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Blé améliorant : l’offre s’étoffe avec des variétés moins précoces

Le nombre de nouvelles variétés a nettement augmenté ces deux dernières années en BAF (blés améliorants et de force) et cela devrait continuer. Avec des variétés moins précoces notamment, ce type de blé peut étendre son aire de production.

La résistance à la verse est recherchée dans les BAF avec des filières meuneries sous labels pour lesquels les régulateurs de croissance risquent d’être interdits à ...
La résistance à la verse est recherchée dans les BAF avec des filières meuneries sous labels pour lesquels les régulateurs de croissance risquent d’être interdits à terme.
© C. Gloria

« Les obtenteurs sentent qu’il y a un marché reprenant un peu de vigueur sur les blés améliorants et de force (BAF). Cinq nouvelles variétés ont été inscrites en France en 2024, trois en 2023, alors qu’habituellement il n’y avait qu’une ou deux nouvelles variétés par an », constate Philippe Du Cheyron, d’Arvalis. Les BAF représentent un peu plus de 200 000 hectares en France avec quelques variétés dominantes un peu anciennes comme Izalco CS, Rebelde, Bologna et Forcali. Les agriculteurs les produisent sous contrats avec des meuneries, sauf en agriculture biologique où ces BAF intéressent les producteurs pour leur teneur en protéines (1). « Des éleveurs recherchent parfois également des blés riches en protéines et très hauts en paille qu'ils peuvent trouver parmi les blés améliorants, pour en faire des compléments alimentaires dans les rations pour les animaux, informe Bernard Gourgues, de Lidea Seeds. Nous leur proposons les variétés Energo et Every. »

« Avec la suppression récente d’adjuvants exogènes en meunerie, l’utilisation de BAF est dorénavant la principale façon d’améliorer les farines, souligne François Cuvelier, d’Agri Obtentions. Il y a eu aussi une forte croissance avec le développement de la boulangerie industrielle et de la surgélation qui exige des farines avec un W (force boulangère) important. » En contrat meunerie, l’agriculteur peut toucher une prime jusqu’à plus de 100 euros la tonne, qui compense le déficit de rendement des BAF de l’ordre de 10-15 % par rapport à des blés conventionnels.

Des variétés meilleures en rendement sans pénaliser la protéine

Pour leur inscription au catalogue français et pour répondre aux exigences de la meunerie, les BAF doivent remplir des conditions en matière de qualité technologique sur plusieurs critères : force W, P/L, taux de protéines élevé… « Les obtenteurs recherchent des variétés meilleures en rendement sans pénaliser la teneur en protéines, observe Philippe Du Cheyron. C’est le cas de nouveautés comme KWS Constellum ou Galloway, mais il faut attendre encore quelques années de culture pour confirmer leur profil intéressant. »

Par rapport au profil de pâte pour le pain, il y a deux qualités recherchées : de la ténacité pour des pains denses et de l’extensibilité pour les pains de mie. « Les variétés Izalco CS et Rebelde sont sur un profil « tenace », où il y avait un problème de précocité. Lid Gatinel a été lancé en 2023. Il est un peu moins précoce qu’Izalco CS et se situe sur le créneau de Rebelde avec une meilleure tolérance aux maladies, décrit Bernard Gourgues. Pour le marché des blés extensibles où il n’y avait que de vieilles variétés comme Forcali, Lid Forlane amène du renouveau : grande qualité de grain et tolérances aux maladies. » KWS Forticium est une nouveauté également pour ce créneau des blés extensibles, demi-tardif à demi-précoce, adapté pour le Centre-Île-de-France.

Des nouvelles variétés pouvant être semées plus tôt

Sur le plan agronomique, les variétés très cultivées comme Izalco CS, Rebelde ou Forcali n’ont pas trop de lacunes. Mais ces références sont typées précoces, ne pouvant pas être semées avant la fin octobre. Les variétés trop précoces ne sont pas adaptées pour le Centre, repartant trop rapidement au printemps avec un risque de gel à des stades vulnérables et un cycle de développement trop court. « Des variétés plus tardives intéressent cette région, mais aussi des pays du centre de l’Europe avec un marché naissant pour les BAF », note Bernard Gourgues, de Lidea Seeds.

