Vague de froid : y a-t-il un risque pour les céréales ?
L’alerte « grand froid » a été émise dans vingt-quatre départements. Cette vague de froid représente-t-elle une menace pour les cultures, et en particulier pour les céréales ? Le risque est limité pour les blés mais nettement plus élevé pour les orges de printemps semées à l’automne.
L’alerte « grand froid » a été émise dans vingt-quatre départements. Cette vague de froid représente-t-elle une menace pour les cultures, et en particulier pour les céréales ? Le risque est limité pour les blés mais nettement plus élevé pour les orges de printemps semées à l’automne.
Le thermomètre va chuter dans les jours à venir, avec des prévisions de températures à -8°C sous abri pour mercredi 10 février. Le phénomène touchera de nombreuses régions au nord de la Loire - Metz, Dijon, Orléans – mais aussi Caen, Rennes, Lille ou Beauvais, où un tel niveau de température n’a pas été atteint depuis longtemps.
Ces fortes gelées peuvent-elles endommager les blés en place ? L’espèce est sensible au froid à partir de -8°C jusqu’à la mi-montaison, particulièrement à la levée et à l’émission des feuilles et des talles.
L’intensité des dégâts dépend de la vitesse d’apparition du froid : plus les températures baissent rapidement, plus les dégâts peuvent être importants. Quand les températures descendent progressivement, la plante s’endurcit et devient moins vulnérable au froid.
La situation actuelle correspond plutôt à ce cas de figure. En revanche, les dégâts peuvent être sévères si le niveau d‘humidité du sol est important, en particulier si le sol est saturé en eau. Les niveaux de précipitations de ces dernières semaines justifient ces craintes.
Le gel peut provoquer la rupture de l’entre-nœud des céréales, alors qu'il relie les racines séminales au plateau de tallage. Ce phénomène mécanique affecte plus sensiblement les sols crayeux et argilo-calcaires.
Si la céréale n’a pas atteint le stade 3 feuilles, ce phénomène peut provoquer la mort des pieds : les racines adventices ne se développent qu’à partir du stade tallage. Les semis profonds sont particulièrement sensibles à ces situations : dans ce cas, l’élongation de l’entre-nœud est nette.
Le manteau neigeux : un allié capital pour protéger les céréales du gel
La plupart des blés tendres d’hiver ne devraient pas souffrir de l’épisode de froid actuel s’ils ont été semés aux dates préconisées, d’autant que des chutes de neige sont annoncées dès ce soir en Bretagne, Normandie, Centre Val de Loire, Ile de France, Hauts de France. Météo France a émis une alerte orange pour 24 départements.
Un manteau neigeux de plusieurs centimètres devrait protéger les blés dès mardi soir, 9 février, juste avant la chute des températures, annoncée pour le 10 février.
Si le risque est modéré pour les blés tendres, les craintes sont nettement plus importantes pour les orges de printemps semées à l’automne, qui possèdent une moindre résistance au froid. Or cette culture représenterait un quart des surfaces d’orges de printemps, soit plus de 100 000 hectares.
La technique s’est fortement développée à la faveur des hivers cléments des dernières campagnes. Elle consiste à nettement anticiper la date de semis, dès le mois de novembre, pour éviter les stress de fin de cycle et accroître le potentiel de production.
Les dégâts ne pourront être évalués qu'à la reprise de végétation
D'autres cultures comme le pois d'hiver ou le lin d'hiver peuvent être affectées par ce froid. Dans tous les cas, les dégâts ne pourront être observés qu’une fois la période de gel terminée : pour le blé, les feuilles prennent une teinte rouge et vert foncé. Dans les cas les plus sévères, les pieds dépérissent et meurent plusieurs semaines après, imposant parfois un resemis.
Dans les situations les plus critiques, le seuil de retournement du blé varie selon les régions de 70 plantes/m2 (climat océanique) à 120 plantes/m2 (climat continental).