VU PAR LE SPÉCIALISTE
Un protocole pour tester la résistance à la sharka
YOANN BRANS, Responsable du laboratoire de virologie et de biologie moléculaire du Ctifl
« Nous avons développé depuis 2012 un dispositif basé sur des observations biologiques et les outils moléculaires qui nous permet de trier les variétés d’abricot sensibles à la sharka. Nous pouvons dorénavant évaluer la résistance des cultivars proposés par les obtenteurs. Pour cela, nous avons besoin de 15 plants d’un cultivar. Sur ces 15 plants, 10 sont inoculés par le Plum pox virus (PPV-M) au niveau du porte-greffe. Au bout du troisième cycle végétatif en milieu confiné, en croisant les résultats des observations visuelles de symptômes de sharka et des détections de l’ARN du virus par PCR dans la variété, nous sommes en mesure de déterminer si la variété permet la multiplication du PPV ou non. Ce résultat est confirmé par la recherche de trois marqueurs moléculaires associés à la résistance au PPV (locus PPVres) publiés notamment par l’Inra. Sur les huit premiers cultivars testés, aucun des plants de Bergeval® Aviclocov, Lady Cotcov, Lily cotcov, Wonder cotcov et Carmingo® Farelycov n’a présenté de symptômes ni de détection du virus par PCR. Et ils sont tous porteurs des trois allèles de résistance. Deux variétés ont présenté un comportement différent. Dans certains plants de Robadacov et Carmingo® farbalycov, le virus a été détecté par PCR. Ces plants sont minoritaires : un à deux sur dix plants. Mais ce résultat suffit à démontrer que ces variétés sont sensibles au virus. Sur Carmingo® farbalycov, cette sensibilité peut s’expliquer par le fait que la variété ne possède qu’un seul allèle de résistance à la sharka. Le résultat sur Robadacov, qui possède les trois allèles de résistance, nous fait penser que ces marqueurs seuls ne sont pas suffisants pour déterminer la résistance d’une variété. Ce type de cultivar permet bien la multiplication du virus mais de manière plus lente. Ce comportement « tolérant » est à écarter. Bien qu’exprimant peu ou pas des symptômes, ils sont un réservoir du virus de la sharka. »