« Pour notre secteur, les variétés cultivées en Centre et Île-de-France et dans le Sud sont trop précoces. Nous recherchons des variétés demi-précoces à précoces et nous avons choisi trois variétés récemment inscrites qui répondent à ce besoin : Christoph, Galloway et KWS Constellum », présente Damien Rousseaux, de Vivescia, coopérative qui a mis « les bouchées doubles depuis quelques années pour développer ce type de blé. Nous réservons ces blés aux sols à faible potentiel en rendement, argilo-calcaires notamment, de façon à concentrer plus facilement les protéines et à réduire l’écart de rendement avec les variétés classiques. » Il note que des variétés sont meilleures que d’autres sur leur capacité à concentrer la protéine dans les grains, tout en gérant bien la fertilisation.

Une résistance à la verse très recherchée

Galloway peut être semé à partir de la mi-octobre (au lieu du 25 octobre pour d’autres BAF précoces du marché). « KWS Constellum est sur le créneau de qualité de Rebelde avec davantage de tardivité – on peut la semer plus tôt – et bien notée sur la tolérance aux maladies foliaires, notamment contre la septoriose (7,5), présente Nicolas Dezobry, chef marché céréales à paille et protéagineux chez KWS Momont. Il est supérieur en rendement et en septoriose à Rebelde en zone Centre avec un très bon niveau de protéines. »

Ces variétés plus tardives sont également recherchées par la coopérative Axereal, dans le Centre, « pour pouvoir les semer tôt, allonger leur cycle de développement et gagner en productivité », explique Séverine Baptiste, d’Axereal. La variété Izalco CS est remplacée par KWS Constellum dans les contrats filière chez Axereal et ce dernier devrait grignoter un peu des surfaces de Rebelde (la majorité des BAF chez Axereal) grâce à sa meilleure teneur en protéines et son PS élevé. »

Pour le marché du sud, KWS Momont propose une variété inscrite en Italie, KWS Criterium « qui apporte un vrai supplément en termes de productivité, une très bonne résistance à la verse qui est une faiblesse chez certains BAF comme Izalco CS. Mais il a un talon d’Achille, sa sensibilité à la rouille brune », présente Nicolas Dezobry.

La résistance à la verse est recherchée dans les BAF avec des filières meuneries sous labels pour lesquels les régulateurs de croissance risquent d’être interdits à terme. Les exigences réglementaires grandissantes concernant la limite de DON (mycotoxine) rendent de plus en plus pertinente une faible sensibilité à la fusariose des épis. Avec les nouvelles inscriptions, la production de BAF repose sur un panel élargi de variétés sur lesquelles l’agriculteur a davantage de latitude pour faire le choix le mieux adapté à sa situation.

(1) La nouveauté Lid Gatinel a été inscrite comme BAF en 2023 et comme blé adapté à l’agriculture biologique en 2024.

 

 
Séverine Baptiste, Axéréal :«Nous recherchons plus de tardiveté dans les variétés pour pouvoir les semer tôt, allonger leur cycle de développement et gagner en ...
Séverine Baptiste, Axéréal :«Nous recherchons plus de tardiveté dans les variétés pour pouvoir les semer tôt, allonger leur cycle de développement et gagner en productivité.» © C. Gloria

Deux grands bassins de production

Les BAF se concentrent dans deux grands bassins de production : Occitanie et Nouvelle-Aquitaine (44 % des surfaces en 2022) et Centre et Île-de-France (38 %), selon une enquête Arvalis et BVA. Ils ont tendance à diminuer dans le sud au profit du blé tendre conventionnel et augmentent dans les régions plus au nord. Les BAF du Sud-Ouest sont plutôt destinés à des marchés d’export, Espagne en particulier et Italie, avec deux variétés majeures très précoces : Izalco CS et Bologna. Ils représentent 25 % des blés tendres panifiables cultivés dans cette zone. La meunerie intérieure est le débouché quasi exclusif des BAF dans le Centre et l’Île-de-France, avec Rebelde (35 %) et Forcali (23 %) comme variétés majeures.

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