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Politique
Sept candidats à l’élection présidentielle ont planché devant les congressistes de la FNSEA

François Bayrou, Jacques Cheminade, Nicolas Dupont-Aignan, François Hollande, Marine Le Pen, Nicolas Sarkozy et Eva Joly ont pris la parole jeudi à Montpellier. Les absents ont eu tort.

1 500 personnes pour sept candidats
« C’est vous qui m’avez fait passer mon oral quand j’étais étudiant », a rappelé un directeur de fédération à François Hollande. Le ton était donné. Car c’est bien au grand oral de l’agriculture et des territoires qu’étaient conviés les candidats à l’élection présidentielle à l’invitation de la FNSEA et de vingt et une autres organisations professionnelles. Sept ont répondu à l’appel et se sont rendus jeudi matin au Corum de Montpellier. Ce qui a fait de cette matinée un événement unique dans cette campagne présidentielle. Jamais, à aucun moment, autant de candidats n’auront été réunis au même endroit pour parler au même public. Ce qui constitue déjà un exploit. Exploit renforcé par la sagesse du public : plus de 1 500 personnes enfermées pendant plus de 4 heures qui ont écouté avec attention (et aussi quelques sifflets, mais peu...) et équité l’ensemble des candidats. Chapeau !

A chacun son style
Provoc, confidence, sérieux, pédagogie : chacun des candidats a abordé l’exercice avec un style différent. Le plus sérieux, pour ne pas dire ennuyeux, a été François Hollande qui a commencé son discours par un curieux : « Merci de m’avoir invité, même si j’ai cru comprendre que je n’étais pas le seul » ! Le candidat socialiste a visiblement pris son intervention comme un exercice obligé qu’il a accompli sur le ton monocorde, style encéphalogramme plat. A tel point que le journal Libération lui a accordé un « tracteur en panne ». Marine Le Pen était venue pour provoquer, quitte à dire n’importe quoi, l’essentiel étant de déverser le plus de vinaigre possible. Qu’elle s’en prenne à Xavier Beulin, président de la FNSEA, en le qualifiant de « mauvais lobbyiste », qu’elle dénonce « la bibinne de Listel » devant une salle où il devait y avoir un certain nombre de producteurs, ou qu’elle étrille les industriels ou distributeurs : « Je veux protéger la restauration et notre patrimoine culinaire mis en coupe réglée par les industriels et les distributeurs spécialisés (Metro, Davigel, Pomona). » Que l’on ne s’y trompe pas : il ne s’agit ni de dérapage, ni d’erreur d’appréciation. Il s’agit d’une stratégie délibérée consistant à monter les Français les uns contre les autres. Il suffisait de voir le rictus malin que la candidate ne pouvait retenir à chaque fois qu’elle envoyait un de ses oukases. Plus pédago était Eva Joly essayant avec une indiscutable bonne volonté et une grande sincérité d’expliquer ce qui pouvait rassembler et ce qui pouvait diverger entre les agriculteurs et les écologistes. On peut juste douter que ce qu’elle a affirmé soit partagé par le plus grand nombre des militants et des élus Verts. Quant à François Bayrou, il a tenté de jouer la carte de la proximité, fort de son statut d’exploitant agricole, mais une proximité en décalage de trente ans avec ce qu’est devenue l’agriculture aujourd’hui.

Peu d’idées, mais beaucoup d’engagements
Il fallait s’y attendre, l’exercice n’était pas fait pour permettre aux candidats d’exposer un catalogue d’idées et de mesures à prendre pour l’agriculture. Mais quelques lignes forces sont à retenir :
• François Bayrou : « Je ne céderai pas un millimètre sur le budget agricole ». Le soutien communautaire « n’est pas une démarche de générosité, mais la conséquence directe d’un choix politique : offrir aux consommateurs des produits alimentaires au prix le plus bas possible. Ce sont des compensations dues au monde agricole. »
• Nicolas Dupont-Aignan a exhibé un contrat de l’industriel laitier Lactalis, un « contrat de la honte qui rétablit le servage ». Et d’ajouter : « La contractualisation est un mensonge organisé. » Sur les condamnations prononcées par l’Autorité de la concurrence, notamment dans la filière endive : « Ce serait bien que le ministre de l’Agriculture et celui des Finances se rencontrent. Ce serait utile. »
• François Hollande estime qu’il faut considérer que « les biens agricoles ne sont pas comme les autres. » A l’OMC, « l’agriculture ne doit pas être une variable d’ajustement ». Le candidat socialiste propose la création d’un Groupement d’intérêt économique et environnemental soutenu par une fiscalité incitative. Il veut aussi « faire en sorte que les produits locaux issus de toutes les agricultures puissent atteindre 40 % de la commande publique ». Sur la compétitivité, François Hollande s’est prononcé pour « l’obligation d’une harmonisation sociale européenne » et pour une « réforme du financement de la protection sociale » avec la mobilisation de tous les leviers possibles, en excluant toutefois la TVA sociale.
• Marine Le Pen a indiqué qu’elle abrogerait la LMA. Elle s’est prononcée pour la renationalisation de la Pac et la fin des DPU. Quant à la récente loi sur les COV, elle a indiqué qu’elle s’opposait « formellement au racket des producteurs organisé par les semenciers et récemment imposé à l’Assemblée nationale par un lobbying sournois. »
• Nicolas Sarkozy a rappelé son action en faveur de l’allégement des charges et sur la TVA sociale en évoquant le soutien de la FNSEA alors qu’il a « été combattu par tous les autres ». Sur la profusion des normes il a déclaré que « quand un ministre lui proposera une nouvelle norme, il devra en supprimer deux ». Il s’est prononcé en faveur d’un « Buy European Act » privilégiant les produits européens dans les achats publics en Europe : « Si l’Europe ne le fait pas d’ici un an, nous le ferons nous mêmes. »
« La bataille de la quantité a été gagnée, c’est la bataille de la qualité qu’il faut gagner », a déclaré Eva Joly. Elle s’est employée à dédramatiser l’opposition entre agriculteurs et écolos. « Je ne veux pas d’une écologie punitive. Les écologistes ne sont pas les ennemis des agriculteurs. » Elle a proposé notamment l’organisation d’un Grenelle de la consommation pour faire la transparence sur les prix.
Rendez-vous le 22 avril.

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