Mise en marché des grains
Les coopératives au coeur de l´économie céréalière
Mise en marché des grains
En France, 200 coopératives de collecte gèrent les flux de 65 millions de tonnes de grains. Si la collecte et le stockage en restent la base, leur métier connait de profondes évolutions.
Les trois quarts de la collecte des grains, 40 % des volumes transformés en meunerie, au-tant en malterie, 50 % en maïserie et 60 % de ceux de l´alimentation animale.
Voilà résumé en cinq chiffres le poids des coopératives dans l´économie céréalière. Pris globalement, ils montrent l´importance de ces entreprises, qualifiées historiquement de prolongement des exploitations agricoles, dans la première mise en marché de la collecte au sein des filières.
Ils témoignent aussi du contrôle qu´elles ont acquis au fil des ans sur l´industrie de première transformation. « Ces activités correspondent à des métiers anciens. Ce sont des industries lourdes sur le plan capitalistique dont la restructuration a été en partie réalisée par des groupes coopératifs afin de pérenniser les débouchés de l´agriculture en les contrôlant », souligne Yves Le Morvan, directeur général de la Fédération française des coopératives de collecte et de transformation (FFCAT).
Des stratégies exprimant des atouts régionaux
Moins flagrantes à la lecture de ces chiffres, d´autres mutations profondes ont transformé le métier des coopératives. Partant des métiers de l´approvisionnement, de la collecte et du stockage, autrefois assez uniformes, les entreprises coopératives ont développé des stratégies en empruntant des voies propres à chacune, comme le montre la diversité des reportages de ce dossier.
La PAC a été plusieurs fois réformée et le marché global de masse s´est mué en un marché plus segmenté y compris sur des destinations export. En ces temps de mondialisation, il est intéressant de noter que leurs stratégies expriment bien souvent des atouts régionaux : proximité des sorties portuaires, des régions européennes déficitaires, des grands bassins d´élevage, accès aux grands bassins de population bénéficiant de l´implantation d´industries comme la meunerie ou l´amidonnerie, contextes pédo-climatiques favorables à certaines qualités.
Mais au-delà des effets de la réglementation, notamment sur la sécurité des silos qui a généré des investissements lourds, deux axes dominants ressortent. Tout d´abord, « la part croissante de l´économie contractuelle qui va de pair avec l´implication des coopératives dans l´aval. On assiste à une élévation générale de la qualité mise en marché et de la sécurité alimentaire », souligne Yves Le Morvan.
Silos de stockages et livraison de blé. La logistique a souvent initié des rapprochements de coopératives. ©S. Leitenberger |
La logistique, au centre des préoccupations
Une très large part de la production fait maintenant l´objet « d´accords commerciaux bien avant la récolte », poursuit-il.« Les contrats, les cahiers des charges et le développement des audits qui sont entrés dans les sites des coopératives ont induit des relations plus contractuelles avec les coopérateurs au travers des politiques de traçabilité. »
La seconde évolution se résume en un mot : la logistique, nerf de la guerre pour se positionner sur les marchés. L´organisation du stockage et de l´exécution des contrats ont changé d´échelle. « La logistique a souvent initié des rapprochements et constitué un levier fort dans la recherche d´économies », poursuit Yves Le Morvan. Elle s´est aussi complexifiée du fait des exigences de l´allotement, du paiement à la qualité, des nécessités de la traçabilité. « Les coopératives ont de plus en plus adopté des méthodes d´industriels pour comprimer leurs charges et abaisser le point mort de leurs structures. »
Dans ce contexte, la concentration du secteur a été continue : aujourd´hui 24 % des coopératives représentent 70 % de la collecte. Les cinq plus grands groupes drainent 20 % des volumes de grains en France(1). La rationalisation des coûts se concentre aujourd´hui « sur le métier de l´approvisionnement, avec la création de structures communes d´achat et de logistique ». La création de Seveal, centrale d´achat regroupant Cohesis, EMC2, Champagne Céréales et Nouricia en est une illustration récente. D´autres se préparent. En 2005, les 200 coopératives de collecte et de transformation représentent un chiffre d´affaires de 10 milliards d´euros et un volume de collecte de 66,4 millions de tonnes de céréales, oléagineux et protéagineux.
Un résultat net de l´ordre de 1 % du chiffre d´affaires
Elles affichent un résultat net moyen de l´ordre de 1 % de leur chiffre d´affaires. « Un niveau normal, retrouvé depuis 2003-2004 après la campagne difficile liée à la sécheresse 2003 », commente Yves Le Morvan. Un ratio sans rapport avec ceux qui parsèment la presse économique à propos de secteurs d´activités plus en vue. Mais la rentabilité des coopératives céréalières s´inscrit sur le long terme et se mesure à l´aune de leur pérennité au fil de campagnes, tantôt de prix bas, tantôt de rendements décevants et parfois de bonnes années.
Ancrées au coeur des régions françaises, elles comptent 250 000 adhérents et emploient 25 000 salariés.
(1) Champagne Céréales, Épis-Centre, Agralys, Unéal, Noriap.