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Hémisphère Sud
Les exportateurs de fruits de l'Hémisphère Sud visent plus que jamais la Chine

L’association des exportateurs de fruits de l’Hémisphère Sud a tenu son premier congrès en virtuel le 25 mars, sur le thème “continuer à approvisionner le monde”. Renouvellement variétal, ouverture de marchés et gestion de l’eau et de la main d’œuvre en post-Covid : les challenges des membres de Shaffe sont nombreux.

Charif Christian Carvajal (président de Shaffe et représentant de l’Asoex), Nelli Hajdu, (secrétaire générale de Shaffe) et Marta Betancur (vice-présidente de Shaffe et représentante de Upefruy) en congrès le 25 mars. (c) Capture d'écran - FLD/Shaffe
© Capture d'écran - FLD/Shaffe

Shaffe, l’association des exportateurs de fruits de l’Hémisphère Sud a tenu son premier congrès en virtuel le 25 mars, sur le thème “continuer à approvisionner le monde”. L’occasion de rappeler qu’elle représente 11 Mt pour 14 Md$ exportés et 25 % de l’approvisionnement mondial. Pour la première fois, Shaffe a établi un plan stratégique 2021-2023. « Parmi les axes à développer : renforcer les ressources mises à disposition des membres et moderniser les systèmes d’informations, donner accès aux membres à des programmes de formation notamment en mettant en place le premier master sur l’économie et la communication dans les fruits et légumes, sensibiliser le secteur sur des sujets clés comme les phytos, renforcer la communication commerciale pour compter sur la scène internationale », explique Charif Christian Carvajal, président de Shaffe et représentant de l’Asoex.

La Chine et l’Asie, des marchés clés à développer

En 2020, les membres de Shaffe ont exporté 9,815 Mt (-8% comparé à 2019) pour une valeur de 14,6 Md$ (+5 %).  « Deux tiers des volumes concernent le raisin de table, le kiwi, les blueberries, les pommes et la cerise. Les blueberries ont d’ailleurs progressé de 72 % et la cerise de 110 % depuis 2017 ! », souligne Charif Christian Carvajal. Quant aux marchés, la Chine et les Etats-Unis sont les principaux débouchés, avec respectivement 2,563 Md$ (17 % du total) et 2,393 Md$ (16 %). La Chine a progressé de 90 % depuis 2016 ! C’est un marché export clé pour nous, comme l’Asie de manière générale. » Le congrès a d’ailleurs été l’occasion de la signature d’un protocole d’accord (un  Memorandum of Understanding) avec la Chambre de Commerce chinoise pour l’Alimentation (CCCFNA).

« Inde, Vietnam, Indonésie… Ouvrir de nouveaux marchés est aussi un point clé pour développer la consommation de fruits et légumes, approuve Ignacio Caballero Toretti (directeur Marketing Asoex, Chili). Nous devons développer des stratégies nutritionnelles en plus des stratégies commerciales. »

Le Brésil, qui était encore peu présent sur la scène internationale -ayant des marchés locaux très consommateurs- va accentuer sa présence avec plus de partenariats public-privés notamment pour les accords commerciaux.

Des vergers plus durables et un renouvellement variétal

De nombreux autres enjeux seront prégnants en 2021 : la gestion de la sécheresse et de la main d’œuvre saisonnière en particulier. « Au Pérou, outre la modernisation des infrastructures (autoroutes, ports), l’eau est, comme au Chili, en Australie… un de nos problèmes majeurs, souligne Ricardo Polis (ProCitrus). Nous avons d’ailleurs le projet Andin pour faire venir de l’eau depuis l’autre côté des Andes. »

Chaque pays membre se concentre aussi sur le renouvellement des vergers et dans la recherche et le développement de nouvelles variétés et espèces, en particulier en raisin de table, petits fruits et agrumes. L’Uruguay par exemple a lancé un programme d’amélioration génétique de variétés locales et accentue le plan de contrôle greening pour rester exempt de cette maladie. La rentabilité des variétés est aussi un point clé, surtout que le Covid a accentué certains coûts. La crise a marqué l’ensemble des pays producteurs, de façon plus ou moins importante, et la gestion de la main d’œuvre saisonnière mais aussi dans le transport et aux ports, reste à surveiller pour garantir la sécurité alimentaire.

