Un manque de poire française
La filière poire gagnerait à se spécialiser pour répondre à l’attente des consommateurs de nouvelles poires françaises.
La filière poire gagnerait à se spécialiser pour répondre à l’attente des consommateurs de nouvelles poires françaises.
« Il manque 100 000 t de poires en France pour satisfaire la consommation intérieure », annonçait Vincent Guérin de l’Association nationale pomme-poire lors de la dernière journée technique poire à l’automne dernier. Une poire sur deux est en effet importée. A plus de la moitié, elles sont issues de Belgique, des Pays-Bas et d’Italie. Les Français mangent 7,2 kg de poire par ménage en moyenne sur les cinq dernières années, « un chiffre qui se stabilise depuis 2011 malgré une fluctuation interannuelle », continue le spécialiste. Conférence et Williams sont les deux variétés les plus plébiscitées avec plus d’un tiers des ménages qui en achètent, selon la dernière étude Kantar. « Les quantités achetées de Williams sont moindres du fait de sa plus courte période de vente », note l’économiste. Abate, Comice et Guyot arrivent dans un second groupe avec un taux de pénétration compris entre 15 et 30 % de la population. Un nombre de variétés produites en France limité, bien que supérieur aux leaders européens : Italie, Portugal, Belgique ou Pays-Bas qui sont spécialisés sur une variété. Près de 80 % des volumes français sont constitués de Williams, de Conférence, de Comice et de Guyot. « Les nouvelles variétés sont encore confidentielles », note le spécialiste. Les volumes ont chuté depuis 2002, surtout pour Williams et Guyot. Conférence et Comice ont des volumes stables depuis 2008.
Compléter le rayon avec de nouvelles couleurs
La France a pourtant une carte à jouer dans cette production, pour Vincent Guérin. « Selon le classement Belrose de la compétitivité, la France arrive 7e devant l’Italie ou le Portugal. » Les surfaces se sont stabilisées, le verger est dans un bon état sanitaire, la productivité s’améliore et la rentabilité est meilleure depuis quelques années. La consommation est fragile mais les consommateurs sont intéressés par une poire française. Pour l’anecdote, Vincent Guérin mentionne que « les distributeurs appellent l’ANPP pour savoir où trouver de la poire française. » Ils sont notamment intéressés par des nouveautés en rayon. « L’innovation variétale peut compléter la gamme avec de nouvelles couleurs, de nouvelles textures et réveiller le rayon », insiste l’économiste. Pour assurer une présence continue auprès des consommateurs, il est nécessaire de retrouver une dynamique de plantation et d’assurer une régularité de production. « L’organisation de la filière est un des principaux leviers, analyse Vincent Guérin. Peu de producteurs sont spécialisés et la poire est souvent considérée comme une culture d’appoint. » L’établissement d’une véritable stratégie poire passe par des vergers spécialisés, des outils de stockage et des conditionnements dédiés, des modes de distribution adaptés aux caractéristiques variétales et un marketing ciblé. Et de conclure : « La poire doit sortir de l’ombre de la pomme. »