ABRICOT
Une filière en recherche de cohésion

« Nous avons besoin de plus de cohésion au sein de la filière », s’est exclamée Sabine Alary, co-présidente de la SIPMM Abricot. De la cohésion pour proposer des variétés gustatives aux consommateurs français. « Des retours consommateurs, certains estiment que cette année, les abricots n’avaient pas de goût, a continué la responsable professionnelle. Or un consommateur déçu ne revient pas avant trois semaines sur le produit ». De la cohésion sur l’export. « Nous avons besoin de variétés bonnes et solides capables de tenir 20 jours pour pouvoir conquérir de nouveaux marchés ». Peu de gros marchés ont pu être mis en place cette année. La faute en revient aux concurrents espagnols et italiens. « Ils produisent les mêmes variétés que nous, puisque que nous leur vendons les plants, mais avec plus de précocité ». Enfin, de la cohésion pour prendre en compte les besoins de l’industrie. « Nous avons besoin de l’industrie pour écouler certaines parcelles. Or beaucoup de variétés ne sont pas acceptées car leur dénoyautage n’est pas aisé ou encore, leur chair est trop fibreuse ». Et c’est bien la fermeture des portes des industriels qui a provoqué l’arrivée d’abricots de qualité B2 à la mi-été contribuant à engorger le marché du frais à cette époque. « Contrairement aux prévisions, la production était forte à cette époque, ce qui a entraîné une chute des prix », a expliqué Raphaël Martinez de l’AOPn pêche et abricots. Les prix se sont stabilisés mi-juillet grâce aux faibles volumes de Bergeron cette année. « Les résultats sont très contrastés selon les exploitations », a souligné le directeur de l’AOPn. Les producteurs qui ont misé sur le précoce ont eu des difficultés d’écoulement. La consommation de début de saison a été ralentie par les conditions climatiques pluvieuses. « Mais il y avait aussi une pression espagnole qui a ralenti la vente des abricots français ». Et pourtant, globalement, la récolte 2016 a été une petite année pour l’abricot européen. Seulement 442 000 tonnes ont été produites, soit moins de 5 % par rapport à la moyenne quinquennale. « Mais le potentiel de concurrence est devant », a prévenu Raphaël Martinez. En Aragon, sur les 2 000 ha plantés en abricot, 700 ha ont été plantés dans les trois dernières années. Et Bruno Darnaud, président de l’AOP pêches et abricots de France de conclure : « Nous devons nous réveiller et organiser la filière si on veut faire face à cette concurrence avec les distributeurs. »