Réparer les dégâts
Une fois cette grave crise passée, il faudra remonter la chaîne des responsabilités qui a conduit les autorités allemandes à affirmer dans un temps record que l’épidémie d’E. Coli était due à du concombre espagnol. Non seulement, cette décision a mis par terre la production espagnole, et aussi celle d’autres pays européens. Mais les Allemands ont perdu un temps précieux, en suivant une mauvaise piste, pour la recherche de la source et donc pour stopper l’épidémie. Les autorités européennes aussi devront faire leur introspection. La Commission est un peu gonflée de dire aujourd’hui qu’elle n’a jamais mis en cause l’Espagne. « Personne n’a incriminé un pays ou une région », a déclaré un porte-parole de la Commission. Pourtant, l’alerte sanitaire du 27 mai, envoyée dans tous les pays de l’UE, mentionnait non seulement l’Espagne, mais également les deux exploitations alors soupçonnées. Aujourd’hui, l’Espagne demande, à juste titre, une révision du mécanisme d’alerte alimentaire de l’UE.
Mais pour l’instant, l’urgence est à la gestion de cette crise probablement sans précédent. Les frontières de nombreux pays sont fermées aux fruits et légumes européens.
Dans tous les pays d’Europe, la méfiance s’est instaurée dans l’esprit du consommateur. Il faudra de longs efforts, pendant de longues semaines, pour surmonter cette suspicion. Il est nécessaire ici de rappeler qu’en France la consommation de viande bovine n’a jamais retrouvé les niveaux d’avant la crise de la vache folle ! L’UE, les pays membres et l’Allemagne doivent donc décider rapidement (dès ce mardi 7 juin ?) d’un plan d’aide à la filière espagnole, aux producteurs de concombres et de tomates des pays concernés. Ils doivent par ailleurs organiser un vaste plan de communication pour rassurer les consommateurs. Ils doivent enfin intervenir auprès des pays tiers qui ont fermé leurs frontières avec une étonnante rapidité. Cette crise n’aurait jamais dû se déclencher. Les responsables doivent donc réparer les dégâts.