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Colza : des variétés passe-partout pour sécuriser le rendement

Une variété de colza doit offrir un bon rendement et surtout renouveler cette performance tous les ans en s’affranchissant des aléas pédoclimatiques. Face à ce caractère de stabilité, toutes les variétés ne se valent pas.

Un nombre élevé d’essais, localisés dans des situations aux conditions diversifiées, est la meilleure garantie de mesurer la stabilité des variétés.
Un nombre élevé d’essais, localisés dans des situations aux conditions diversifiées, est la meilleure garantie de mesurer la stabilité des variétés.
© C. Gloria

« Je préfère des variétés 4x4 faisant 103-104 % de rendement de la moyenne de nos essais tous les ans plutôt qu’une variété très performante faisant 108-110 % une année, mais 90 % l’année suivante. » Pour Vincent Heip, responsable des semences à la coopérative Lorca, la régularité de rendement des variétés de colza est un critère essentiel. Avec le niveau de rendement au sens strict, cette stabilité de production est un gage de réussite pour une variété et une sécurité pour le producteur.

Comment peut-on la juger dans les résultats variétaux ? « La régularité au niveau national m’apparaît importante à analyser, en regardant les indices de rendement dans chaque région, conseille Arnaud Van Boxsom, responsable de l’évaluation des variétés chez Terres Inovia. Il y a quelques années, DK Exstorm a connu une grande carrière car cette variété était performante dans toutes les régions en plus d’être régulière entre années. Cela signifiait qu’elle s’adaptait à des conditions pédoclimatiques diverses. C’est un gage de sécurité d’avoir une variété qui s’exprime bien dans tous les milieux. »

Plusieurs sources sont disponibles pour se faire une idée de la régularité des variétés. Terres Inovia publie chaque année des résultats d’essais pour les variétés les plus en vue dans différentes régions. « Nous évaluons les nouvelles variétés en post-inscription, avec de 45 à 50 essais validés en France chaque année. Les résultats nous permettent de juger de la variabilité d’une variété entre ces différents essais », présente Arnaud Van Boxsom. Les deux années d’essais à l’inscription du CTPS peuvent également être prises en compte pour analyser la variation de rendement d’une variété. Le nombre d’essais est moins important (autour d’une dizaine chaque année), mais l’évaluation porte sur un nombre élevé de variétés.

Le Geves publie les détails des résultats de chaque variété admise à l’inscription. Un document de synthèse présente sous forme de graphe la décomposition de la cotation rendement grains par rapport aux témoins pour chaque variété sur chacune des deux années d’évaluation. Cette présentation donne une bonne idée de la variabilité de rendement d’une variété.

Un nombre élevé d’essais, localisés dans des situations aux conditions diversifiées, est la meilleure garantie de mesurer la stabilité des variétés. Les semenciers constituent des réseaux d’expérimentation les plus vastes possibles, en France et au-delà de nos frontières, puisqu’une variété de colza peut être développée dans plusieurs pays européens. « Un hybride comme LG Austin, qui se comporte bien en France, est également bien classé dans d’autres pays de l’Union européenne, ce qui confirme son caractère de stabilité importante », présente en guise d’exemple Clara Simon, responsable de la sélection colza chez LG.

Des caractères pèsent-ils plus particulièrement sur la régularité ? Le niveau d’attaque des ravageurs à l’automne diffère selon les années, avec un impact sur le rendement en conséquence. La robustesse variétale face à ces attaques est un élément de stabilité entre années ou entre situations. « Nous avons la chance d’avoir KWS Feliciano dans notre gamme pour laquelle a été mise en évidence une tolérance aux ravageurs d’automne significative par rapport aux autres variétés. Nous mettons à profit ce caractère dans d’autres obtentions que nous lançons sur le marché comme KWS Arianos, KWS Pianos et KWS Dingos », présente Arnaud Nogues, chef produit colza chez KWS Maïs France.

Les variétés répondent différemment aux apports d’azote. Certains hybrides perdront moins de rendement que d’autres face à une disponibilité insuffisante d’azote dans le sol. « Des variétés se montrent plus tolérantes à une mauvaise disponibilité en azote due à une sécheresse au printemps par exemple, expose Clara Simon, chez LG. Nous leur avons attribué un label N-Flex, comme à LG Aviron et LG Austin. » D’autres semenciers commencent à caractériser leurs variétés sur ce critère.

Le manque d’eau peut occasionner un stress sur la culture à l’implantation, mais aussi en fin de cycle, avec un impact sur le poids de mille grains. « Sur les deux années d’inscription 2020 et 2021, la variété KWS Arianos a montré un haut niveau de rendement régulier, malgré des profils climatiques très différents, affirme Arnaud Nogues. KWS Arianos n’établit pas ses composantes de rendement uniquement sur la fin de cycle et le PMG, puisqu’elle s’est bien comportée en 2020, année avec un fort stress de fin de cycle. En 2021, la pluviométrie a été plus favorable aux rendements mais les gels tardifs ont pu occasionner un impact sur le nombre de silique et de grains. Or, KWS Arianos s’en est bien sortie avec une bonne capacité de compensation pour remettre en place ce qu’il fallait pour avoir du rendement. »

La plupart des variétés se montrent tolérantes à l’égrenage tout comme à la verse, selon Arnaud Van Boxsom. Pour autant, le semencier LG met en avant ce caractère de tolérance chez plusieurs de ses variétés. Responsable du service développement de la coopérative de Bonneval, Clément Jullien note des différences entre variétés au champ quand surviennent des orages. « Des mesures en laboratoire sur des prélèvements de siliques sont effectuées pour mesurer la tolérance de chaque variété, explique-t-il. Les variétés qui se montreraient trop sensibles à l’égrenage ou à la verse de fin de cycle peuvent être éliminées du choix de notre coopérative. »

Si LG met en avant la tolérance de ses variétés à la cylindrosporiose ou à des virus qui sont autant de facteurs de pertes de rendement, Arnaud Van Boxsom alerte sur la nécessité de conserver l’obtention de variétés tolérantes au phoma, même si cette maladie s’est faite discrète ces dernières années : « il y a toujours du phoma qui traine malgré tout. Une variété comme LG Acropole très performante en rendement est sensible au phoma, ce qui laisse peser un risque de chute de production en cas d’attaque. » Pas de droit à l’erreur pour les variétés.

CHIFFRES CLÉS

Un nombre de variétés en nette augmentation

26 nouvelles variétés de colza ont été inscrites au catalogue français des variétés fin 2021, chiffre en nette augmentation. Une trentaine de variétés supplémentaires pourraient être inscrites pour la prochaine campagne.

49 116 ha sont cultivés avec l’hybride LG Aviron, première variété de colza en France en 2021-2022 devant KWS Feliciano (21 373 ha) et LG Acropole (un peu plus de 17 000 ha)

37,94 % de part de marché à LG en semences certifiées de colza en 2021-2022 devant KWS Maïs France (14,16 %), Euralis Semences (9,17 %), Momont (8,76 %), Dekalb (6,63 %), RAGT Semences (6,56 %)

1,156 million d’ha de colza en France en 2022 et augmentation de 18 % par rapport à la campagne précédente

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