences des consommateurs.
Des objectifs chiffrés par filière d’ici la fin de l’année
D’ici la fin de l’année, chaque filière va donc devoir établir une stratégie avec des objectifs chiffrés à cinq ans. « Ces contrats de filières doivent permettre de fixer des objectifs de restructuration interne aux interprofessions, des objectifs de montée en gamme sur la bio, sur les signes de qualité, des objectifs environnementaux et sociétaux, des programmes de recherche agricole, de ciblage des investissements », a expliqué le président de la République. Les cinq milliards d’euros du grand plan d’investissement fléchés vers l’agriculture viendraient soutenir les filières, avec une priorité sur les exploitants. « Nous devrons jouer sur plusieurs leviers, en particulier sur l’innovation et l’investissement opérationnel à tous les niveaux de la filière », prévoit Laurent Rosso, directeur de Terres Univia (interprofession des oléoprotéagineux). Pour le responsable, aider les agriculteurs à réduire leurs charges via du conseil stratégique sera indispensable : « Il faut qu’ils bénéficient d’un soutien de type fiscal pour payer ce conseil », explique-t-il. Emmanul Macron a annoncé qu’une loi « agricole » serait présentée et votée au Parlement au premier semestre 2018. Elle pourrait donner corps à ce type de dispositif.
V. N.