Crise
Salade, le Sud en mouvement
Dans la nuit de jeudi à vendredi, des producteurs de salades perpignanais ont déversé leur récolte devant un Casino qui leur proposait 0,20 e du pied, prix départ station. « Pour des prix comme celui-là, explique Gérard Majoral, secrétaire de la FDSEA 66, nous avons préféré aller les livrer la nuit et en vrac. Ce n’est peut-être que le premier magasin d’une longue série. Nous aurons une réunion cette semaine, mais je pense que nous allons droit vers des arrachages. C’était une action pour prévenir les pouvoirs publics que la crise risque de toucher d’autres produits comme le concombre, qui va déjà mal, ou la tomate qui subit des pressions. » Dans les Bouches-du-Rhône, une centaine de producteurs s’est rendue à la sous-préfecture d’Istres pour montrer son mécontentement. Une mini-pyramide a été dressée et de la paille brûlée, pour dénoncer la nouvelle réglementation sur le gasoil agricole. Les producteurs ont obtenu, grâce à l’intervention du député Bernard Reynès, un rendez-vous cette semaine. « C’était un avertissement, a déclaré Claude Rossignol, président de la FRSEA. Si la crise se maintient en salade et s’étend à d’autres produits, nous serons beaucoup plus virulents. » La consigne dans tous les départements est de relever les prix, et les remonter à l’Observatoire des prix et des marges. Les producteurs de ceinture verte craignent le vent du boulet. « Cela fait déjà trois semaines que nous vendons à perte, explique René Hug, producteur dans la banlieue lyonnaise. C’est inquiétant. » Dans la ceinture verte d’Ile-de-France, Jean-Claude Guehenec s’avoue « très inquiet voire pessimiste. Pour nous qui entrerons en production autour du 20-25 avril, il est trop tôt pour faire des prévisions. Ce n’est jamais bon de débuter quand la crise a été aussi longue. Je redoute un effet domino. » La grande crainte est de se retrouver dans les conditions d’une crise généralisée comme en 2009.