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Priméale - Portrait d’entreprise
Une première bio dans le traitement de l’eau

En septembre, l’entreprise normande disposera d’une station de traitement et d’épuration des eaux de lavage totalement biologique à Créances et pourrait développer cette méthode sur d’autres sites.

Priméale (groupe Agrial) a commercialisé plus de 488 000 t de légumes frais en 2010, enregistrant une progression de 2,6 % par rapport à 2009. L’entreprise est engagée depuis 2003 dans une démarche de développement durable qui a vu au fil des ans le lancement de barquettes biodégradables et éco-responsables, l’adoption de la certification GlobalGap et, en 2010, de la norme LEAF ou encore le rétablissement de zones de biodiversité. L’usage de l’eau revêt une importance primordiale. Les opérations de lavage et de traitement des légumes (prélavage, nettoyage, polissage, tamisage et ensuite refroidissement par hydrocooling ou système de douche selon les calibres) sont fortement consommatrices. Ainsi, la station de Créances (Manche) utilise 300 à 350 m3/jour d’eau en moyenne et peut aller jusqu’à 500 m3/jour en période de pic d’activité. Sur une année, la consommation d’eau approche les 60 000 m3. Afin d’assurer son approvisionnement, Priméale s’appuie sur l’eau de ville et sur deux forages à 50 m, au Sud et au Nord de la station. Les efforts menés jusqu’à aujourd’hui ont permis de stabiliser la consommation d’eau dans la station. La mise en place de fosses tampon entre certaines opérations et un bassin de décantation permettent de recycler l’eau. Comme le souligne Christophe Daubard, responsable d’exploitation : « Certaines opérations, en particulier le prélavage, demandent un débit et une force en eau importants. Les forages traditionnels près du site de Créances n’offraient vraiment pas ces deux critères. L’eau de recyclage en revanche le permet. En plus, nous préservons ainsi une réserve naturelle, ce qui entre dans notre politique environnementale. » Cependant le modèle avait ses limites : en effet, les eaux de finition devaient être envoyées sur le site voisin de Florette pour traitement, avec les coûts logistiques que cela pouvait entraîner.

Une première en France
Il s’est avéré nécessaire de trouver une solution alternative. Celle-ci s’est concrétisée par la nouvelle station de traitement qui sera opérationnelle en septembre. « Il a fallu trouver à un kilomètre de l’unité de Créances un site qui puisse accueillir la station sans avoir trop à subir la pression foncière dans une région caractérisée par l’atomisation de la propriété, explique Guy Saint-Lô, directeur d’exploitation. Ensuite, il fallait trouver le dispositif qui garantisse dans le temps le traitement durable des eaux de rejet, compte tenu de l’extrême sensibilité du milieu avec l’existence d’une activité ostréicole proche importante. » Un site de 4 ha de terres peu productives pour les légumes a ainsi été trouvé pour la nouvelle station de recyclage. Priméale a investi 500 000 € dans la station de traitement, avec l’appui du Comité de bassin Seine-Normandie à hauteur d’environ 15 %.
L’entreprise a fait le choix d’un système d’épuration bio dans lequel la matière organique résiduelle des rejets est assimilée par des bactéries. Le site est composé de trois bassins. Premièrement, la lagune d’aération agit en quelque sorte comme le réacteur biologique du système dans lequel se fait la dégradation de la matière organique avec un apport d’oxygène (elle est dotée de deux aérateurs flottants). Les bactéries assimilent aussi l’azote et le phosphore résiduels. Les eaux surnageantes provenant du premier bassin sont ensuite transférées vers la “piscine” de finition pour compléter le traitement (étape de décantation supplémentaire) et constituer une capacité tampon. Cette eau en réserve dans une troisième lagune est pompée soit vers la station de Créances, pour le lavage des légumes, soit vers un réseau de canaux ouverts qui irrigue une zone végétalisée adjacente composée de roselières à phragmites, de saules et de haies bocagères. Tous les trois ans, une coupe sera effectuée dans les saules (bois) et les roselières (paille). Enfin, la biomasse bactérienne en excès est transférée dans la lagune de stockage avant d’être réutilisée pour effectuer un épandage sur des terres agricoles.Elles contiennent l’azote et le phosphate assimilés par les bactéries, ce qui réduit l’usage d’intrants. Le plan prévoit un épandage tous les deux ans.
« Nous n’avions pas le choix : la taxation sur le prélèvement de l’eau mais aussi sur les rejets rendait indispensable cette installation, martèle Guy Saint-Lô. Si elle peut faire valeur d’exemple pour la profession, ce serait bien. Tout ce que nous espérons, c’est que nos concurrents entrent dans la même démarche. » Selon les résultats à Créances, Priméale pourrait développer cette méthode à sa station de Saint-Georges en face du Mont Saint-Michel mais pas, semblerait-il, sur celle du Val de Saire.

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