Transport des céréales
Les trains privés sont lancés
La coopérative Le Gouessant a ouvert la voie en faisant appel à une société privée pour acheminer son blé dans ses usines bretonnes. Euro Cargo Rail a remporté l’appel d’offres.
Quand,avec la SNCF,ce n’est plus possible,les opérateurs ont désormais le pouvoir d’aller voir ailleurs.En effet, depuis le 31 mars 2006, la libéralisation totale du transport par rail des marchandises est effective en France. D’autres compagnies que la SNCF peuvent se voir attribuer par le réseau ferré de France (RFF) des «sillons»,c’est-à-dire des droits de passage sur les lignes nationales. La filière céréalière qui se plaint tant de la SNCF et de ses retards depuis si long- temps,n’est pas en reste.Les discussions et appels d’offres vont bon train.La coopé- rative Le Gouessant (Côtes-d’Armor) a été le premier opérateur à franchir le pas de se détourner de la SNCF. Et le seul pour l’instant. Le Gouessant a besoin d’acheminer 400 000 tonnes de céréales par an provenant du Centre de la France jusqu’en Bretagne,où sont situées ses usines d’aliments du bétail.
UN GAIN DE QUINZE CENTIMES PAR TONNE
«Depuis les années 80, nous sommes propriétaires de 68 wagons, soit l’équivalent de trois trains. Jusqu’à l’an passé, il fallait au moins une semaine pour que les trains fassent un aller-retour de la Bretagne jusque dans les régions céréalières (soit une rotation), ce qui nous obligeait à louer des trains supplémentaires, au moins trois.Depuis que nous travaillons avec Euro Cargo Rail, c’est terminé», se réjouit Jean Dahirel, directeur des achats de la coopérative Le Gouessant. Conséquence directe : une baisse de la facture «fret» d’au moins 60 000euros par an soit 15 centimes par tonne de céréales ou protéagineux acheminée. L’objectif de Jean Dahirel était donc clair : réduire de moitié la durée de rotation des trains et améliorer la fiabilité de l’ache- minement.Pari gagné. Mais il est bien conscient que l’enjeu était de taille car, contrairement aux transports de produits manufacturés qui n’ont qu’un seul point de départ (l’usine),il faut aller chercher les céréales dans 80 silos différents au départ pour les conduire vers trois sites de déchargement. Un vrai casse-tête. «Seul Euro Cargo Rail a répondu à notre appel d’offres» reconnaît Jean Dahirel. Mais Le Gouessant présente un avantage de taille : elle a besoin d’un flux régulier
de trains sur toute l’année,ce qui est loin d’être le cas dans la filière céréalière qui a une activité saisonnière.«Nous avons désormais trois locomotives quasiment dédiées et les conducteurs qui vont avec», explique l’opérateur breton. Bref,Jean Dahirel est un homme heureux, mais il se donne une année pour tirer toutes les conclusions de cette aventure qui a démarré en juillet 2006.
REGAGNER DES PARTS DE MARCHE SUR LA ROUTE
Du côté d’Euro Cargo Rail,on met l’accent sur la fiabilité de la prestation, plutôt que sur les prix. «Avec ECR, il n’y a pas de rupture d’approvisionnement, explique Eric Fohlen,en charge de la communication de la filiale du groupe britannique. Quant aux tarifs, nous sommes 10% moins cher que Fret SNCF.» Ce dernier insiste sur le fait qu’Euro Caro Rail est une societe de droit français, employant des salaries français,les conducteurs ayant suivi une formation de neuf mois sur l’hexagone. ECR va concurrencer Fret SNCF, bien sûr, «mais nous avons surtout comme objectif de regagner des parts de marché sur le camion», poursuit Éric Fohlen.