Interview
« Les freins sont en train de sauter en grandes cultures biologiques »
Burkhard Schaer dirige le bureau d’études franco-allemand Ecozept. Il apporte son analyse du développement des grandes cultures bio en France et en Europe.
Burkhard Schaer dirige le bureau d’études franco-allemand Ecozept. Il apporte son analyse du développement des grandes cultures bio en France et en Europe.
Pourquoi les surfaces en grandes cultures bio tardent autant à se développer au contraire d’autres productions végétales ?
B. S. : Il subsiste des freins à la conversion biologique pour les grandes cultures. Il y a une certaine facilité à conduire des grandes cultures en conventionnel avec des rotations culturales assez simples du type colza/blé/orge par exemple, tout en maintenant une rémunération correcte. En production biologique, la rotation est nécessairement plus complexe avec parfois huit cultures différentes et on ne peut y couper. Une partie de ces cultures (luzerne, légumes secs…) peut être difficile à valoriser.
Les débouchés et la consommation sont-ils au rendez-vous de ce développement ?
B. S : Les filières industrielles sont peu développées en grandes cultures biologiques avec des manques jusqu’à présent comme en pomme de terre – la France importe des Pays-Bas et de l’Allemagne – et en betterave à sucre (1). Mais les freins sont en train de sauter. Avec le retrait de produits phyto tel le glyphosate, il va devenir plus compliqué et plus coûteux de produire en conventionnel. Les tendances alimentaires vont vers une alimentation végétale riche en protéines, ce qui est en faveur du bio et de sa rotation plus facilement valorisable. De même, il y a un manque structurel d’aliments pour le bétail bio et le retard doit être rattrapé en valorisant les cultures de la rotation.
Comment assurer l’avenir des grandes cultures biologiques ?
B. S. : Il faut continuer les conversions avec une structuration de filières solides à l’échelle régionale mais aussi suprarégionale (entre régions voire pays) en constituant un groupe de travail international sur le marché grandes cultures comme cela a été fait pour le lait bio. »