Des enjeux communs et des défis spécifiques à chaque membre

En résumé, les enjeux clés pour chacun sont : le bio et le B-Corp pour l’Argentine, les fruits tropicaux pour le Brésil, les cerises pour le Chili, l’agrumiculture pour l’Uruguay, le sol, l’eau et les nouveaux cultivars pour le Pérou, la sécurité alimentaire pour la Nouvelle-Zélande, le plan stratégique agroalimentaire en Afrique du Sud, la diversification des plantations et la premieurisation en agrumes pour l’Australie. 

Les représentants des membres de Shaffe ont détaillé les grands enjeux qui attendent leurs filières nationales. Etaient présents pour l’Argentine : Federico Baya (Comité de la myrtille d’Argentine) ; l’Australie : David Daniels / Nathan Hancock (Citrus Australia) ; le Brésil : Luiz Eduardo Raffaelli (Abrafrutas) ; le Chili : Ignacio Caballero Toretti (directeur Marketing Asoex) ; la Nouvelle-Zélande : Alan Pollard (PDG de Pommes et Poires de NZ) ; le Pérou : Ricardo Polis (ProCitrus) ; l’Afrique du Sud : Dr Ferdi Mayer (Bureau de l’Agriculture de l’Afrique du Sud) ; l’Uruguay : Carlos Maria Fraschini (président de l’Upefruy).

Plus de collaboration entre le public et le privé, l’appel de la FAO

Beth Bechdol, directrice générale adjointe de la FAO, a témoigné : « Les fruits et légumes sont un enjeu clé, à la fois pour la santé humaine et pour l’environnement. La crise Covid a eu de multiples impacts, en recentrant la consommation sur le local et le national mais en même temps en ayant des impacts négatifs économiques sur beaucoup de secteurs. A cela s’ajoutent les enjeux croissants du changement climatique. A la FAO, nous avons pris conscience de devoir être plus collaboratifs pour répondre à ces enjeux et nous travaillerons encore plus étroitement avec le secteur privé. D’autant plus que 2021 est l’année internationale des fruits et légumes et nous développerons de nombreux outils promotionnels. »

Nouvelles tendances de consommation : le secteur fruits et légumes doit saisir les opportunités

Les consommateurs sont de plus en plus conscients de l’impact de l’alimentation sur leur santé et l’environnement, et recherchent donc des produits “naturels” -le bio tant le summum du naturel pour eux-, sains, sans viande (produits de substitution) et avec de moins en moins de sucre, rappelle Alice Rui, responsable senior de recherche à Ipsos. En parallèle, la crise de la Covid a accentué l’intérêt pour les repas pris à la maison, la livraison, le e-commerce. Comment le secteur des fruits et légumes peut-il capitaliser sur ces tendances ? « Il faut que le secteur des fruits et légumes insiste sur son côté “healthy” et nature. En Chine par exemple, les trois sujets principaux d’inquiétude santé porte sur le sommeil, l’immunité et l’obésité. Deuxième point : la transparence est un enjeu clé pour les transformateurs, qui doit être vu comme une opportunité : les consommateurs sont prêts à payer pour des produits sûrs. Troisièmement, le digital ne doit pas être seulement un canal de vente mais aussi un canal pour informer et éduquer. »

Et de conclure sur le maintien de la promotion même dans le contexte Covid : « la publicité fonctionne toujours mais doit concerner des produits nouveaux, saisonniers ou des promotions sur du court-terme pour créer un côté “unique” et surtout rester sur un message simple. »

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