Désherber ses céréales en sortie d’hiver pour transformer l’essai
Choix de produit, bonne prévision météo, conditions de
traitement optimales… contre les graminées, le désherbage de sortie
d’hiver nécessite le respect de plusieurs règles pour être plus efficace.

Les graminées à problèmes telles le vulpin et le ray-grass sont tenaces à tel point qu’il faut souvent intervenir à la sortie de l’hiver même après un désherbage à l’automne.Malheureusement, les essais le prouvent : les efficacités des herbicides inhibiteurs de l’ALS mais aussi des antigraminées foliaires des familles des fop et den se dégradent au fil des années. « Au cours des dix dernières années, nous avons perdu plus de 40 points d’efficacité en moyenne pour le produit Archipel », témoigne Ludovic Bonin,Arvalis. Face à ce constat, la stratégie du programme de désherbage d’automne + sortie d’hiver peut se justifier dans les situations très infestées.Mais la baisse de performance ne doit pas être un argument pour baisser la garde en février, mars ou avril. « En sortie d’hiver, il vaut mieux traiter le plus tôt possible, c’est-à-dire avant ou bien au moment du premier apport d’azote », conseille Ludovic Bonin.
DES TEMPÉRATURES SUPÉRIEURES À 5 °C
Des essais d’Arvalis montrent une efficacité optimale d’Atlantis WG sur raygrass pour des traitements jusqu’à la deuxième quinzaine de février. Ensuite, les efficacités décrochent sensiblement. On trouve plusieurs explications aux performances insatisfaisantes en mars et avril. D’une part, l’adventice est à un stade développé sur lequel les herbicides sont inévitablement moins efficaces. D’autre part, plus on avance en saison, plus on risque de trouver des conditions climatiques très changeantes sur un court laps de temps en termes de températures et de pluviométrie. Bayer Crop- Science rappelle quelques règles à respecter dans l’utilisation des herbicides en sortie d’hiver et au printemps. « Il faut des températures supérieures à 5 °C avec des amplitudes ne dépassant pas 15 degrés. Plus on avance dans le temps, plus les amplitudes vont s’accentuer, confirme la firme. Il vaut mieux éviter de traiter s’il est prévu une diminution forte de température car, dans ce cas, la plante ralentit sa croissance et absorbera moins de produit. Pour le reste, le sol doit être légèrement humide en surface, l’hygrométrie supérieure à 60 % et le vent faible. » Des outils d’aide à la décision permettent de bien cibler la période de traitement optimale sur la base de prévisions climatiques précises et du stade phénologique des adventices : CIBlé de Bayer CropScience,AgroMétéo de Syngenta…
UN INHIBITEUR DE L’ALS OU FOP/DEN
Quels produits choisir en sortie d’hiver? Il y a deux familles, les inhibiteurs de l’ALS (Archipel,Atlantis,Abak,Octogon, Kalenkoa…) et les fop et den (Axial Pratic, Agdis 100, Traxos Pratic, Célio, Baghera…) ou les deux à la fois (Hussar Pro…). « Dans l’ensemble des sept essais de la campagne 2012-2013, nous observons une dérive d’efficacité pour plusieurs des produits testés :Octogon, Hussar Pro, des produits sous numéro (H1211 et H1212) qui vont remplacer Atlantis et Archipel. Seul Axial Pratic + huile s’en sort pas trop mal avec une moyenne d’efficacité de 73 % et quatre essais au-dessus des 85 %, précise Ludovic Bonin. Sur vulpin, les résultats sont un peu meilleurs mais néanmoins variables. Les nouveautés H1211 et H1212 obtiennent des efficacités supérieures à 90 %. » Par ailleurs, des essais Arvalis montrent qu’Axial Pratic (pinoxaden) est sensiblement meilleur que Traxos Pratic (pinoxaden + clodinafop) sur ray-grass grâce à un grammage plus important en pinoxaden. Sur vulpin, les deux produits de Syngenta sont équivalents. Que ce soient les spécialistes d’Arvalis ou ceux de l’Inra comme Christophe Délye, tous insistent sur la nécessité d’appliquer une dose efficace pouvant détruire les adventices à 100 % si possible.
CHERCHER LE 100 % D’EFFICACITÉ
C’est la meilleure façon de diminuer la probabilité de sélectionner des adventices résistantes aux herbicides dans les populations de plantes. La stratégie du programme avec des traitements à l’automne et en sortie d’hiver répond à cet objectif de performance, valable aussi pour réduire la concurrence des adventices ayant un impact sur le rendement. Toutefois, dans les situations de faibles pressions adventices et pour lesquelles aucune résistance n’a été détectée, il est possible de ne recourir qu’au traitement unique de sortie d’hiver. Ces situations existent quand l’agriculteur a pris bien soin de jouer sur plusieurs tableaux pour contrer les mauvaises herbes : rotations longues, diversité de modes d’action dans les produits utilisés, travail du sol…