Blé tendre et orge d’hiver : quel impact du froid ces derniers jours ?
Le froid de ces derniers jours est arrivé sur des céréales à des stades sensibles localement. Le point sur le risque de dégâts sur les épis en formation.
La fertilité des épis des blés et orges a-t-elle pu être affectée par le froid de ces derniers jours ? « Environ 20 % des parcelles de blé et d’orge étaient exposées au risque de "gel" méiose », exprimait Émeric Courbet, de la chambre d’agriculture de Haute-Saône le 23 avril.
La plupart des céréales étaient dans leur phase de montaison ces derniers jours. La méiose pollinique se déroule sur un court laps de temps et correspond à la formation de pollen viable et en quantité suffisante pour assurer une bonne autopollinisation et, par là même, une fertilité des épis. Elle se réalise quand « le sommet du jeune épi encore dans la gaine touche la ligule de l’avant-dernière feuille », précise la fiche Arvalis sur le risque d’accident cultural. Concrètement, le stade « méiose » est assez proche du stade « dernière feuille étalée » et se situe une dizaine de jours avant l’épiaison.
Une sensibilité variétale des blés et des orges mais pas de classement des variétés
« Des températures minimales inférieures à +4 °C associées à un faible le rayonnement (__SWYP_INC__200 cal/cm2/jour) ou à un excès d’eau plusieurs jours consécutifs peuvent pénaliser la fertilité du pollen », précise Émeric Courbet. Cette sensibilité concerne aussi bien les blés que les orges avec des variétés pouvant être plus touchées que d’autres. Mais un classement de sensibilité des variétés au risque de gel méiose n’a pas été établi, faute d’expérimentations dans des conditions permettant ce type de mesure.
« Nous étions au stade méiose pour les blés sur une grande partie de la région au moment des conditions froides avec des températures à risque, mentionne Ophélie Boulanger, ingénieure régionale Arvalis Rhône-Alpes. Mais on ne peut rien conclure à ce stade et le rayonnement a été bon ces derniers jours. » Même son de cloche en Centre-Val de Loire, « où les conditions de froid n’ont pas été très longues », selon Édouard Baranger, ingénieur Arvalis de la région. Il remarque « des situations très variables en termes de stades de développement des blés, compte tenu des dates de semis étalées. »
Davantage de risque sur les orges d’hiver en Bourgogne
Pour Diane Chavassieux, ingénieure régionale Bourgogne-Franche-Comté de l’institut technique, l’impact du rayonnement prévaut sur celui de la température sur le risque de gel méiose. « Or, nous avons enregistré des rayonnements entre 250 et 300 cal/cm2/j, ces derniers jours grâce à un bon ensoleillement. Dans notre région, le risque porte davantage sur les orges d’hiver qui étaient en plein stade méiose ces derniers jours alors que nous sommes moins inquiets pour le blé tendre dont la majorité arrivera au stade méiose la semaine prochaine d’avril-mai. Mais cela n’exclut pas que des parcelles semées tôt puissent être concernées. » La spécialiste met en avant l’effet nutritionnel sur le risque de gel méiose. « Il y a un accroissement de ce risque s’il y a une carence en certains oligoéléments notamment, cette situation pouvant se rencontrer sur des parcelles gorgées d’eau où l’absorption racinaire des plantes est réduite. »
Les spécialistes s’accordent pour conseiller de ne pas ajouter d’autres facteurs de stress aux cultures sous ces conditions météorologiques difficiles telles que des applications d’herbicides ou de régulateurs de croissance. Pour les fongicides, l’infestation en maladie prévaut sur la nécessité d’intervenir ou non.
Les éventuels dégâts ne pourront être perceptibles qu’après le stade floraison au moment du remplissage des grains. Ils pourront se traduire par une absence de grains répartie de manière aléatoire sur l’épi.
Un gel d’épi possible très localement
Le risque de gel de l’épi n’est pas exclu, outre celui de l’altération de la méiose. Il intervient pour des températures sous abri inférieures à -2 °C sur les céréales autour du stade dernière feuille pointante. « Mais il devrait être limité et très local », selon Diane Chavassieux, Arvalis en Bourgogne-Franche-Comté. Des dégâts consécutifs à ce type de gel avaient été constatés en avril 2017.