Valérie Mérendet, CTIFL : « Revoir le conditionnement des fruits et légumes »
Valérie Mérendet, Responsable de l’antenne CTIFL de Rungis, témoigne sur les alternatives aux emballages plastiques pour les fruits et légumes.
Valérie Mérendet, Responsable de l’antenne CTIFL de Rungis, témoigne sur les alternatives aux emballages plastiques pour les fruits et légumes.
Comment le CTIFL a pris en compte la problématique de l’emballage des fruits et légumes ?
« Le CTIFL a débuté ses travaux sur l’emballage des fruits et légumes dès 2017 en prenant en compte les attentes des consommateurs pour tendre vers des emballages plus vertueux et écologiques notamment dans leur « fin de vie ». Nous avons notamment pris en compte les matériaux biosourcés comme ceux à base d’amidon de maïs et la possibilité du compostage à domicile. Mais la nouvelle loi Agec plus ciblée et plus stricte écarte ces propriétés. Nous avons dû réorienter l’axe de nos travaux sur les matériaux cellulosiques comme le carton plat, le carton ondulé, la cellulose moulée, le bois en alternative des barquettes plastiques, le papier cellulosique plus ou moins transparent, le film de cellulose régénéré pour des films. Il est parfois difficile de trouver et de disposer de nouvelles solutions car certains matériaux ne sont qu’en phase de développement avec des contraintes particulières pour l’emballage des fruits et légumes, comme la maîtrise de l’humidité. »
Existe-t-il des emballages répondant à la nouvelle réglementation et déjà utilisables ?
« Certaines contraintes d’emballage ont des solutions alternatives déjà avancées ou en phase de test mais il existe aussi des situations d’impasses techniques. Pour la tomate, la pomme et d’autres fruits et légumes, les barquettes cartons sont des réponses déjà mises en œuvre avec, dans certains cas, un besoin de plus de solidité que l’on peut constater en rayon. Les filets de fibre de cellulose utilisés notamment pour la gamme ail/oignon/échalote sont aussi utilisés. Ils ont même la capacité de s’adapter aux machines d’ensachage. »
Y a-t-il aussi des impasses techniques ?
« Même s'il semble disposer d’un sursis, l’élastique destiné au bottelage a actuellement peu d’alternatives, car les propriétés élastiques et mécaniques des autres matériaux de substitution au caoutchouc sont faibles. Les cordelettes ou le raphia sont des possibilités. Mais de manière pratique, ils nécessitent l’usage des deux mains pour fermer le lien. L’attache métallique est une solution potentielle, mais pour l’heure, il n’y a pas de lien adapté aux contraintes d’humidité qu’impose une botte de légumes hydrocoolée. D’autres types d’emballage comme les films étirables n’ont pas de solutions de remplacement dans le respect de la loi Agec.
Les films cellulosiques actuellement disponibles sont plus perméables et fragiles, et pour la plupart, moins transparents. Cela engendre une dégradation des produits plus rapide qu’avec le plastique (mais moins évolutive malgré tout que la présentation en vrac), moins de visibilité et un coût plus élevé. Le stickage des fruits et légumes avec la contrainte du « home compost » est également dans une impasse technique pour certains produits comme le kiwi par exemple. Ces nouvelles obligations réglementaires imposent de revoir parfois le type de conditionnement des fruits et légumes. Par exemple, certains emballages unitaires type flowpack plastique pourraient ainsi se faire remplacer par la barquette, carton ou cellulose, permettant de conserver la rigidité et l'opercule avec un film cellulosique pour la visibilité des produits. »