Une année difficile pour la châtaigne européenne
Les conditions climatiques de l’année 2021 n’ont pas favorisé la production de châtaigne dans la plupart des bassins de production. Mais les nouvelles plantations engagées depuis quelques années compensent ces pertes.
Les conditions climatiques de l’année 2021 n’ont pas favorisé la production de châtaigne dans la plupart des bassins de production. Mais les nouvelles plantations engagées depuis quelques années compensent ces pertes.
Les 11es Journées européennes de la châtaigne ont dévoilé fin octobre les prévisions de récolte pour les principaux pays producteurs d’Europe. Malgré une année climatique difficile pour de nombreuses zones de production, la production annuelle devrait rester proche de celle de 2020, autour de 120 000 t avec beaucoup de fruits petits et moyens. Le Portugal, jeune cador européen de ce fruit à coque, débute tout juste les récoltes, laissant ces prévisions encore incertaines. « Mais les conditions climatiques ont été réunies tant à la floraison qu’en septembre pour assurer une bonne récolte », annonçait Jose Loranjo, représentant du pays pour Eurocastanea.
En 2020, le Portugal avait produit plus de 40 000 t. La filière a connu un fort développement dans ce pays avec une augmentation de 53 % de la production en dix ans. Le verger atteint aujourd’hui plus de 50 000 ha répartis dans sept régions. La consommation interne est soutenue par des variétés nationales très appréciées, consommées en frais. Malgré l’augmentation de la production, les exports ont chuté de moitié en cinq ans pour atteindre près de 7 000 t en 2020.
Des volumes italiens et espagnols à la baisse
L’Italie, second pays producteur, voit ses surfaces diminuer depuis les années 1970. Elles sont aujourd’hui stabilisées autour de 40 000 ha. « En 2021, quatre vagues de chaleur et de fortes pluies en fin de saison ont eu un impact négatif sur la production, détaillait Gabriele Beccaro. Dans toutes les régions d’Italie, le calibre moyen a été inférieur de 10 % à la moyenne et dans beaucoup d’entre elles, les taux de fruits véreux et fendus sont importants. » En Campanie, Latium, Toscane, Emilie Romagne, les volumes seront inférieurs de 20 à 40 % par rapport à l’année passée.
Mais les productions de Campanie et Piémont vont compenser cette baisse. Les volumes devraient avoisiner ceux de 2020, soit près de 30 000 t. L’Espagne a elle été aussi touchée par des conditions climatiques difficiles cette année. Les pluies printanières ont affecté la pollinisation et l’été très sec la phase de croissance des fruits. La récolte globale 2021 est estimée à 25 000 t, soit 20 % de moins par rapport à 2020, une année à la récolte déjà inférieure de 20 % par rapport à la moyenne quinquennale.
C’est surtout la Galice, première zone de production avec 70 000 ha de verger, qui perd près de la moitié de ses volumes par rapport à 2020 pour atteindre 10 000 t cette année. La Castille (30 000 ha de vergers) a elle aussi été touchée par une diminution de 30 % des volumes par rapport à 2020, soit une récolte estimée à 6 000 t. « Mais les taux de pertes sont très différents selon les variétés précoces ou tardives », soulignait Roberto Rubio pendant le webinaire.
La Grèce, un acteur montant
La Grèce est devenue depuis 2012, un acteur important de la filière européenne grâce à un projet national de lutte contre l’encre qui a porté ses fruits. « Entre 2013 et 2019, les volumes produits sont passés de 20 000 t à 38 000 t, soulignait Stephanos Diamandis. Depuis 2012, la Grèce est devenue un pays exportateur. » Comme pour l’Italie et l’Espagne, la sécheresse de l’été et les tempêtes début octobre ont fait chuter les volumes de l’année 2021. La récolte est estimée à 25 000 t, soit -40 % par rapport à l’année passée.
Enfin, la France devrait produire autour de 9 000 t comme l’année passée. « Nous avons subi des pertes dans le bassin du Sud-ouest dues au gel, à la grêle et aux neiges précoces mais la légère progression des surfaces les compense », indiquait Eric Bertoncello de la Chambre d’agriculture d'Ardèche. La récolte est estimée à 4 000 t dans ce bassin. Dans le Sud-est, les conditions ont été favorables à une production de qualité estimée à 3 000 t. Parmi les consommateurs, la châtaigne jouit d’une image de naturalité et de produit sain, que les producteurs conservent en se convertissant à l’agriculture biologique. Mais l’ensemble des représentants des pays ont souligné la nécessité de campagnes de marketing afin de mettre en avant ce produit, notamment auprès des plus jeunes.