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Les bons réflexes en cas de vol sur son exploitation agricole

Ne pas intervenir soi-même, préserver les indices et porter plainte, même pour un vol qui ne donnera pas lieu à indemnisation : tels sont les bons réflexes à adopter si vous êtes concernés par un vol sur votre ferme.

En cas de vol, appelez le 17 et tenter de récupérer le maximum d'information sur les intrus sans vous mettre en danger.
En cas de vol, appelez le 17 et tenter de récupérer le maximum d'information sur les intrus sans vous mettre en danger.
© G. Omnès

Toutes les mesures de prévention du monde n’empêcheront pas un ou des malfaiteurs déterminés à commettre un vol de pénétrer sur votre exploitation. Alors, que faire si vous êtes témoin de ce type d’intrusion ? La règle d’or, répétée par tous les gendarmes, c’est : n’intervenez pas vous-mêmes ! Bien sûr le préjudice d’un vol peut être très pénalisant et source d’ennuis. Mais cela concerne des biens matériels. Or, en intervenant, vous ne saurez pas sur qui vous tombez. Il peut s’agir d’une équipe de bras cassés du coin comme de malfaiteurs aguerris, et peut-être armés.

En cas de détection d’une présence sur l’exploitation, il est ainsi recommandé de ne pas se mettre en difficulté. « Si on tombe dessus, c’est marche arrière et on appelle le 17 », insiste le commandant Armand Albinet, de la compagnie de gendarmerie départementale de Vitry-le-François dans la Marne. Il faut ensuite se mettre en poste pour recueillir un maximum d’informations sur les intrus : combien sont-ils ? Quelle est leur physionomie, comment sont-ils habillés, portent-ils des signes distinctifs ? Ont-ils un véhicule et lequel ?

Disposer d’équipements de surveillance vous facilitera la tâche. Un système intelligent d’allumage automatique attirera votre attention sur un mouvement suspect. Dans le cas où ces lumières sont complétées de caméras, ces dernières vous permettront de confirmer, à l’abri, qu’il s’agit bien d’une intrusion. Or, pour pouvoir intervenir, les gendarmes ont besoin d’une « levée de doute », afin d’être sûrs de ne pas se déplacer pour une fausse alerte.

Que l’on tombe sur un flagrant délit ou que l’on constate le vol une fois les malfaiteurs repartis, attention à ne pas piétiner le lieu du larcin. « Après le fait de ne pas prendre de risques inutiles, la deuxième règle la plus importante est de préserver les traces et les indices avant l’arrivée des enquêteurs, souligne l’adjudant-chef Laurent Jannet, référent sûreté à la cellule de prévention technique de la malveillance GGD 51. Il ne faut toucher à rien, car le prélèvement ADN est important. Encore récemment, des faits de vols de batterie ont été résolus grâce à l’ADN. »

En attendant les experts, il faut s’arrêter très en amont du site. Cela permettra aux enquêteurs de relever des traces de roues, de pas… Autant d’indices inexploitables si on tient à constater soi-même les dégâts, ou relancer au plus vite un matériel d’irrigation, par exemple. « Vu l’importance de ces indices, mieux vaut perdre une demi-heure pour attendre les gendarmes », considère l’adjudant-chef.

Une fois la tension retombée, reste à porter plainte. Une étape parfois négligée qui a pourtant toute son importance, selon les gendarmes. Ainsi, même si vous savez que votre franchise de 300 euros se traduira par une indemnisation quasiment nulle de l’assurance pour un vol de 300 litres de GNR, la plainte n’est pas inutile. « Il n’y a pas de petit délit, et ne croyez pas que la plainte ne sert à rien, argumente le commandant Armand Albinet. Le vol peut paraître anodin, mais il peut y en avoir eu plusieurs, ce qui signifie qu’une petite équipe est à l’œuvre. »

Grâce à la plainte, les enquêteurs disposeront d’éléments sur les itinéraires et horaires des malfaiteurs. Les descriptions permettront de savoir s’il s’agit de la même équipe. « On a besoin de tous les faits pour faire les connexions, explique le gendarme. Cela augmente les chances de faire un flagrant délit. » Et mis bout à bout, les préjudices peuvent finalement s’avérer très significatifs.

Autre argument qui plaide pour le dépôt de plainte systématique : la multiplication de ces actes officiels permettra de justifier les moyens et les effectifs à mettre en œuvre sur le secteur. « Si l’on recense 150 faits de vol sur le mois, des voyants vont s’allumer, rendant possible la demande de moyens supplémentaires », illustre le commandant Armand Albinet.

Pour simplifier la démarche aux exploitants et limiter la perte de temps, certaines équipes de gendarmerie sont désormais dotées d’un ordinateur portable autorisant le dépôt de plainte directement à la ferme. Il n’est donc plus nécessaire de se déplacer jusqu’à la gendarmerie, ce qui réduit le temps à y consacrer. Il suffit de prendre rendez-vous sur l’exploitation, par exemple en fin de journée pour ne pas perturber un peu plus le travail sur la ferme.

La légitime défense, un pari risqué

Voir des intrus voler des GPS ou siphonner sa cuve de GNR à de quoi faire bouillir le sang, surtout si ce n’est pas la première fois. Mais attention à garder la tête froide et à ne pas faire acte de violence. La notion de légitime défense est en effet strictement encadrée par la loi, et implique le principe de proportionnalité. Un concept pas toujours facile à analyser dans le feu de l’action. « Ce sera toujours à vous d’apporter la preuve de la légitime défense », prévient l’adjudant-chef Laurent Jannet. Sans compter que la violence peut se retourner contre vous, si les individus sont armés et dangereux.

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