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Portrait d’entreprise - Parentis-en-Born
Tom d’Aqui, l’autre façon de produire de la tomate

Avec un investissement de près de 20 millions d’euros à terme, Tom d’Aqui, la serre de Parentis, implantée dans les Landes, deviendra bientôt le plus important site de production de tomates au Sud.

Bientôt 10 ha dans les Landes. Entièrement dédiée à la tomate, Tom d’Aqui, la serre de Rougeline implantée en plein cœur des Landes, se hisse petit à petit comme le site le plus important du groupe coopératif Rougeline, qui fête cette année ses dix ans d’existence. A l’occasion de son inauguration le 8 avril, les quatre porteurs du projet – Bruno et Franck Vila, Vincent Audoy et Tobby Wright – ont annoncé leur volonté d’en faire le lieu de production leader en tomates dans le Sud de la France. Pour l’heure, la serre de Parentis-en-Born s’étend sur 6,8 ha et produit de la tomate Cœur de bœuf et des tomates cerises rouges, jaunes, tomates bonbons et marzounettes et vient de se voir doter d’une station de conditionnement d’expédition de 3 000 m2 avec une toiture photovoltaïque (coût : 1,5 M€). « L’an dernier on avait axé la production sur de la tomate grappe et Cœur de bœuf mais cette année nous avons décidé de dédier la moitié de la serre à de la production de segmentation, plus rentable », explique Tobby Wright, qui s’occupe de gérer la production dans la serre avec Vincent Audoy. « Nous sommes originaires des Pyrénées-Orientales, ajoute Bruno Vila, président de Rougeline. Ici, on ne peut pas gérer à distance, alors il nous fallait trouver des partenaires dans le coin. Or, Vincent Audoy et Tobby Wright travaillaient sur un projet de serre avec une chaudière à biomasse qui n’avait pas vu le jour, nous nous sommes donc retrouvés sur le projet de Parentis-en-Born qui permettait d’associer la société pétrolière Vermilion, qui cherchait un moyen de rentabiliser son site et une serre de production de tomates. » Cette année, l’agrandissement de la serre de 3,5 ha représentera un investissement de 3,5 M€. « Le Crédit Agricole a été la seule banque à nous faire confiance et nous bénéficions d’aides classiques FranceAgriMer et une filiale d’EDF nous soutient dans la construction d’une récupération de la chaleur via les torchères de gaz soufrés. » Aujourd’hui avec le principe de géothermie qui permet de récupérer l’eau souterraine du site pétrolier qui avoisine les 50 °C, la serre Tom d’Aqui produit quelque 6 MW théoriques et avec les torchères, cela doublera l’énergie produite, dont 4 à 5 MW seront transformés en électricité.
« Aujourd’hui ces torchères brûlent à l’air libre. Alors pour récupérer cette énergie, nous nous sommes rapprochés d’une filiale d’EDF, Verdesis, explique Franck Vila. Mais pour l’instant, ce projet est soumis à tout un ensemble d’autorisations. » C’est le nouveau principe en vigueur chez Rougeline d’ailleurs. Trouver des sites d’implantation de nouvelles serres permettant d’utiliser de l’énergie fatale, c’est-à-dire de l’énergie qui jusqu’à présent se perdait dans la nature. « En plus de chercher un site aux conditions climatiques optimales, nous nous intéressons évidemment à la ressource en eau, mais aussi au fait qu’il est possible de réaliser des économies d’énergie, par exemple en accouplant nos serres à des sites qui génèrent de l’énergie fatale », ajoute Franck Vila. Une manière aussi de rester compétitifs face à d’autre pays producteurs du Sud comme du Nord de l’Europe. Pour autant, la serre de Parentis-en-Born est dotée d’une chaufferie classique en cas de problème de réseau en géothermie. Et le projet peut se définir comme durable aussi parce qu’il emploie de la main-d’œuvre locale. « A terme, nous aurons embauché plus de 200 personnes alentours pour une production de tomates de 10 000 t avec une serre de 17 ha. »

Une nouvelle image de la ville
Quant au foncier, c’est la mairie qui a cédé le site et Rougeline paye un loyer annuel à Vermilion en fonction de l’énergie qu’il peut fournir. Il s’agit d’un contrat sur vingt ans. « Les torchères de soufre étaient jusqu’ici problématiques pour la ville de Parentis. Avec ce nouveau projet de récupération de gaz, cela va leur permettre de dépolluer davantage le site et d’apporter une meilleure image à la ville », ajoute Franck Vila. Un soutien du maire que ce dernier ne dément pas. « A l’origine en 2008, nous avions un problème de PLU, car il s’agissait d’un espace naturel à proximité du rivage du lac de Parentis-en-Born, explique sans détour le maire, Christian Ernandorena. Et puis le préfet est venu et nous a donné son accord et nous avons pu trouver une solution au PLU en passant ce lieu d’espace naturel à zone agricole. » Pour ce faire, la ville a aussi joué la transparence et envoyé le projet Tom d’Aqui à toutes les associations environnementales. Par la suite, « nous avons obtenu un accord à l’unanimité au conseil municipal Ce projet d’un montant de 20 M€ est une démarche de développement durable et cela va donner une nouvelle image à la ville de Parentis, se félicite Christian Ernandorena. D’autant plus qu’il y a création de richesse couplée à de l’emploi à l’échelle locale. »
Plus que la ville, la serre de Parentis est aussi félicitée à l’échelle régionale. La Fondation pour le développement de l’agriculture durable en Aquitaine annonçait ainsi que Tom d’Aqui venait d’être désigné par le jury d’experts de la Fondation comme projet d’excellence et bénéficie ainsi d’une bourse de 2 000 €, qui lui sera remise lors du salon de l’Agriculture d’Aquitaine à Bordeaux, le 1er juin prochain. « Il faut que de tels projets se fassent connaître dans la région et ailleurs. Ce qui a plu au jury c’est cette pleine capacité à entreprendre avec un projet axé sur l’emploi local tout en protégeant la nature », martèle ainsi Jean-Pierre Pargade, le président du Crédit Agricole d’Aquitaine venu remettre le prix en avant-première aux quatre jeunes producteurs.
Quatre jeunes dans le vent qui ont dû faire montre de ténacité pour mener à bien un projet d’envergure quasi nationale, « vitrine de ce que peut faire Rougeline dans les années à venir ». De multiples projets “durables” de nouvelles serres chez Rougeline sont à l’étude (Morcenx sur 10 ha, Perpignan sur 40 ha et Istres sur 20 ha).

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