Le négoce Jeudy lance sa plateforme en ligne de commerce physique des grains
Après trois ans de travail assidu, Gilles et Raphaël Jeudy, à la tête du négoce éponyme, ont présenté le 28 août Boursagri, leur plateforme de commerce des grains qui doit apporter transparence et fluidité sur le marché physique.
Après trois ans de travail assidu, Gilles et Raphaël Jeudy, à la tête du négoce éponyme, ont présenté le 28 août Boursagri, leur plateforme de commerce des grains qui doit apporter transparence et fluidité sur le marché physique.
« Notre modèle économique devait changer ». Ce constat, Gilles et Raphaël Jeudy l’ont fait en 2015. A la tête d’un négoce familial en bonne santé qui fête ses 90 ans cette année, le père et le fils voient alors se développer les capacités de stockage chez les agriculteurs de même que les courtiers en culture, qui court-circuitent les circuits traditionnels de commercialisation. Pour réagir et aller de l’avant, ils décident de renverser la vapeur en créant « l’unique marché physique en ligne », comme l’a expliqué Gilles Jeudy, en conférence de presse le 28 août.
La plateforme Boursagri se veut une sorte d’équivalent du Matif pour le marché physique. Les vendeurs vont y déposer des offres, les acheteurs des demandes, et la plateforme signalera aux uns et aux autres les offres qui pourraient leur convenir. C’est le « matching », comme l’appellent les Jeudy. Il est établi lorsque cinq critères sont communs aux deux parties : le prix, l’année de récolte, le produit et ses caractéristiques qualitatives, bien sûr, mais également le lieu de chargement et les critères logistiques. Le négoce effectue la mise en relation mais pas plus : « nous n’intervenons pas en tant que négoce sur les prix », a bien précise Gilles Jeudy.
Le négoce garant de la transaction entre acheteur et vendeur
Dans les faits, la marchandise sera achetée par l’OS qui la revendra à l’acheteur. Un système simple qui permet à tout agriculteur de vendre ses lots sans exigence d’agrément, tout en sécurisant l’acheteur, qui sait à qui il peut s’adresser en cas de problème. Le négoce prendra les risques en cas de dédit du fournisseur ou de problème sur la qualité des lots. Il se rémunèrera via une commission prise à la fois chez le vendeur et l’acheteur, « très faible », selon les Jeudy.
Lorsque les critères « matcheront », les contrats seront établis automatiquement avec le négoce. « Toutes les conditions de contractualisation sont signées une fois pour toutes via les conditions générales d’utilisation », a indiqué Raphaël Jeudy. Les contrats ont pour base le contrat Incograin n°19, qui laisse à la charge de l’acheteur l’organisation du transport. Car la plateforme gère la mise en relation et la transaction, mais pas la logistique. « Les deux parties ont tout de suite à disposition leurs coordonnées respectives pour régler ces questions », a souligné Gilles Jeudy.
Un objectif de 80 000 tonnes échangées d’ici trois ans
Pour la famille Jeudy, cette offre constitue ni plus ni moins qu’une « révolution », car elle va amener fluidité et transparence dans un marché encore relativement opaque. Les Jeudy ambitionnent d’ici trois ans un tonnage physique de 80 000 tonnes échangé sur la plateforme, en plus des 50 000 tonnes qui passent aujourd’hui dans leurs silos. Atteindre cet objectif leur permettrait de rentabiliser leur investissement initial.
Si les agriculteurs qui ont testé l’outil semblent plutôt séduits, il faudra faire venir des acheteurs. Pour ce faire, les Jeudy compte notamment sur les courtiers traditionnels, qui auront un accès privilégié à Boursagri pour travailler avec leurs clients. Ils visent en particulier le monde de l’alimentation animale. Le lancement officiel de la plateforme est prévu lors du salon Innovagri.