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FRUIT LOGISTICA - Russie
Un marché dépendant des importations

La majorité des importations russes de fruits et légumes provient de l’Union européenne. Mais la part de la France est peu importante du fait, entre autres, de sa quasi-absence des grands événements se déroulant dans la Fédération de Russie.

« La création de l’association France-Russie pour l’agroalimentaire est une excellente initiative (1), annonce en préambule Natalia Chtykalo, conseillère export Agrotech Ubifrance à Moscou, invitée du comité régional de promotion Paca pour une présentation du marché russe des fruits et légumes. C’est un marché où il faut chasser en meute. » La Fédération de Russie, c’est un marché de 142 millions d’habitants, dont 75 millions de population active. Le revenu moyen est de 450 €/mois, mais 14 millions de ménages ont un revenu de plus de 500 €/mois. Et surtout le marché russe des fruits et légumes est un marché qui n’est pas autosuffisant. La majorité de ses importations proviennent de l’Union européenne, variant entre 40 et 70 % en fonction des produits. « La politique de la Fédération de Russie est de remplacer progressivement les importations par les productions locales à un niveau de 90 à 95 %, en vertu du dogme étatique sur la sécurité alimentaire. Mais pour le moment c’est encore un rêve et il faut attendre des initiatives concrètes. »

De nombreuses possibilités pour les importations françaises
La part de la France dans les importations est peu importante, environ 3 % pour les fruits, et en régression autant en volumes qu’en valeur. Tous fruits et légumes confondus, les importations étaient de 72 000 t en 2008 pour un chiffre d’affaires de 27 millions d’euros, mais seulement de 48 000 t en 2009 pour 20 millions d’euros. Il y a pourtant des parts de marché à prendre. « La Fédération de Russie est loin d’être auto-suffisante notamment en fruits, même si la crise économique a ralenti les importations, mais elles vont reprendre. En 2009, elle a importé 5 millions de tonnes de fruits (dont 50 % de pommes) pour une récolte de 2,8 millions de tonnes. En revanche, en légumes, la même année elle n’a importé que 2,5 millions de tonnes pour une récolte de 13 millions de tonnes, notamment des pommes de terre, des carottes, des oignons, des betteraves ou des choux blancs. Cette année, en raison de la canicule, la production de pommes de terre est largement déficitaire avec 22 Mt contre 27 Mt en moyenne et les importations ont déjà commencé. »
Ceci étant depuis l’intervention de Natalia Chtykalo le 16 novembre dernier, la Fédération de Russie a levé des barrières sanitaires à ce produit. « Autre signe distinctif, c’est la volonté de diversification des producteurs de légumes. De nouvelles cultures apparaissent comme les tomates ou le concombre. »

En fruits, la production augmente, mais reste archaïque
En ce qui concerne les fruits, la production est en augmentation en 2009, elle s’est élevée à 2,7 millions de tonnes, dont les fruits à pépins (1,1 Mt), les fruits à noyau (479 000 t), les noix et noisettes (79 000 t), les fruits subtropicaux et agrumes (19 000 t), les petits fruits rouges (732 000 t) et le raisin (267 000 t), ces chiffres datant de 2008. « La production de fruits augmente, mais reste archaïque. Il existe de nombreux centres de recherche, mais ils ne sont pas capables d’aller vers une production moderne et massive. Néanmoins, il existe un programme étatique pour inciter à la modernisation des vergers de pommiers pour leur intensification. L’investissement initial est d’environ 10 000 E avec une aide de 20 % de l’Etat, et les premières subventions ont été versées en 2010. » De là naissent des structures importantes. C’est le cas, dans le Sud du pays, à Sad-Gigant, où plus de 2 000 ha produisent « à des rendements proches de ceux de l’Europe » et commercialisent à la marque Sady Predonia « leader pour la production de pommes de variétés endémiques et classiques en Europe. »
Les pommes (la France est passée de 22 M€ en 2008 à 13 M€ en 2009) et les poires représentent 28 % des importations globales de fruits de la Fédération de Russie en provenance de l’Europe et de l’hémisphère Sud, la banane « nourrissante et à bas prix » 19 %, les agrumes 25 %, le raisin 9 %, les abricots, pêches et cerises 7 %, et les fruits “autres” 12 %.

