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Le glyphosate pas loin de sortir de l’Europe

Les États membres de l’UE doivent s’exprimer sur la ré-autorisation du glyphosate pour dix ans. La France votera contre. Levée de boucliers…

L'usage avant l'implantation d'une culture représente 80 % des utilisations de glyphosate en France, selon une étude Ipsos.
© C. Gloria

Stop ou encore ? L’avenir du glyphosate apparaît bien incertain en Europe. Les États membres de l’Union européenne devaient s’exprimer en ce début octobre sur la proposition de la Commission européenne de renouveler l’autorisation de l’herbicide pour dix ans. Par les voix de Nicolas Hulot, ministre de la Transition écologique et solidaire, puis de Matignon, la France a, dès cet été, fait savoir qu’elle voterait contre cette ré-autorisation. De son côté, le ministre de l’Agriculture, Stéphane Travert, ménageant la chèvre et le chou, demande du temps pour trouver des produits de substitution. La plupart des organisations agricoles s’insurgent contre cette décision parmi lesquelles celles des producteurs de grandes cultures. AGPB, AGPM, FOP et CGB ont transmis un courrier commun au président de la République, Emmanuel Macron, le 30 août. « La molécule est essentielle pour les producteurs de grandes cultures… Son retrait sans véritable alternative pourrait entraîner une perte économique de près d’un milliard d’euros par an pour l’agriculture française. » Les syndicats basent l’estimation sur une étude d’Arvalis.

Surcoût de production de 26 % en grandes cultures

Une autre étude menée par l’institut Ipsos est opportunément sortie début septembre. « La France pourrait perdre plusieurs milliards d’euros (Mds €) en cas d’interdiction du glyphosate, à cause d’une baisse de rendement et donc un retrait des exportations pour les céréales en particulier (- 1,06 Mds €) et le vin. 73 % des agriculteurs(1) pensent que le retrait aurait un impact sur l’organisation du travail de leur exploitation pour ceux qui l’utilisent. Le retrait engendrerait un surcoût de production de 26 % pour les grandes cultures et donc une perte de rentabilité de 33 % pour les exploitations céréalières », estime l’institut. Les chiffres sont impressionnants. L’étude Ipsos a été commandée et relayée par la Plateforme Glyphosate, qui regroupe les entreprises commercialisant l’herbicide en France.

Les producteurs de grandes cultures qui pourraient pâtir le plus du retrait de ce produit sont les agriculteurs adeptes du non labour où le glyphosate fait office de « labour chimique » pour supprimer les adventices et repousses à l’interculture. Une organisation comme l’Apad (2) qui prône l’agriculture de conservation des sols ne s’en cache pas : « En supprimant radicalement un outil (ndlr, le glyphosate) plutôt que l’encadrer intelligemment, le gouvernement sera responsable d’un retour à un travail du sol accru et coûteux qui dégrade les sols, les appauvrit et détruit les processus de régulation écologique permettant le stockage de carbone ou de lutter contre l’érosion... Ce serait remettre la charrue… avant les bœufs. »

(1) 904 agriculteurs enquêtés
(2) Association pour la promotion d’une agriculture durable

Les agriculteurs allemands eux aussi inquiets

"En tant qu'agriculteurs, il nous incombe d'utiliser le glyphosate avec précaution", a expliqué Wolfgang Vogel, vice-président du DBV (équivalent allemand de la FNSEA), lors d'un point presse organisé le 14 septembre par la FOP. Les producteurs allemands ont ainsi abandonné l'application avant récolte du colza de l'herbicide, qui leur servait à accélerer la dessication des plantes. Mais "ce serait très dur pour nous si l'on devait renoncer totalement au glyphosate", a affirmé le responsable. Jusqu'à présent, le rapporteur allemand, favorable à une réhomologation du produit, s'est abstenu de s'exprimer faute d'une position claire au sein de son gouvernement. Wolgang Vogel espère que la donne changera après les élections allemandes du 24 septembre.

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