Sur les marchés, on crée l’envie
Odile Boone, responsable du réseau “Bienvenue à la Ferme” en Picardie
« Le marché nous permet d’amener des gens sur nos fermes »
Bouillonnante, ce petit “bout de femme” aime aller au combat, défendre ses idées et ses convictions. Elle plaide pour que ce marché de producteurs conserve son éthique d’origine. Elle parcourt les routes de la Picardie pour défendre le réseau Bienvenue à la Ferme. Une sorte de “Madame 100 000 volts” qui ne s’arrête jamais : elle tricote, reçoit ses groupes, fabrique ses biscuits avec la farine qu’elle écrase avec sa meule dans sa ferme de Jumel. Rue Léon Blum, elle propose ses pulls, écharpes, gants ou chaussettes. « De mai à juillet, c’est plutôt calme, reconnaît-elle. Mais c’est la meilleure période pour vendre nos visites à la ferme. En faisant le marché, on sait ce qu’on veut (gagner notre vie), mais on sait surtout ce que l’on ne veut pas : c’est travailler le dimanche ! », conclut-elle.
Romain Godefroy, éleveur d’escargots
« Sur le marché, on crée l’envie ! »« En pleine saison de consommation, on a nos clients attitrés », explique Romain Godefroy qui avoue « ne pas voir les mêmes têtes pendant la période estivale. » Il élève depuis trois ans plus de 300 000 escargots/an et propose une gamme de produits cuisinés. Entre le 15 novembre et le 31 décembre, il réalise 45 % de son chiffre d’affaires annuel. « On n’achète pas d’escargots toutes les semaines », explique le producteur de Sentelie, petit village rural situé à 30 mn d’Amiens. C’est la raison pour laquelle il doit élargir sa clientèle, pour ne pas réduire son chiffre d’affaires hebdomadaire. Mais il ne déserterait pour rien au monde le marché en période creuse : « Nous nous devons d’être présents régulièrement, ne serait-ce que pour amener les gens à visiter notre élevage ! Et puis, sur les marchés, on crée l’envie. »
Liliane Bled, productrice
« La concurrence est stimulante »« Pour réussir sur un marché, un producteur se doit d’être transparent et crédible, explique Liliane Bled, productrice de légumes à Fréchencourt. On peut tromper le client une fois, mais ensuite il ne reviendra plus vous voir. » C’est ce qui fait la spécificité du marché. « On a les commentaires du client huit jours plus tard, explique-t-elle. On a un principe, celui de ne pas vendre ce qu’on n’achèterait pas nous-mêmes ». Liliane et sa belle-fille Angélique font leur métier avec passion et conviction. « Nous avons le plaisir de vendre de beaux légumes. Nous produisons des endives de pleine terre depuis plus de trente ans et avons développé la production de légumes sur notre exploitation pour permettre l’installation de notre fils Adrien. » La famille a sa philosophie : « On doit faire venir le client, mais il faut surtout le faire revenir ! »