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S’équiper pour améliorer la qualité

Jean-Louis Reverter optimise son activité de calibrage sur fruits à noyau avec un outil capable de détecter les défauts, le taux de sucre et la maturité. Un choix fait en priorité pour contenter ses clients.

Après quelques décennies passées à produire des pêches et des abricots dans la Crau, Jean-Louis Reverter, 57 ans, est toujours autant à l’affût d’innovations agricoles. S’il n’en est pas lui-même à l’origine, il va les chercher là où elles se trouvent. L’arboriculteur produit 3 000 tonnes de pêches et 800 tonnes d’abricots par an sur son verger de 140 hectares entre Salon, Grans et Istres (Bouches-du-Rhône). « Producteur indépendant, je commercialise en propre, ce qui me pousse à regarder de près les besoins de mes partenaires commerciaux, essentiellement de la grande distribution », témoigne-t-il. Equipé jusqu’à présent de calibreuses électroniques classiques, il vient d’investir dans de nouveaux matériels pour améliorer le tri qualitatif de l’ensemble de sa production.

« Un jeune enfant pourrait s’en servir »

Son choix s’est porté sur la technologie hollandaise d'Aweta. « Après un an de recul, je trouve ça formidable ! s’enthousiasme le producteur. Les machines sont faciles à utiliser. Un jeune enfant pourrait s’en servir. » Pour ses abricots, Jean-Louis Reverter a fait l’acquisition d’une calibreuse munie de godets plus petits et donc plus spécifiques aux fruits de petits calibres. Elle comporte des caméras qui trient les fruits selon leurs défauts externes et leur coloration. Une technologie de tri qualitatif que l’on retrouve aujourd’hui couramment dans les stations d’emballages modernes. « Elle permet aussi d’écarter des fruits en surmaturité comme les fruits mous ou ceux présentant un peu de pourriture externe, indique l’arboriculteur. L’année passée, il y a eu du mistral et donc beaucoup de fruits avec des défauts. Sans caméra, nous aurions eu sans doute des refus de lots or j’ai même réussi à sortir une qualité extra. »

Détecter le taux de sucre et la maturité

La machine sur laquelle sont triées ses pêches et nectarines embarque, elle, un scanner. Un Inscan détecte le taux de sucre et la maturité des pêches. « C’est un vrai plus parce que le consommateur est de plus en plus exigeant sur la maturité des fruits qu’il achète, lance Jean-Louis Reverter. En verger, c’est déjà un vrai challenge de ramasser tous les fruits à la même maturité avec le bon taux de sucre, etc. Il y a toujours quelques fruits qui passent au ‘travers’. Si la technique est capable de détecter les fruits à peine normaux, voire insipides, autant le faire ». Comme preuve de son efficacité, le producteur avance son taux de refus : « Il était de 0 cette année, contre 1,5 à 2 % les années passées. » C’est la première fois que le fabricant Aweta installe chez un arboriculteur français un dispositif Inscan en fruits à noyau. On en retrouve par contre en fonction sur kiwi, pomme et avocat. Le producteur a conçu ses chaînes de tri assez longues pour que chaque ligne puisse être équipée des deux technologies : caméra et scanner.

Mieux contenter chaque client

Le nouvel outil dans lequel il vient d’investir ne va pas changer ses méthodes de travail en verger. « Je pense que la calibreuse va plutôt valider notre travail en amont. Nous allons essayer de continuer de produire des fruits de bonne qualité avec des taux de sucre et des maturités tip-top », résume-t-il. Il considère que ces nouveaux équipements informatiques valideront un peu plus le discours tenu vis-à-vis des acheteurs dans le domaine de la qualité. En effet, au lieu d’augmenter les écarts de tri, ils lui permettent « de mieux contenter chaque client. Car certains veulent des fruits très mûrs, d’autres très fermes. » Sur les deux calibreuses, l’investissement qu’il a réalisé se monte à quelque 300 000 euros. Jean-Louis Reverter n’envisage donc pas dans l’immédiat d’investir plus dans les performances de sa station. Mais il n’est pas en reste côté «projets». L’année passée, il a par exemple planté sept hectares de figuiers en bio (voir encadré). Une diversification originale à laquelle il pensait depuis longtemps. Et quand son verger commencera à produire, c’est dans la confiture qu’il souhaite se lancer.

Emmanuel Delarue

"L’année passée, il y a eu du mistral et donc beaucoup d’abricots avec des défauts. Mais avec la caméra, j’ai réussi à sortir une qualité extra ", Jean-Louis Reverter

Parcours

1979 BTA à Nîmes

1980 installation sur l’exploitation familiale. 30 ha en pomme, pêche, cerisier, abricotier

2000 spécialisation sur pêche, nectarine et abricot sur 140 ha

2017 plantation de figuiers en bio

Améliorer la vie de ses sols

Féru d’agroécologie, Jean-Louis Reverter a mis au point l’an dernier avec deux ingénieurs agronomes Eric Navarro et Pierre Guérin, la méthode ABSol©, outil d’évaluation de la vie du sol. « Plus le sol est vivant, plus il est résistant au passage de l’eau, explique Eric Navarro. Champignons et bactéries du sol fabriquent des colles naturelles qui assurent une cohésion des agrégats ». Le dispositif très simple d’utilisation s’accompagne d’une grille de lecture visuelle des résultats et ne s’appuie sur aucune analyse coûteuse. Récompensé par le 2e prix de la fondation Pierre Sarazin l’an passé, le kit ABSol© s’écoule aujourd’hui un peu partout en Europe. « Le kit n’a pas l’ambition de remplacer des analyses en laboratoire mais de redonner du pouvoir aux agriculteurs en leur permettant de voir immédiatement les effets de changement de pratiques sur les microorganismes de leurs sols. » Après avoir fait le constat avec ce kit « qu’on avait plus ou moins détruit la vie dans nos sols », Jean-Louis Reverter a commencé à épandre du broyat tamisé de matière végétale issue de déchetterie. « Après quatre ans, je constate que nous avons recréé une couche importante d’humus, analyse l’arboriculteur. Les radicelles de mes arbres s’installent maintenant même sur le passage de roue. » Une démarche que le producteur et son technicien veulent développer à travers l’association Argena (Association régionale de gestion et d'étude des sols naturels et agricoles).

Se diversifier en figue bio

Parmi ses nouveaux projets, Jean-Louis Reverter a planté 7 ha de figues. « J’avais envie de me diversifier, d’avoir une production en bio et de valoriser des terres qui n’étaient pas propices à la culture des fruits à noyau », se justifie-t-il. Le basculement de ses surfaces de pêches et abricots en bio étant difficilement concevable, il s’est donc tourné vers une espèce locale plus propice à ce mode production. « II y a de la demande sur ce fruit car pour le moment on importe beaucoup de Turquie. Avec ce projet, j’ai trouvé un nouvel élan. Et l’idée d’une figue locale plaît bien à mes clients. » Il a choisi de nombreuses variétés commerciales locales adaptées à la confection de confiture : Solliès, Grosse grise, figue blanche la Marseillaise, la goutte d’or… « Celle-ci, c’est la meilleure ! ». A terme, le producteur espère produire 100 t de figue et pense agrandir la surface. La vente est prévue en frais auprès de ses clients de la grande distribution et des épiceries locales. Mais il souhaite aussi créer une petite structure de transformation. « Nous aimerions, ma femme et moi proposer une gamme de confitures de figues bio. »

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