La Pologne, premier fournisseur de fruits pour la Russie
Mais de nouvelles concurrences apparaissent sur le marché très convoité de la Fédération de Russie. La Pologne figure en tête des pays fournisseurs de fruits avec 24 % des volumes et 25 % en valeur, suivie de la Chine (14 % en volume et 13 % en valeur), de l’Argentine (10 % et 12 %), de la Belgique (8 % et 11 %), de la Moldavie (10 % et 6 %), de l’Azerbaïdjan (4 % et 6 %), des Pays-Bas (4 % et 5 %) , de l’Italie (3 % et 3%) au même niveau que la France et le Chili, de l’Ukraine (4 % et 3 %), de l’Afrique du Sud et de la Serbie (2 % et 2 %), alors que l’Espagne et le Kirghizistan stagnent à 1 % et 1 %. Les pays “autres” se situant à 5 % en volume et 6 % en valeur.
Les importations de fruits à noyau sont intéressantes à observer. En 2009, la Fédération de Russie en a importés près de 360 000 t. L’Espagne arrive en tête avec 19 % de parts de marché, suivie de la Turquie (12 %), du Kirghizistan (10 %), de l’Ouzbékistan (9 %), de la Grèce (8 %), de la Serbie (7 %), de la Pologne (7 %), de l’Italie (6 %), de la Chine (3 %), de l’Azerbaïdjan, de la Moldavie, de la Hongrie et de l’Arménie pour chacun 3 % et enfin, en queue de peloton, de la France pour 1 %. Une mauvaise place pour l’Hexagone, pour laquelle Natalia Chtykalo a une explication. « Le consommateur russe apprécie les produits français pour leur qualité et leur goût. L’abricot français a fait une belle percée. Néanmoins, la difficulté est le prix, notamment en pêches et nectarines, plus élevé que celui de la plupart de leurs concurrents qui incitent les importateurs à aller acheter ailleurs. De plus, la France est moins visible que la plupart des pays exportateurs beaucoup plus actifs au niveau des salons, de la promotion ou des délégations. De plus, en Russie, les acheteurs raisonnent en termes de programme. Les fournisseurs français devraient construire des partenariats de longue durée et profiter des salons organisés en Russie pour se montrer. Par exemple, le séminaire fruits et légumes que nous avons organisé en 2006 a ouvert de nouveaux marchés aux participants. C’est également le cas de la mission menée par Saint Charles Export qui a ouvert de nouveaux flux d’affaires. Pour entrer sur le marché russe, il faut y aller et s’y montrer. Car il y a de la place à prendre. La consommation de fruits augmente. A 60 kg/an, il y a encore de la marge. C’est plus particulièrement le cas de la pomme dont la Fédération de Russie importe 79 % de ses besoins. »

Auchan, Carrefour ou Metro, des enseignes devenues populaires en Russie
Sur le plan logistique, plus de 80 % des marchandises arrivent par St-Pétersbourg (« la ligne Dunkerque-St-Pétersbourg a des effets très positifs ») ou Moscou mais le transport par camions, en dépit de son coût, reste majoritaire. « Entre les taxes et le transport par camion, le prix d’achat des marchandises est doublé. »
Sur le plan de la commercialisation, « la Fédération de Russie est entrée dans l’ère du commerce moderne. Tous les formats sont présents, des magasins d’Etat où les prix sont verrouillés, aux chaînes d’épicerie fine, où l’on trouve tous les produits à des prix exorbitants, aux hypers et supers. Auchan est devenu très populaire en Russie comme Carrefour ou Metro. » De son côté, Wal-Mart avait ouvert un bureau en 2008 dans l’intention de fusionner avec une chaîne locale, laquelle a été rachetée par le numéro un de la distribution en Russie, X5 Retail Group. Ce dernier annonçait en 2008-2009 un chiffre d’affaires de 4,7 Md€, suivi par Magnit (Russie) 3,8 Md€, Metro Group (Allemagne) 2,8 Md€, Auchan (France) 2,8 Md€, et Dixi (Russie) 1,2 Md€. Ce qui représente respectivement des parts de marché de l’ordre de 4,1 %, 2,9 %, 2,4 % 2,4 % et 1,1 %. Enfin l’autre grande tendance est la création de plates-formes de distribution pour être moins dépendants des importateurs.
Quant aux marchés de gros, l’incertitude pèse sur le devenir de celui de Moscou (« ils font les prix pour toute la Russie »), le maire de la ville ayant annoncé une franche opposition pour ce mode de mise en marché et des velléités pour le fermer.

(1) cf. fld hebdo du 26 octobre 2010.

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