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Ecophyto 2018 - pesticides
L’emploi des produits phytosanitaires demeure stable

Le nouvel indicateur de fréquence de traitement, ou IFT, fournit ses premiers enseignements sur les pratiques agricoles en termes d’utilisation des produits phytosanitaires

On met souvent en avant la baisse des volumes commercialisés de matières actives en France depuis une quinzaine d’années. Pourtant, le nombre de traitements à pleine dose (fractionnés ou non) a peu évolué entre 1994 et 2006. C’est ce que montre le calcul de l’indice de fréquence de traitement ou IFT, le nouvel indicateur issu d’Écophyto 2018. Celui-ci mesure l’intensité du recours aux pesticides en comptabilisant le nombre de doses homologuées apportées sur une parcelle de grandes cultures pendant une campagne agricole. En « équivalent pleines doses », le recours aux produits phyto a diminué de 2 % entre 2001 et 2006 alors que, dans le même temps, les tonnages vendus de substances actives (hors cuivre et soufre) ont baissé de 20 %. Les molécules récentes s’utilisent en effet à des grammages de plus en plus faibles.

POMME DE TERRE 

Les chercheurs se sont servis des enquêtes culturales réalisées par le Scees(1) pour évaluer l’IFT en France. Sans surprise, la grande culture ayant l’IFT le plus important est la pomme de terre (16,6) suivie de loin par le colza (6,1). Les cultures ayant le plus faible IFT sont le maïs (1,9) et le tournesol (2,1). Ces résultats correspondent aux données annuelles de 2006. « Il ne faut pas chercher à comparer l’IFT des cultures entre elles car elles n’ont pas la même sensibilité aux parasites », met en garde Laurence Guichard, ingénieur de recherche à l’Inra dans l’unité agronomie de Grignon, qui a contribué à sa mise au point. « De la même façon, l’IFT n’est pas un indicateur de risque de pollution. » Pour cela, il faudrait utiliser d’autres indicateurs qui restent à inventer. !

Nicole Ouvrard

(1) Service de la statistique agricole.

 

Repère N°1 

Usages : L’IFT herbicides est assez homogène entre cultures car le désherbage se raisonne à l’échelle pluriannuelle, contrairement aux fongicides et aux insecticides. Si on raisonne en doses totales apportées, 80 % des fongicides sont appliqués sur trois cultures (blé, orge, pommes de terre) qui couvrent 59% des surfaces. La sole en pomme de terre ne représente qu’1 % de la surface totale, mais reçoit 14 % des fongicides. Le colza consomme à lui seul 53 % des doses pleines d’insecticides pour seulement 12 % de la surface.

Repère N°2 

Régions : L’IFT moyen national cache une grande variabilité des pratiques entre régions. Sur blé, cette variabilité est avant tout le fait de la dispersion des traitements fongicides. Ainsi, l’IFT sur blé hors herbicides en 2008 se situe en moyenne à 3,5. Les valeurs les plus hautes se retrouvent logiquement dans la moitié Nord de la France : 4,8 en Nord- Pas-de-Calais ; 4,5 en Picardie et en Île-de-France. Les valeurs les plus faibles se situent en Alsace (2,1), Midi-Pyrénées (1,9) et Aquitaine (1,6).

Repère N°3 

Calculez votre IFT : Selon Laurence Guichard de l’Inra, l’analyse de l’IFT doit permettre à chaque agriculteur de mieux évaluer sur quelles pratiques agricoles il peut agir et quelles sont les marges de progrès. « Il sera impossible de diminuer de moitié le recours aux phytosanitaires si les agriculteurs ne modifient pas leur rotation et leurs pratiques agronomiques, considère-t-elle. Cela leur ferait courir des risques économiques. » La feuille de calcul de l’IFT: http://agriculture.gouv.fr/section s/thematiques/environnement/p revention des pollutions/produits -phytosanitaires6167.

 

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