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Engrais azotés : quelle stratégie d'achat adopter pour la prochaine campagne ?

La nouvelle campagne d’achats d’engrais azotés par les agriculteurs pour 2025 démarre à peine. C’est le moment de réfléchir à sa stratégie pour sécuriser son approvisionnement au meilleur prix.

Epandage d'engrais sur champ de blé
Le prix de l'unité d'azote diffère selon la forme d'engrais. Avec un coût de 0,80 euro par unité d'azote, la solution azotée est actuellement la plus avantageuse.
© S. Leitenberger - stock.adobe.com

Deux ans après la flambée du prix des céréales et des engrais causée par la guerre en Ukraine, les achats d’engrais ont pris une dimension plus stratégique qu’auparavant. Les agriculteurs sont désormais attentifs à la période la plus avantageuse pour se fournir ainsi qu’à la forme d’engrais qu’ils vont se procurer pour la prochaine campagne de fertilisation.

Depuis 2022, la situation géopolitique ne s’est pas arrangée, loin de là. Avec désormais un deuxième conflit au Moyen-Orient qui déclenche chaque jour des soubresauts du prix du pétrole ainsi que du gaz, ressource actuellement indispensable à la fabrication d’engrais minéraux. Dans un sens comme dans l’autre, on sait dorénavant que de fortes évolutions de prix sont possibles. Alors que s’achève la campagne d’application des engrais azotés pour la campagne 2024, comment bien décider de la stratégie à adopter ? Une chose est sûre, si les prix ont largement baissé, on reste toutefois sur des standards plutôt hauts du coût de la fertilisation. « Sur quinze ans, entre 2007 et 2022, on est dans le quart supérieur des prix de l’azote », avance Sylvain Jessionesse, fondateur de Piloter sa ferme. Avec un prix de la solution azotée autour de 0,80-0,85 euro l’unité d’azote, ça reste des prix durablement élevés. » Malgré tout, les prix de l’azote retrouvent une certaine cohérence. « On est sur les mêmes rapports de prix qu’entre 2014 et 2020 avant l’arrivée des fortes volatilités », précise-t-il.

Engager de la récolte en parallèle des achats d’engrais

Au printemps 2023, des premiers achats ont pu être réalisés pour se couvrir en engrais, sans forcément engager de récolte 2024 en parallèle, à des prix qui permettaient pourtant à l’époque de couvrir ses charges. « Il est possible de commencer à se couvrir en azote, considère Sylvain Jessionesse, mais il est judicieux de commencer à vendre en parallèle de la récolte 2025. » Le léger rebond des cours des céréales justifie d’autant plus cette stratégie. Pour les plus sécuritaires, ce contexte peut constituer une opportunité pour engager de la récolte et répartir son risque en fractionnant ses achats d’engrais. « Depuis un mois, on propose aux agriculteurs de s’avancer autour de 50 % », explique par exemple Pierre-Antoine Foreau de Cereapro.

Ce démarrage précoce de la campagne peut toutefois poser question. « On voit certains opérateurs digitaux qui démarrent très tôt la campagne, le risque est d’envoyer des mauvais signaux aux producteurs d’engrais avec pour conséquence une hausse des prix », s’inquiète Cédric Benoist, secrétaire général adjoint de l’Association générale des producteurs de blé (AGPB).

Des freins aux achats d’engrais

Si certains agriculteurs commencent à se couvrir, plusieurs paramètres peuvent toutefois freiner les achats d’engrais. À commencer par la capacité à les financer. Cette année, au-delà des prix actuels, se pose en effet la question de la trésorerie disponible pour acheter ses intrants. Certains seront contraints d’attendre la vente de la récolte à venir pour se permettre de s’approvisionner. Pour ceux qui souhaitent à tout prix se fournir dès maintenant, les prêts à court terme restent une possibilité.

L’attitude attentiste peut aussi se retrouver chez ceux qui espèrent des opportunités de prix plus attractives. Traditionnellement, avant le conflit en Ukraine, les points bas de morte-saison se situaient plutôt en été.

Les aspects logistiques à ne pas négliger

La France n’est pas souveraine en matière d’approvisionnement d’azote. D’après les chiffres de l’Unifa, c’est près de 70 % de ce qui est utilisé sur le territoire qui est importé, principalement par voie portuaire. « Cela peut parfois gêner la fluidité des approvisionnements, car l’arrivée des marchandises par bateau peut prendre du temps. On peut se retrouver avec des ruptures de charge quand tout le monde veut son engrais au même moment », observe Denis Lefevre, directeur commercial chez Amaltis, grossiste en engrais. Pour lui, les contraintes logistiques sont aussi à avoir en tête pour garantir l’approvisionnement de tous les agriculteurs en temps et en heure. « L’idéal reste que les achats s’écoulent sur l’année », considère-t-il.

70 % des engrais azotés importés

La France importe 70 % des engrais azotés qu’elle consomme. Pour moitié, cela provient des États membres de l’Union européenne (ammonitrate), le reste provient des grands pays gaziers, que sont la Russie, les États-Unis, l’Égypte ou encore l’Algérie, principalement sous forme d’urée ou de solution azotée. « À l’échelle européenne, avant le conflit en Ukraine, environ 30 % des importations provenaient de Russie et 20 % d’Égypte, aujourd’hui, cette proportion s’est inversée », note Alexandre Willekens. Concernant sa propre production d’ammonitrates, la France compte encore quatre usines, détenues par deux groupes européens, indique l’Union des industries de la fertilisation (Unifa), dans son Livre blanc sur la fertilisation azotée.

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